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Galapagos

vendredi 21 mai 2004, par Admin

Cette première étape dans le Pacifique nous rappelle que le vent ne souffle pas toujours dans le bon sens, et encore moins dans le sens prévu.

Huit jours de prés serré, la mer est grise, vents modérés, courants contraires, couverture nuageuse omniprésente, on a froid, il fait humide, on change la voilure quinze fois par jour, on dévore cent cinquante litres de gasoil, mais on y arrive.

Accueil chaleureux des otaries, et plutôt cordial des autorités portuaires, village calme et coloré, restaurants très bon marché, fruits et légumes frais variés. On nous avait dressé un tableau presque antipathique des Galapagos, sûrement par des navigateurs qui se sont trompés d’endroit. Bien que la vocation touristique s’affiche impérieusement, on est pas à Deauville ni à Cannes, dans ce petit bout du monde à l’écart des grandes destinations. Ballade en taxi pour aller voir les tortues géantes, on cueille des maracujas et des mandarines au bord des routes.

Petite promenade au cœur du volcan, dans la brume d’altitude, à 900 mètres dans les nuages. l’eau du lac clapote mystérieusement, et les frégates viennent s’y baigner pour dessaler leur plumage. Puis un tour en bord de côte, sautant dans les pierres volcaniques noires d’encre, à la chasse aux iguanes marins, nous passons quelques heures au milieu des otaries, qu’on ne se lasse pas de voire jouer, nager, et se prélasser dans les roches.

On les voit par transparence surfer dans les vagues, c’est magique ! Il y en a partout, sur la place du village, prés de la plage, où elles viennent dormir par dizaines, nous obligeant à les contourner largement par des éructations belliqueuses.

Pas loin du port, un chemin dans un cahot de pierres et d’arbustes maigrichons mène à une crique ou on nage avec elles, sous la surveillance des pélicans et des hérons. Le matin, on en retrouve dans l’annexe ou dans la jupe du bateau, grognant quand on les chasse.

On les appelle " Lobos ", qui signifie " loup ", ça a des dents qui inspirent la méfiance, alors on les chasse gentiment. Les animaux n’ont pas peur des hommes ici, même les oiseaux se laissent approcher de très prés, comme ces fous à pied bleus, de vrais clowns avec leur palmes trop grandes pour eux et leur mimiques de comiques troupiers.

Le port de St Cristobal abrite une grosse vingtaine de voiliers, qui se regroupent par nationalités. Les français sont nombreux, les liens se créent facilement, les enfants trouvent enfin des potes, l’ambiance est belle. C’est la course contre la montre pour boucler les devoirs du Cned, mais ils sont ensemble dés les cahiers fermés, et puis il y a des filles…. Pendant quelques jours, se crée une micro-société idyllique, une communauté fraternelle, unie par nos destins momentanément communs. Puis vient le jour du départ, tout cela s’éparpille pour se reconstituer ailleurs, plus loin, avec d’autres rencontres.

Les autorités locales nous ont accordé vingt jours de présence sur l’archipel, mais le seul autre mouillage qui nous est permis est à Isabella. Il faut payer un prix faramineux pour obtenir l’accès aux quatre autres mouillages autorisés sur d’autres îles, en plus de quoi il faut ajouter cent dollars par jour et par personne pour emprunter les bateaux de charter permettant d’en voir plus. Pas notre programme !

Nous partons pour Isabella à la tombée du jour, comptant la nuit pour parcourir les 80 miles qui nous en séparent. Au début le vent est d’ouest, incompréhensible, puis il tombe et le moteur met tout le monde d’accord. La nuit est magnifique, la voie lactée prend ici des dimensions inconnues sous nos latitudes, une consistance en quelque sorte. Puis quelques nuages viennent la strier, et se dessine dans le noir infini le Grand Thazar Cosmique, qui ondoie dans l’univers en silence, à l’affût de comètes étincelantes et de galaxies à croquer.

(whaou, ça le rend lyrique, le Alex, commentaire de Gaëtane)

Et moi, minuscule spectateur, je mesure ma chance et pense aux premiers hommes qui déjà vainement tentaient de trouver une signification à tout cela, au delà de la beauté massive et implacable que notre esprit peine à embrasser.

Au matin, le ciel s’est couvert, nous passons la calderia effondrée de Tortuga dans une atmosphère de cimetière à l’automne ,silencieux, humide, gris et froid. La mer est un lac, que déforme une houle fatiguée de son long voyage.

Autre ambiance à Isabella, encore plus calme, larges rues de sable, efflorescence de constructions fantaisistes et colorées, achalandage minimaliste, malgré la forte présence de l’aide américaine pour le développement du tourisme.

Beaucoup de structures d’accueil, tout cela rien que pour nous apparemment. Hormis la vingtaine de voiliers en escale, il n’y a guerre de passage. La saison active est déjà terminée, tout s’est endormi, des dizaines d’iguanes marins ont pris possession du quai d’accostage, que la mer entreprend déjà de saper.

Promenade à l’élevage de tortues, il y en a des dizaines à tous les stades de croissance, en attente de leur réintégration dans la nature. Certaines espèces ont été ainsi sauvées in extremis, l’avenir des Galapagos dépend de leur faculté à sauver leur environnement des menaces modernes. Nous cheminons sur une passerelle qui enjambe la lagune, pénétrons dans le taillis local.

Les Flamands roses font tache dans cet univers gris, noir et rabougri. Retour par la plage, trois kilomètres de sable et de déferlantes, respiration puissante et salée de l’océan. Nature exceptionnelle, par sa rareté et son isolement, mais aussi aride et revêche, souvent hostile. Il n’y a pas une source d’eau sur les Galapagos, à l’exception de St Cristobal. Peut être l’homme n’avait t’il rien à faire ici ?

Notre mouillage est superbe, ceinturé de lave noire et de mangrove, l’eau devient turquoise au soleil, les otaries et les pingouins viennent chasser les sardes et harengs, et les fous plongent dans leur jeu par quatre en parfaite synchronisation, à toucher nos bateaux. Hélas, tout cela n’est pas suffisant pour y rester éternellement.

Le jour du départ approche. Nous prévoyons au moins trois semaines de navigation, il faut charger le plus d’eau et de vivres possibles, tout contrôler avant de se lancer. On s’en occupe tranquillement, demain tout sera paré.

Destination les Marquises, autre culture, autres émotions, autre épisode…

Alex

Commentaires

  • Bonjour à tous,

    Un bonjour de la terne mais néanmoins chaude ville de Paris. J’ai aperçu votre site sur votre voyage et je dois dire qu’il est très sympa. Sa fait rêver alors merci de nous en faire profiter.

    J’espère que tout vas bien pour vous alors bonne route et à une prochaine escale...

    BIses à tous

    Isabelle RENAUD de Kermouzouet

    • Alors Isabelle, mal renseignée ou trop pressée ?

      Ce site n’est pas celui des Roquefeuil mais celui des Ménard :)) (Nous leur avons fait une petite place
      à leur demande dans notre rubrique voyage et nous en sommes aussi fiers que contents, les lire est
      un vrai plaisir)

      Tu pourrais dire bonjour quand même. Tu as aussi la bise de la part de Noyale et Brocoli.

      Pour Gaétane et Alex : le cd de Pascal Orvöen passe en boucle chez nous. Na Na Na, vous n’êtes
      pas prêts de l’entendre !!!

      Anita.