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Escale à TENERIFE

jeudi 4 décembre 2003, par Admin

D’après tous les navigateurs, c’est là qu’il faut s’arrêter pour préparer sa traversée. On y trouve tout, comme en Europe, a peu de choses près, et les escales suivantes confirmeront qu’au delà de Tenerife, il faut savoir se contenter de peu.

Dix jours d’escale au coeur de la ville, dont cinq en attente d’une pièce détachée pour l’alternateur d’arbre d’hélice, qui finalement ne viendra pas. Je profite de cet arrêt prolongé pour nous fabriquer un taud de soleil au dessus du cockpit, un autre pour la plage avant, bref de quoi nous protéger du brasero qui nous cuit chaque jour à grand feu.

Tube inox plié sur le genou, couture avec la Singer familiale qu’on a eu la bonne idée d’emporter, voyez la photo, j’en suis très fier ! Ce n’est qu’un des innombrables petits (et moins petits) travaux d’entretien et de préparation à faire avant de partir. Tendre des filets escamotables devant les équipets en prévision d’un gros coup de gite, contrôler le moteur, protéger de l’usure tout ce qui frotte sur quelque chose, etc’ Il faut aussi faire la liste des courses pour un mois, et les charger dans le bateau. A l’arrivée des cartons sur le ponton, on se demande ou on va ranger tout cela, et en une heure, chaque chose trouve sa place.

Heureusement, nous avons pris le temps de louer un voiture une journée. Balade vers le mont Teide, 3700 mètres de volcan ceinturés par une forêt magnifique, des torrents de lave multicolores, des champs de caillasses comme des armées d’aliens pétrifiés dans l’action, débauche géologique, extravagances minérales. C’est sûrement encore un endroit formidable pour la randonnée, mais avec nos tongs et notre manque de courage, nous nous contenterons de ronds autours de notre voiture de location.

Comme je l’ai déjà dit, Tenerife est vivante, chaude et agréable, l’ambiance dans la marina est sympa, mais nous étions vraiment content de pointer notre étrave sur la suite du voyage.

Un petit mouillage au sud de l’île pour admirer le bétonnage côtier local et être à l’heure pour le rendez vous avec les baleines, dont on nous a dit qu’il ne faut pas le manquer.

En fait de Baleines, nous croisons une multitude de bateaux de charter et des globicéphales dédaigneux. On en a déjà vu des tas, le globi est naturellement dédaigneux, et puis on est pas là pour les déranger, donc cap sur la Gomera, dont nous regrettons encore d’y être passé si vite. _ C’est notre escale la plus souriante aux Canaries, vallées vertes, maisons multicolores accrochées aux pentes, absence totale de stress. Hélas, si nous voulons passer Noël aux Antilles et passer au cap vert, il faut partir.

Adieu donc aux Canaries, cap au sud.

SAL,( Cap Vert)

Cinq jours un peu secoués plus tard, nous arrivons, de nuit, à Sal, évitant de justesse un gros chalutier au mouillage tout feux éteints .

Le jour se levant, on découvre l’endroit. Il y a bien un port, avec un petit quai pour petits cargos, un petit terminal pétrolier et des grosses cuves à pétrole sur le rivage, quelques barques de pêche à tous les stades entre « jolies » et « épaves », des maisons et des bistrots. Juste derrière le village, c’est le désert, avec une vague route pour accéder à la capitale, Espargos, et à l’aéroport international, qui sauve son statut « international » grâce à la réalisation d’une « autoroute » fabriquée à la main par quelques gars motivés, et très minces.

En fait nous somme arrivés dans le coin tranquille de Sal, et le seul vrai port en fait.

Le coeur de Sal, c’est le complexe hôtelier au sud de l’île, qui accueille des wagons d’italiens, anglais et allemands, à étaler sur 36 kilomètres de plages. Pour le reste, c’est un désert à peu près plat, dominé par quatre très anciens volcans très usés, autour desquels dansent des tornades de poussière ocre. A l’écart d’Espargos, c’est à dire nulle part, poussent des bidons-ville très discrets, fabriqués dans des vrais bidons déroulés et aplatis, décapés et rouillés par l’air ambiant ; Ils ont une imagination dans ces pays, c’est pas croyable ! On a vraiment quitté l’europe. Ici, pas de mac do, pas de supermarchés, pas d’eau courante, pas de sources. On va chercher l’eau avec des bidons à l’usine de dessalinisation, où il y a toujours la queue.

On aide les femmes à poser sur leur tête des seaux de trente litres, on parle un peu ; Vous êtes en vacances ?, c’est bom, le capvert ? Oui , c’est bom, on adore l’endroit, surtout parce que les gens sont systématiquement souriants. On engage le dialogue à tout moment et tout propos, en trois ou quatre langues, les mômes se sont fait des potes dés le premier soir, échanges de gris-gris et parties de foot, on se revoit demain, etc...

Pour se déplacer un peu loin, il y a les « aluguer », des 4X4 pick-up ou on s’entasse a plus de dix. Cent à l’heure sur une piste, ça vaut le grand huit. On s’est quand même demandé, lorsque les deux « taxis » on fait la course, s’ils n’avaient pas oubliés leurs passagers. La piste est tellement balisée qu’on s’est perdu le long d’une rivière asséchée, genre ok corral avec la vache morte sur le coté. Des sortes de melons immangeables poussent çà et là, au milieu des herbes mortes.

Au pied d’un volcan, une grande cuvette naturelle est aménagée en saline. L’eau salée sort de terre, à quelques kilomètres de la côte, et on en tire du sel, à la main bien sur. Un génial téléférique en bois transportant les sacs jusqu’à la cote tombe hélas en ruine. Le chauffeur de « taxi » m’explique que les péniches en fer qui se désagrègent sur le quai sont les bateaux de débarquement de Christophe Colomb. Pourquoi pas, on à bien essayé de le faire croire pendant des générations que leurs ancêtres étaient gaulois...

Allez, un peu de repos avec la ballade à la piscine naturelle, après midi pique-nique avec les équipages des trois autres bateaux de « l’ escadron ». L’eau de la piscine est régulièrement renouvelée par des vagues énormes qui viennent s’engouffrer dans une faille de la falaise. Impressionnant ! Si j’ose dire, nous y sommes seuls (une petite vingtaine), sensation de privilège, tout cela rien que pour nous, merci, merci .

Malgré le dénuement et l’aridité, on est bien à Sal, tout paraît simple. Il y a une usine de conditionnement de poisson et langouste sur le quai. Et Hop, barbecue langouste en bord de plage, on y va à la nage avec une tortue marine qui nous montre le chemin.

Un voisin vient voir s’il ne nous manque rien, nous emmène visiter « son » potager, verger clos de béton pour le protéger du vent, ou il mélange le sable volcanique et la crotte de chèvre pour faire pousser des ananas, des patates, des bananiers, pas grand chose en fait, mais avec une sacrée passion. C’est le jardin de la future maison de son patron, ou il y aura même une piscine. _ Pour une île ou l’eau n’existe pas, ça doit être un gros patron. Son jardinier vit avec sa femme et un gamin dans une sorte de cellule de douze m², coin cuisine, chambre à coucher derrière un rideau, ils sont contents.

Un saut de puce vers Sao Nicolau, port de Tarafal, bien nommé puisque nous y arrivons avec plus de trente cinq noeuds de vent. On remonte un Wahoo (Thazar) dans les bourrasques, mais perdons les leurres des deux autres lignes de traîne. Leurs dents coupent comme des rasoirs, J’ai refait tous les montages avec bas de ligne en kevlar. C’est très bon le wahoo.

Changement de décor, les falaises sont monumentales, creusées par des canyons coloradesques. Accueil moins chaleureux, sensation d’être surveillés dans l’attente d’une opportunité de cambriolage. Des gars viennent à la nage, se hissent dans la jupe ou s’accrochent à l’amarre de l’annexe. Ils n’ont besoin de rien, ne cherchent pas à parler, ils restent là, à nous observer, tentant un coup d’’il vers l’intérieur du bateau de temps à autre.

Nous ne sommes pas habitués à ce genre d’attitude, ne savons pas comment y réagir. Du coup je reste à bord pendant que les autres vont louer un « aluguer » et découvrir le grenier du Cap Vert. La cote est aride, mais les plateaux en altitude sont plus tempérés et permettent à l’agriculture de se développer.

Dernière escale Cap-Verdienne, Mindelo sur Sao Vincente.

Cachée au milieu d’un nid de volcans, balayée par le vent, c’est l’escale de tous les bateaux qui vont traverser, parce qu’on peut y faire des vivres, de l’eau (difficilement) et du gasoil un peu plus facilement qu’ailleurs. Ca fourmille dans tous les sens, marchands ambulants à tous les coins de rue, aisance et misère se côtoient sans aigreur.

Nous quittons le Cap vert pour les Antilles. Encore quelques préparatifs avant une quinzaine de jours sur l’eau. Si vous allez au cap vert, emportez des chaussures de marche, et prévoyez deux balades ; une le long des pistes et des ravines, l’autre au fond de vous même.

Voilà, c’est un peu long, mais on vous laisse tranquille quinze jours au moins. Prochaine escale, la Barbade, la fiancée du pirate, l’or des caraïbes, cocotiers et sables blancs.

Alex, Gaétane, Quentin et Berenger.

Commentaires

  • Vous suivre dans votre periple est un vrai plaisir !
    ...et puis savoir que le PARDAILLAN est avec vous , alors !...
    comme nous ne risquons pas de bouger de notre campagne , c’est une partie de
    nous meme qui est avec vous .
    j’espere au moins que vous n’aurez pas soif !
    en vous lisant , je m’apercois que le cycle des saisons continu pour nous ,
    et notre train train n’a rien d’original . mais tout ca , c’est du solide !
    les enfants grandissent , le vin est toujours bon , et delphine toujours aussi belle !
    sous la grisaille et en attendant la neige , recevez tous nos voeux de bonheur et de reussite
    dans votre reve bien réel
    nous pensons bien à vous !
    affectueusement , Thierry et Delphine
    p.s. ET VIVE LA MARINE !