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LETTRE MUNICIPALE N°16 - Janvier - Février 2005

mardi 22 février 2005, par Admin

EDITO

L’année 2004 est derrière nous. Une année particulière qui nous a fait prendre une conscience aiguë du fait que nous vivons désormais dans un village planétaire : nous avons senti que les crises africaines, l’élection
du président des États Unis ou la guerre en Irak sont des événements qui ont des conséquences directes sur notre pays ou notre région. Et quand la terre
vacille sur son axe lors de l’immense catastrophe d’Asie du Sud Est, chacun de nous vacille avec elle. Quel que soit le pays, la couleur de peau, les croyances ou les coutumes, ce sont les mêmes larmes qui coulent sur les
joues des femmes et des hommes, et les mêmes sentiments qui les unissent dans la joie, l’inquiétude ou le désastre. L’humanité est une. Les formidables moyens de communication nous le montrent chaque jour. Souhaitons
que 2005 fasse progresser cette certitude, sans que la souffrance n’en soit le vecteur.

Des voix pertinentes s’élèvent aussi contre la "marchandisation" du monde qui est la face inquiétante de cette globalisation. Nos valeurs de simple survie passeront de plus en plus par l’attention que nous porterons aux conséquences de nos actes :
- Le choix de ne pas polluer un environnement qui, par définition, n’a aucune frontière et dont la totalité planétaire est désormais notre étroite maison surpeuplée, surchauffée, souillée.
- Le choix de ne pas exploiter de lointains artisans, souvent des enfants pour le plaisir de payer moins cher un bien de consommation : c’est le principe du commerce équitable.
Si G.W. Bush site 18 fois dans son discours d’investiture le mot liberté, souhaitons qu’il ne s’agisse pas de la liberté d’exploiter, de polluer,
d’écraser les économies fragiles. Souhaitons que notre liberté s’arrête tout simplement là où elle entame celle de notre voisin, qu’il habite la porte à côté ou de l’autre côté du globe.

Ces espoirs peuvent se résumer dans le concept de développement durable. Quand une expression est reprise à toutes les sauces, c’est souvent qu’elle cache un sens profond dont on se sert parfois pour dissimuler des intentions moins pures. Sachons donc garder l’essentiel du message. Tout acte public ou privé peut être cerné par ses conséquences dans trois grands domaines :
Celui du social, le retentissement sur la vie des femmes et des hommes, la société, la solidarité, le progrès social, les services publics.
Celui de l’économie, l’action sur les transactions, l’enrichissement global, le progrès technique.
Celui de l’environnement, avec toutes les conséquences écologiques locales ou globales pour notre génération et aussi les générations qui nous suivront.
L’ambition du développement durable est de décider de nos actions après en avoir pesé les conséquences dans les trois domaines. Le moteur de cette ambition, qui est aussi le seul moyen de parvenir à des résultats, est
d’associer le plus d’individus, de groupes et d’institutions possibles à la réflexion, à la décision, puis à l’action.

A Groix faisons-nous du développement durable ?
Une économie basée uniquement sur le tourisme est-elle durable ?
Un urbanisme dévoreur d’espace est-il durable ? L’entassement des déchets de toutes sortes est-il durable ? Une île sans agriculture est-elle durable ?
Le déversement de boues toxiques dans l’océan est-il durable ?
Ces questions nous les avons posées dans le vaste cadre d’un projet pour Groix.
Nous ne sommes plus au temps ou un programme politique était une simple énumération des équipements à fournir à la population, sans pousser plus loin la réflexion et se demander s’il y aura encore demain une population ilienne pour les utiliser.

Nous avons l’ambition de mener un projet de territoire. Tout doit s’y intégrer : le logement abordable pour les actifs, une diversification des ressources économiques, l’entretien et la mise en valeur de notre seul
capital, enviable, celui qui ne nous sera jamais dérobé : notre insularité.
Dans un monde instable, l’image des îles rassure et attire. Gardiens de valeurs solidaires, les îliens ont encore une authenticité dans les rapports humains, une dureté mais aussi Une pureté des sentiments qui fascine les continentaux. Gardons cela. Gardons aussi la pureté de nos sols et des eaux qui les entourent, gardons la beauté de nos paysages, soyons exigeants, transparents et parfois coupants comme les schistes de nos rochers.

Soyons exigeants dans nos comportements citoyens. Ne circulons et ne stationnons pas n’importe comment. Ne déposons pas nos ordures n’importe où, ne construisons pas n’importe quoi n’importe où. Et surtout soyons
solidaires. Un légume, un fromage ou un poisson acheté sous les halles de Groix non seulement permet d’entretenir une économie locale, mais aussi n’a
pas généré de coût écologique dans le transport. De plus la garantie de fraîcheur et de qualité donc de santé pour le consommateur est inégalable.
C’est aussi une forme de commerce équitable.

A ce projet de territoire nous donnerons à toutes et à tous l’occasion de participer activement. Nos réunions de village vont se continuer, les débats d’après conseil municipal sont toujours aussi riches, nous créons
régulièrement des instances extra-municipales qui participent directement à l’élaboration des politiques culturelle, touristique, économique et environnementale. Les groupes Natura 2000 vont être remplacés par une
commission espaces naturels. L’écomusée s’enrichit d’un comité d’usagers. Le comité de pilotage de l’étude agricole perdurera sous la forme d’un comité permanent de gestion des questions agricoles. Les artisans de Groix s’impliquent dans une réflexion commune sur leurs besoins et le projet d’un groupement d’employeurs sous l’égide de l’EREF.
Il est vital pour l’île que les producteurs de Groix travaillent ensemble, ainsi que les pêcheurs pour la maîtrise de leurs circuits de distribution,
la mutualisation de leurs moyens, et l’élaboration d’un label. Il faut aussi que les acteurs du tourisme de Groix pèsent de tout leur poids sur les choix
touristiques élaborés sur Groix et pour Groix, et que le formidable appui logistique de Cap l’Orient ne fasse pas croire à certains qu’elle s’élaborerait ailleurs. Les commerçants doivent construire ensemble des
projets et des propositions qui sont de leur compétence et prennent, avec leurs élus, le parti de chercher et d’innover à une époque où ceux qui n’avancent pas reculent.
Toutes ces structures associatives para-municipales ou non existent, elles vivent, elles pourraient être encore plus vivantes et dynamiques, elles ne
font pas de politique (au mauvais sens du terme) et leurs portes sont ouvertes. Les élus s’y impliquent donnant à la mairie un rôle déterminant
sur le développement économique.
C’est encore la démarche du développement durable chacun n’adhère véritablement qu’à ce qu’il participe à faire.

Nous finissons notre quatrième année de mandat. Nous avons hérité d’une île sans projet, aux équipements vieillissants, dont les paysages commençaient à
se dégrader par le mitage urbanistique, des espaces naturels à l’abandon, une vie économique laissée à son sort, c’est-à-dire à la seule attente angoissée de l’estivant porté par une météo favorable. Depuis nous n’avons pas cessé-d’investir et d’entretenir :
- les halles de Groix l’année dernière
- le centre de secours qui sera inauguré en mai
- les logements sociaux, Mez er Groez et Kerlo, avec Bretagne Sud Habitat, Saint Sauveur et Mez Linguenant, lancés dans le cadre du PLH
- le camping municipal dont les locaux et les équipements vont être complètement rénovés et agrandis
- l’enfouissement des réseaux électriques et télécoms sur une grande partie de l’île
- le renouvellement des conduites de tout à l’égout, chantier que personne n’a pu ignorer cet hiver, mais cela ne peut se faire sans casser les routes
- l’agrandissement de la station d’épuration du Gripp, et la recherche active de solutions alternatives, l’épandage des boues
- les travaux portuaires essentiels : la porte du bassin à flot, la plate-forme et bientôt les cales. Ces structures essentielles étaient prêtes à s’écrouler
- le projet de réaménagement de la base de Port Lay progresse doucement, le financement des études actuelles est prévu, et celui de la réalisation future en bonne voie
- des dizaines de kilomètres de chemins ont été ré-ouverts et entretenus, des vallons nettoyés, le fort du Grognon enfin révélé à nos regards émerveillés. un programme de protection du littoral est lancé
- le Document d’objectifs Natura 2000, un des premiers du Morbihan est achevé. Les premiers contrats signés
- la ZPPAUP et le PLU seront bouclés cette année. La Préfecture et la Commission des sites ont avalisé 90 % de notre travail
- le travail sur l’agriculture a permis l’arrivée d’une relève agricole respectueuse de l’environnement
 la zone artisanale du Gripp d’intérêt communautaire a franchi le stade des études, son dossier de financement démarre avec le projet d’une labellisation "Bretagne Qualiparc" qui en fera un exemple d’intégration
paysagère et de qualité d’aménagements
- le chantier d’insertion a permis à des jeunes et moins jeunes de repartir dans la vie active, je regrette que le plan Borloo revoit les subventions à la baisse dans ce domaine essentiel
- la plate-forme médico-psychologique continue son travail de fond, et assure l’intégration scolaire et donc l’avenir de dizaines de petits Groisillons. Là encore, comme pour l’EREF, les fonds d’Etat se tarissent, et nous savons qu’il faudra essayer de faire aussi bien, avec moins d’argent
- le foyer logement dont le tout nouveau Directeur, Monsieur Pascal David,
est investi de la mission complexe du passage à l’EHPAD.
- l’ADSL est à Groix depuis l’an passé et très bientôt le très haut débit sera disponible sur une large zone autour du bourg, facilitant la vie des entreprises et des particuliers.

Notre politique jeunesse doit absolument être développée. Nous avons chargé l’UFCV, organisme national, d’un diagnostic qui vient de nous être rendu.
Ce rapport nous permet d’envisager l’action concrète : embauche d’un animateur, coordination des structures existantes, permanence de l’action, le tout pour
un coût gérable pour la commune. C’est maintenant, alors que les naissances n’ont jamais été aussi nombreuses, les classes si remplies, que nous devons appliquer cette politique. Dans le domaine sportif, 2004 a été marquée par le football, aussi bien par les bons résultats en championnat que par un terrain complètement refait, avec la tondeuse qui va avec.

L’image de dynamisme de l’île perçue à extérieur doit beaucoup à tous ces bénévoles qui, à travers de nombreux événements autour du cinéma, de la littérature, et de la musique enrichissent notre quotidien. La commune de
Groix consacre près de 20 % de son budget de fonctionnement au domaine de l’action culturelle. Je tiens à remercier au nom de tous les Groisillons
l’équipe du festival du film insulaire. Nous avons encore dans les yeux ce film sur Molène qui a su toucher ici un public complice et plein d’humour.

Comment faisons-nous pour financer tout cela, surtout dans un contexte de réduction des subventions publiques ? C’est sans doute parce que nous ne sommes peut-être pas d’aussi mauvais gestionnaires que certains ont voulu le faire croire.

Groix vient de connaître sa première année de tri sélectif. Je ne connais aucune commune où ce virage se soit parfaitement passé. Nouvelles habitudes,
nouveaux moyens... l’épreuve de la réalité dépasse toujours les prévisions théoriques. Mais le choix du tri est une décision courageuse et responsable vis-à-vis des générations futures. Nous avons été réactifs, parfois pas assez. Nous avons su prendre des mesures et diminuer l’impact de ces tonnes de déchets générées en pleine saison.
Nous avons eu dès octobre un "débriefing" avec les services de Cap l’Orient et l’élu référent, Jean Yves Laurent. Nous aurons l’année prochaine un passage quotidien sur le port et dans les endroits stratégiques. La compétence déchets revient à Cap l’Orient, mais je m’engage à dépasser mon rôle s’il le faut, c’est-à-dire à demander aux services municipaux de pratiquer les opérations de nettoyage ponctuelles en cas d’urgence.
L’image de Groix ne doit plus souffrir de l’accumulation des déchets qui, je le rappelle, sont la conséquence de comportements inciviques !

Et les infrastructures routières se dégradent rapidement. Les routes sont chères à rénover, surtout quand les poids lourds y circulent, et sont régulièrement l’objet de travaux d’enfouissement de réseaux ou de tout à l’égout. Le dynamisme des entreprises locales, gourmandes en matériaux lourds, et aussi les grands travaux communaux, sollicitant tout autant les camions, portent des atteintes sévères à leurs revêtements ! Dès cette année nous avons budgété un programme de point-a-temps, mais l’enfouissement des
réseaux va encore abîmer quelques kilomètres d’asphalte.
Il nous faut être patients. Nous avons une île à faire vivre, et je compte bien que d’ici la fin du mandat nos routes deviennent enfin confortables.

Je voudrais rendre hommage aux services municipaux, techniques et administratifs, à leurs efforts pour satisfaire une population qui est multipliée par cinq l’été. Chacun sait à Groix qu’il peut compter sur eux,
nous connaissons leur sens du service public.

Il y a encore ce combat des boues du port militaire de Lorient qui mobilise à Groix et bien au-delà l’ensemble des défenseurs des océans.
En avril 2004, des carottages et des analyses sont pratiqués dans les vases devant la DCN dans la perspective de leur immersion au large de Pen Men.
Les résultats sont publiés lors de l’enquête publique.
Ils sont pondérés par des moyennes et sont loin de couvrir l’ensemble du site. Mais ils sont déjà
alarmants. Dès la clôture de l’enquête publique, la municipalité de Groix attaque par tous les moyens possibles ce qui apparaissait comme une décision
déjà prise : le déversement en mer de boues contaminées par des métaux lourds et des résidus toxiques d’antifouling. La DCN a des impératifs de calendrier et des impératifs économiques. La DCN ne pouvait ignorer que le dragage du Scorff allait s’avérer problématique. Les premières analyses ont été présentées comme "acceptables". Le dossier paraissait déjà ficelé pour
une autorisation d’immersion de toutes les boues du port militaire.
Un grain de sable est venu gripper cet engrenage : ce grain de sable s’appelle Groix. J’ai saisi les services de l’État et de Cap l’Orient, j’ai aussi sollicité les médias qui ont fait leur travail d’information auprès du
public, et Groix a pris la tête d’un mouvement largement accompagné par les associations mais aussi des élus de toutes les communes. La Préfecture décide alors de prendre l’avis de la commission départementale d’hygiène, qui s’est tenue mardi 8 janvier. Je m’y suis invité, DCN aussi. J’ai demandé qu’aucune décision d’immersion ne soit prise à cette commission, ce qui a
été voté à l’unanimité.
Les boues toxiques seront donc bel et bien mise à terre : tournant historique puisque c’est la première fois à Lorient. Reste que le clapage de vases, même non toxiques, sur le fameux site d’immersion décidé en 97, et montré à l’époque comme une grande victoire, pose encore problème : l’impact sur la pêche et les activités d’aquaculture demeure important. Sans compter que la soi-disant non-toxicité de ces vases n’est pas garantie.
Il importe donc d’appliquer, comme pour les farines animales, le principe de précaution. J’ai saisi la commission environnement de Cap l’Orient afin de
trouver rapidement des solutions de stockage à terre de l’ensemble des boues du port de Lorient. Car après le Scorff, il y aura Keroman et le port de
plaisance dont le dragage nous posera les mêmes problèmes de toxicité pour l’environnement.
Le dossier progresse sérieusement, et si la DCN veut se racheter une image, il faudra bien qu’elle en passe par des mesures concrètes, et assume le lourd héritage d’une ère industrielle où la notion de développement durable n’était pas encore née.

Pour terminer sur le développement durable, on voit bien que l’adhésion de chacun à ce projet est indispensable à sa réalisation. J’appelle donc les Groisillons à dépasser leurs querelles et leurs divisions et à regarder un peu moins vers le passé, source de rancoeurs et de conflits, et un peu plus vers leur avenir et celui de leurs enfants sur l’île. Je suis certain que
cette préoccupation du futur de l’île est commune à chacun et que nous sommes capables d’en parler de façon constructive.
Je vois depuis les dernières élections des souffrances aussi fortes qu’inutiles et même ridicules, des frères qui ne parlent plus à leurs soeurs, tout simplement parce qu’ils ne seraient pas du "même bord".
A Groix je ne vois qu’un bord : celui de l’île. Ignorons ceux qui font le choix facile de diviser plutôt que le chemin plus périlleux mais tellement plus riche de chercher à convaincre. Un proverbe demeure dans le souvenir des anciens de Groix "bien faire et laisser dire".
Laissez-nous cette devise pour quelque temps encore, et que la nouvelle année soit celle de l’harmonie et de la paix dans vos familles, et dans vos coeurs.

Eric Régénermel

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