Accueil > Politique > Vie municipale > LETTRE MUNICIPALE N° 24

LETTRE MUNICIPALE N° 24

mardi 5 décembre 2006, par Admin

Novembre, décembre 2006

EDITO

Depuis le début du mandat, nous travaillons avec un objectif clair : maintenir une population active à Groix.
Selon les indicateurs démographiques et économiques, ce travail porte déjà ses fruits. Beaucoup reste à faire, mais ce redressement atteste de l’efficacité du travail en cours, et prouve tout simplement que ce programme n’est pas utopique. Cette ambition pour notre île ne va pas sans risque : les emplois sont souvent fragiles, les revenus peu élevés, la dépendance au tourisme crée de l’incertitude et même de la précarité.
Le résultat global est cependant positif ce qui veut dire que les îliens, élus, citoyens, entreprises tirent globalement dans le même sens. C’est la conclusion de l’assemblée organisée à Groix en septembre par la Chambre de commerce, qui regrettait seulement l’absence d’une union de commerçants sur l’île.

Le nombre de nouveaux actifs (et de nouveaux retraités) dépasse nos espérances et ce n’est pas sans conséquences : les besoins des jeunes et des associations ont augmenté proportionnellement, et l’action publique doit continuer ce qu’elle a initié :
- La nécessité de locaux communaux pour les diverses activités culturelles et même sportives dépasse désormais les structures existantes. L’acquisition du Fort du Gripp était indispensable, mais on ne fera pas l’économie de l’acquisition ou de la construction de locaux supplémentaires.
- La politique jeunesse vient à point pour épauler les projets et le dynamisme des jeunes Groisillons. Plus qu’une offre de loisir, elle s’efforce d’amener chaque adolescent vers la découverte de ses goûts et de ses talents.
- Satisfaire les besoins des actifs dans le domaine de la formation est à la fois une nécessité pour les individus et un enjeu pour l’île. Les femmes sont les plus en demande. Une action est actuellement menée par l’EREF de Groix pour les accompagner dans leur parcours professionnel.

Nous voyons tous que l’île change. Certains s’en alarment et ont peur d’un avenir qu’ils discernent mal. Or l’avenir ne se prévoit pas, il se construit. L’île change en effet : on peut y trouver de plus en plus de services et de commerces, les paysages sont entretenus, des maisons sont construites et restaurées, et pas seulement pour y passer des vacances, et la morte saison porte moins bien son nom même si l’hiver reste un Cap Horn pour les comptes bancaires des entreprises.
L’endormissement tranquille des dernières décennies avait peut-être son charme et sa nostalgie. Dans ce monde bouleversé, en quête de valeurs, le passé peut apparaître comme un refuge. Mais une île musée, uniquement recroquevillée sur ses souvenirs conforte surtout sa vocation touristique. Les îles sont trop exposées pour se permettre de dormir : la pression foncière et le laminage généralisé des économies de proximité les ont cantonnées dans un rôle de villégiature. Ainsi l’image des îles auprès des continentaux reste encore essentiellement liée aux vacances et aux loisirs.
L’âme des îles et leur identité ne réside pas seulement dans leur qualité paysagère, leur charme suranné ou même leur valeur patrimoniale. L’âme des îles repose aussi sur leurs populations permanentes armées d’un caractère suffisant pour s’accrocher à leur caillou par tous les temps.

La confiance en l’avenir, tout comme sa crainte, s’ancrent dans les mêmes valeurs et les mêmes constats, que l’on soit Groisillon ou Malgache, Parisien ou Australien les modèles économiques du 20ème siècle nous ont fait vivre à crédit, laissant d’énormes dettes à nos enfants : dettes environnementales, économiques, et sociales dont les conséquences catastrophiques s’affichent chaque jour dans les médias. D’autres modèles sont à réinventer. Qu’on s’en inquiète ou qu’on s’en passionne les îles n’ont rien à perdre... et peut-être tout à gagner dans ces révolutions à venir. Dans l’économie de pure consommation les insulaires n’avaient leur place que pour l’agrément des plus fortunés.
Les îles sont parmi les quelques endroits où persistent des valeurs qui nous permettront d’affronter mieux qu’ailleurs ces inévitables bouleversements : elles ont su préserver ce lien social, cet esprit économe qui dérivent naturellement des limites géographiques imposées par la mer.

Le lien social y est fort car on s’y croise à chaque pas, il faut y entretenir les codes sociaux qui permettent de vivre en bonne intelligence avec ses voisins et surtout livrer sa vérité sans chercher à la déguiser, car, dans les îles si vous choisissez de vous déguiser, ce sont les autres qui se chargent de vous tailler votre costume !

Les îliens sont aussi porteurs des valeurs de solidarité, sans lesquelles nous courrons aussi à la catastrophe. Car dans ce monde ouvert où l’information est instantanée, la frustration générée par les inégalités devient source de conflits. Au-delà de la solidarité des gens de mer, chacun se sent un peu responsable de son voisin, et l’indifférence anonyme des villes n’existe pas ici.

Les préoccupations d’environnement y sont aiguës car on y vit proche de la nature, quotidiennement, et les conséquences d’une mauvaise gestion des espaces naturels ou l’abondance estivale de déchets deviennent vite aveuglantes. Le lien entre l’homme et la nature y est aussi d’une toute autre qualité, plus intense et plus vraie.

Quant aux préoccupations économiques elles sont aussi plus aiguës qu’ailleurs : tout vient par le bateau et repart par le bateau, et la saisonnalité touristique trop courte et trop dense finirait par détruire les identités insulaires, si l’on n’y prenait pas garde. L’économie se doit d’y rester pérenne ;d’y garder son agriculture et sa pêche sans épuiser les sols ni la mer, d’y développer des circuits commerciaux "courts" et des exigences de qualité.

Ces valeurs, partagées par les insulaires, sont la base d’une identité forte
qui naît dans le rapport à l’autre. L’autre sur l’île, mais aussi l’autre sur le reste de la planète. Développer notre connaissance du monde et nos liens avec nos amis proches ou lointains sont des valeurs positives, constructives et qui nous permettrons d’évoluer et de nous adapter sans être pris de vitesse par les changements globaux.
On peut changer sa vision des choses tout en restant soi-même, et très bien savoir qui on est, sans avoir besoin de l’opinion de Thalassa ni de celle des plus sélects arrondissements parisiens, et pas davantage de celle des analystes passionnés qui se défoulent sur les forums Internet.
Depuis le début du mandat les îles du monde se retrouvent à Groix : Polynésie, Antilles, Cap Vert, Madagascar, mais aussi nos voisins des îles bretonnes. Des liens étroits sont forgés avec nos amis de la communauté de Cap l’Orient. Les nombreux contacts et échanges autant que les événements culturels témoignent largement de cette ouverture. Il y a d’abord l’envie, la curiosité, la convivialité puis l’échange d’idées et enfin l’innovation. Le futur se construit de cette façon.

Et le futur est déjà là : Les technologies de l’information et de la communication (TIC) - qui n’ont plus lieu d’être appelées « nouvelles » puisqu’elles changent le monde depuis déjà 20 ans - sont un des trains que les îles ne doivent pas rater.
L’univers industriel et productiviste de la fin du vingtième siècle ne donnait aucune chance aux îles en dehors du tourisme. Trop loin, trop isolé, trop petit, le territoire insulaire était disqualifié face à des logiques économiques de concentration planifiée et de production intensive.
Le monde post industriel de la connaissance et des services offre de nouvelles perspectives aux îliens. Un récent congrès des petites îles européennes, qui s’est tenu à Ouessant et Molène, a permis de partager les expériences de chacun dans les domaines de la formation et des TIC.

Quelques exemples :
L’Ecosse propose à ses étudiants, jeunes ou moins jeunes, des cursus scolaires et universitaires par Internet, offrant aux plus isolés les mêmes chances de formation qu’aux citadins.
La Finlande et le Danemark ont créé des réseaux « Internet haut débit » pour leurs archipels d’îles, dont la plupart conservent leurs habitants grâce au commerce par Internet, l’enseignement à distance et un transport maritime particulièrement performant et ... bon marché. Ces technologies fonctionnent, la Région Bretagne projette de les mettre en oeuvre dans les mois qui viennent. J’ai demandé que Groix soit une des premières zones de déploiement de ces nouveaux outils. Les Groisillons s’avèrent particulièrement dynamiques et intéressés par l’informatique. Ainsi la municipalité vient de mettre en place des modules de formation "tout public" qui ont tout de suite connu un énorme succès.
Forts de ces connaissances et de la présence du "haut débit" sur l’île, rien ne nous empêchera de suivre l’exemple de ces Européens du Nord, dont les conditions géographiques et climatiques sont particulièrement rudes : certains travaillent à distance pour des entreprises, d’autres ont su développer des productions de qualité et les exporter partout grâce au commerce par Internet, chacun se forme tout au long de sa vie grâce aux universités virtuelles. Ayant retrouvé leur place au sein de la nouvelle économie, ils apprennent à exploiter la bonne dose de tourisme sans y perdre leur

En conclusion :
Dans un monde où global et local sont intimement liés, le local prend donc sa revanche sur le global. Bien d’autres aspects de la vie des îles devront s’adapter durablement aux profondes mutations à venir : la crise des énergies fossiles, les énergies renouvelables, la mutation agricole, la raréfaction des ressources halieutiques sont autant de défis à relever. De petites unités de transformation des produits de la terre comme de la mer pourraient désormais s’insérer dans les nouveaux circuits économiques. Ces thèmes ne constituent pas en eux-mêmes un programme, mais aucun programme ne peut les ignorer aujourd’hui, ils sont le fil directeur de nos décisions, de nos actions, et le socle sur lequel nous bâtirons, avec les Groisillons, un projet commun pour les années à venir.

Eric Régénermel


 LETTRE MUNICIPALE N° 24 - suite
 LETTRE MUNICIPALE N° 24 - suite et fin

Commentaires

  • UNE QUESTION SIMPLE :
    Suite au recensement de ce début d’année,combien d’habitants y a t il exactement ?on n’a toujours pas de réponse

    • Ne nous prendriez-vous pas par hasard pour le site de l’INSEE ?
      Ne savez-vous pas quels sont les délais de parution entre le recensement et la parution des résultats ?
      _Ne savez-vous pas non plus que les résultats groisillons sont faussés par des résidents secondaires se déclarant résidant à Groix (croyant, par exemple que cela favoriserait l’obtention d’un Pass Ilien ou ferait passer le chiffre au-dessus de 3000 pour faire plaisir à l’élu qui le leur a demandé à une certaine époque...)
      Cela ne m’étonnerait pas que vous ne sachiez pas cela puisque vous semblez avoir oublié jusqu’à votre nom....
      AM

  • "On peut changer sa vision des choses tout en restant soi-même, et très bien savoir qui on est, sans avoir besoin de l’opinion de Thalassa ni de celle des plus sélects arrondissements parisiens, et pas davantage de celle des analystes passionnés qui se défoulent sur les forums Internet."

    Tsstss... Péché d’orgueil ? Mauvais, ça !

    Henri Ménard - Groix

    • "On peut changer sa vision des choses tout en restant soi-même, et très bien savoir qui on est, sans avoir besoin de l’opinion de Thalassa ni de celle des plus sélects arrondissements parisiens, et pas davantage de celle des analystes passionnés qui se défoulent sur les forums Internet. "

      Depuis quand l’émisson Thalassa est elle vectrice d’opinions politiques ou économiques ?J’ai zappé quelque chose,y avait il un message codé dans les dernières monosylabes du pêcheur de langouste ?
      ..Crypté peut être ?...Va falloir que je me procure le code..

      Quand aux sélects arrondissements parisiens....On n’y parlerait plus tôt de st Barth,des Seychelles,voir de Ré pour les plus aventureux..Mais heureusement point du mode de vie sur notre caillou..D’ailleurs,les appartement étant rachetés à tour de bras par les anglais ,les russes,les japonais il faudrait commençer par leur faire une leçon de géographie..

      Reste les forums...Ou s’exprimment effectivement les citoyens en relative liberté..Si nos élus considèrent qu’ils n’ont rien à faire de l’opinion de leurs électeurs et que ces débats ne sont que de vulgaires déchainements verbaux à balayer avec mépris alors il ne faut pas qu’il s’étonne de se faire eux même évacuer sans ménagement de la scène politique.
      Peut être que revenu à l’anonymat et privé de vecteur privilégié pour diffuser leur loghorée verbale
      seront ils contents de venir sur le net débattre avec le commun des mortels.
      VB

  • A propos d’une union commerçante, l’assemblée générale extraordinaire de l’A.E.I.O.U aura lieu le mardi 19 décembre 2006 à 20 heures 30
    à la salle des fêtes.

    Election du bureau dans sa totalité suite aux démissions de SOAZ et moi même.

    bilan moral et financier.

    Echéances importantes en 2007 :
    - contrat de délégation de service public avec la compagnie maritime.

    - bourg piéton

    - etc etc

    Nous espérons de nombreux postulants.

    bourg piéton ? Olive taxi