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Retrouver Groix, et puis .... partir

jeudi 8 décembre 2005, par Visiteur

Lettre ouverte à ceux qui m’ont fait découvrir Groix.

J’étais ignorante ; jusqu’à ce que je pose les pieds sur l’ île, un matin du 5 août 2005.

Le sens de l’hospitalité à Groix ..., on vient chercher les gens au bateau, on les attend, on les accueille....Tu étais là, en bleu de travail, venu accueillir 3 citadines excitées par un long voyage.... Un bonjour, un regard, un sourire. Un coup de main pour débarrasser les sacs et... premier pot chez Soaz... on prend le temps de vivre à Groix ! ! !

Je pensais ne rester que 15 jours... j’ai donc crapahuté.... Emprunté les sentiers, découvert les lavoirs, les fontaines, les chapelles et les hommes et femmes de Groix.... Avec le guide Babounette, si triste de n’avoir pas pu rester y vivre et si gaie à la retrouver... Avec toi l’ami, toujours prêt à nous faire goûter sa bonne cuisine, à nous faire partager un livre, un disque, un verre, une nuit étoilée... cherchant à comprendre qui nous étions et ce que nous aimions pour nous l’offrir... L’hospitalité... 15 jours passent si vite chez vous : il fallait repartir, j’avais vu beaucoup de choses... et je n’avais rien vu.

Est-ce l’abeille qui m’a piquée au pied à ma première promenade sur Groix qui m’a transmis le virus ? Est-ce toi l’ami ? Je suis rentrée chez moi comme c’était prévu ...n’y suis restée qu’une journée, n’ai pas défait mon sac et suis repartie dans l’autre sens....

Comment vous dire l’émotion qui m’a submergée sur le bateau qui me ramenait vers Groix... J’avais vraiment l’impression de voler du temps... et c’était bon ! ! ! J’étais certaine d’avoir une chance folle d’avoir découvert ce bijou... et j’avais envie de m’en sentir digne...

Alors, j’ai pris mon balai, mon seau... mon sourire et mon énergie... et j’ai nettoyé les dortoirs de Port-Lay pour y accueillir les bénévoles et festivaliers du Fifig .... On a le sens de l’accueil à Groix ! Vous m’avez laissé faire, comme si j’étais un peu de la famille...

Alors, j’ai trinqué en refaisant le monde ... et en rêvant de vivre chez vous,

Alors je me suis baignée de jour, de nuit à l’abri des foules, au coin des rochers...

Alors j’ai passé des heures à regarder les étoiles, à écouter ce que nous dit la mer, à regarder chaque fleur, chaque oiseau, à fouiller les flaques d’eau de mer pour y découvrir les anémones, les crabes et autres bestioles inconnues de moi.

Alors j’ai dormi dehors pour profiter le plus possible de votre bon air ...

Alors j’ai appris aussi ce que veut dire « rencontre »...

Depuis, j’y suis retournée plusieurs fois... je suis gourmande.... A chaque fois pareil... quelle émotion ,sur le bateau, de voir l’île s’approcher de moi...

J’y ai même invité des amis ... que j’ai raccompagné au bateau... pour goûter aussi de cette impression toute particulière que provoque l’arrivée ou le départ d’un ami.

Merci Babette, merci l’ami ...

Merci aussi à vous, les Ménard, internautes, amoureux fous "du caillou", pour l’immense plaisir que vous me faites en me faisant partager votre île. Elle ne me manque pas puisqu’elle est là, dans mon cœur, et ... sur mon écran d’ordinateur...

cliquez sur les photos pour les agrandir

Photos Thierry Bastien

Commentaires

  • je te comprends Caro, quand tu décris les départs de Groix !

    quand on était mômes, on chialait à chaque fois,
    mais maintenant, je ne me laisse pas aller, je fais le cador :)

    Thom

  • La magie de "notre" île est certaine et ses sortilèges sont particulièrement
    actifs et efficaces , Caroline .

    Peut-être qu’un jour quelques universitaires chercheront à comprendre tout
    cela et donneront quelque explication ... avant de succomber eux aussi aux appels
    des imaginaires et des réalités qui se mélangent .

    Nous , les "extérieurs" , on a en plus l’avantage d’être libres vis à vis de ce
    magnétisme fou : pas d’histoire familiale , pas de passé local , pas de problème
    historique , rien que ce lien récent ou ancien , toujours incompréhensible .

    Caroline , combien sommes -nous comme cela ?

    François-Xavier Nettersheim

    • j’en suis aussi.

      ça fait bizarre en lisant ces témoignages de se dire qu’on n’est pas seul à ressentir cela. Moi aussi j’ai droit à mes 45 mn de cafard quand je quitte l’île. Et pourtant, de mon Anjou natale, j’y viens souvent. alors Pourquoi ?

      Si les chercheurs du CNRS veulent lancer une étude, je suis leur homme...

      Christophe

    • Je suis leur femme aussi ........ tant de mystère autour de l’attraction qu’exerce Groix et ses groisillons(zillonnes zossi) !!!! l’on se sent "reconnu".

      DomDom (Naoned)

    • J’suis allée voir un spectacle de théâtre de commédiens amateurs, dont Caro, de la lettre ouverte, faisait partie. Elle animait également le groupe avec une metteuse en scène, Muriel et il s’agissait de pensées maritimes et sableuses. C’était fantastique, émouvant, drôle, surprenant. Nul doute que Caro a été inspirée par le caillou...

      Babette

    • Nombreux , nombreuses…. Des milliers peut-être ? ? ?

      J’observe depuis quelques temps différemment mes voisins… Lorsque je surprend sur leurs visages un de ces sourires spontanés si rares dans nos villes agitées… je me prends à penser qu’ils en sont peut-être …

      Lorsque je vois l’étincelle du souvenir s’allumer dans leurs yeux, je me dis qu’ils en viennent peut-être ? ? ?

      Et si un jour, je leur parlais…Alors, peut-être que comme pour la maman de Fousdebassan, ils mettraient un nom sur mon visage, et moi un nom sur le leur…

      François- Xavier, crois-tu que c’est parce que « notre île » est petite qu’on y apprend à regarder ? ? ?

    • Il n’y a pas toujours d’explications rationnelles... lorsque ce sont les émotions qui nous guident.
      J’aime à me laisser aller à cet irrationnel là.
      C’est peut-être la petite bulle d’air dont j’avais besoin...
      Et oui, nous avons une chance fabuleuse d’être "libre" de maintenir ou pas ce lien... de le cultiver, le nourrir...
      Je ne sais pas combien nous sommes.. je nous imagine nombreux... partageant notre petit secret sur ce site.
      Mais d’autres "bulles", d’autres petites merveilles de campagnes, d’autres îles, d’autres ports existent surement pour d’autres aussi...

      Caroline

    • J’ai oublié de dire que Caro, dans la pièce de théâtre s’appelait...Anita Baron...!

      Babette

    • Tres drole...c’est le scoop de cette fin d’année, anita et moi avons une fille cachée, faut que l’on fasse un bapteme, republicain il s’entend ........

      stef

    • Bonjour,
      belle évocation de l’île, bcp de sensibilité. Merci de nous la faire partager.

      Pour ma part, mis le pied pour la 1e fois à Groix, avec mes parents, le 21 août 1989.
      Camping des Sables Rouges, avec vue directe sur les platiers schisteux de la côte est.
      Un été chaud et sec, à d’autant mieux profiter chaque jour de ce qui s’offrait autour de nous.
      Des souvenirs visuels et olfactifs fabuleux. Une mer d’une limpidité remarquable, des autochtones tous à cheval sur le savoir vivre, les bonjour et les aurevoir d’un sourire jusque là.
      Dix jours après, au moment de partir, retenir ses larmes était difficile, je vous rejoins là-dessus. D’autant moins que j’avais une autre appréhension, je rentrais classe de 6ème qqes jours plus tard.

      Nous étions revenus à Groix 5 autre étés. La redécouverte des lieux, plaisir retrouvé et l’approche de qqes anciens naviguants, dont Albert Boterf.
      Gros coup du hasard le 2 septembre 1992, dans le bourg de Groix. Je n’en dirai pas là, mais en tous les cas magique, à me remuer aujourd’hui autant qu’à l’époque.

      Un chapelet de souvenirs groisillons qui ont embelli mon "enfadolescence".

      Amicalement, Pierre

  • J’ai lu toutes les réponses à ton article et me voilà toute tourneboulée d’émotion !!
    Comment ? il y a tant d’autres personnes qui vivent les mêmes choses que moi ?
    La même magie en arrivant à port Tudy, comme si je retrouvais un être cher, et cette déchirure à chaque départ.

    C’est vrai que cette ile a quelque chose d’envoutant, de mystérieux. Et quand on s’en est approché, une seule fois, laissé envahir de son étrange pouvoir, laissé caressé par ses vents, alors on est, pour toujours tout au fond de soi, quelqu’un de différent

    Et c’est merveilleux ( moi ça fait 30 ans cette année que j’ai mis mon pied sur l’ile)de savoir qu’on est nombreux comme ça.

    Peut-être a très bientôt, dans le bourg, ou les sentiers.

    Chantal Roca

    • Première vision de Groix (presque imaginaire) :

      La première fois où j’ai vu l’île, j’avais faim, j’avais froid. Mon « labous » Marc, blotti contre moi sous une vielle voile, au fond de la chaloupe de Vincent Salahun. Nous avions quitté les quais d’Hennebont au petit jour et partions vers l’inconnu, serrant notre maigre ballot de hardes contre nous.

      Un groupe de groisillonnes revenait sur le bateau de la foire d’Hennebont où elles étaient allées vendre leurs maigres récoltes et acheter des produits de première nécessité.

      Cherchant du travail sur la côte, descendu de Kervignac suite à mon veuvage, ma jeune épouse Janne le Courante, était décédée quelques temps auparavant. Par chance j’avais rencontré Monsieur Jean de Céron, chirurgien de Marine en retraite, qui cherchait un aide meunier après avoir acheté le Moulin à vent des Rohan sur l’île. Nous avions conclu un contrat verbal, le contact s’étant révélé dès le premier abord plutôt sympathique.

      Groix ne nous était pas totalement inconnue, plusieurs familles des environs de Kervignac et Hennebont y avaient tenté leur chance et ne s’en étaient pas trop mal portées. Les insulaires parlaient un breton difficile à comprendre mais mon futur patron et plusieurs hommes, habitués à naviguer sur les vaisseaux du roi et de la compagnie des Indes, parlaient français.

      Poussés par un vent de Nordet froid et vif, au largue, après avoir croisé au large de la pointe de la Croix, doublé la pointe des Chats entre la côte et le Trého nous sommes arrivés en rade de Placemanec sans encombre et débarqué sur la petite jetée de Kersauce.

      Au-dessus de nous, sur la gauche, les "penty" du village de Kermarec, où demeurait Vincent Salahun. Plus loin, le clocher de la chapelle de Saint Gildas à proximité du village de Locqueltas où se trouve la ferme de Gervais le Gouzronc, gros laboureur.

      En face de l’autre côté de la rade le village de Locmaria avec sa chapelle. Mes descendants y habiterons, je les aperçois de temps à autres. Je suis ensuite monté vers le moulin dont j’apercevais les ailes depuis la plage. J’ai ensuite habité à Kermouzouet une petie maison où, remarié à Marie le Davigo, j’ai vécu heureux y élevant mon fils.

      Voilà, c’était au printemps 1705, nous sommes depuis restés sur l’île où mes descendants ont fait souche après bien des vissicitudes.

      Maurice le meunier Gaulois.

    • Je crois reconnaître la patte de mon cousin "le poète". Il aurait donc lui aussi un aïeul meunier ?
      Le mien venait de Ploeren, s’appelait Le Fur et habitait Kerlo. Il épousa une demoiselle Yvon (de la presse à sardines de Port-Melin).
      Quant aux vicissitudes..... je baigne encore dedans :((
      AM

    • Oui, je me souviens de son ancêtre à cette demoiselle Yvon de Port Melin, Henry (dit Jacques) qui tenait l’amarre de la chaloupe quand nous avons accosté à Kersauce.

      IL avait neuf ans, son père Lorens, habitait Locmaria avant de repartir vers Kermunition. Il était matelot. Un de ses descendant est ensuite devenu tonnelier puis presseur à sardines.

      Le Fur, ça ne veut pas dire "malin" en breton ?

      Maurice (le Gaulois) de Kermouzouet.

  • Tu a bien de la chance de n’etre qu’une touriste , car vivre ici a l’année ca n’est pa drole , il n’ya rien a faire a part ce balader sur la cote , et en 21ans ont en a vite fait le tour ...j’aurais beau bougé dans tout les sens ,revenir ici (meme si j’aime cette foutu ile) me refoutera tjs le cafard...

    • """Il n’y a rien à faire"""

      Une idée : créer une bourse de partage de temps :)) Je sais, c’est surréaliste mais comment se fait-il que certains trouvent qu’il n’y a rien à faire alors que d’autres manquent de temps ?

      Je devais apprendre le breton... pas le temps. Les tournois de scrabble mis en place il y a deux ans, pas le temps... me remettre au poker pffft... essayer de concrétiser mon stage de reliure pour m’occuper de ma bibliothèque.. pas le temps. Obligée aussi de limiter mon engagement dans l’asso d’entr’aide lorientaise où je suis au conseil d’administration..
      Surtout ne pas se créer d’obligation supplémentaire (soutien scolaire par exemple) ...

      Pas le termps non plus d’aller toujours applaudir les différents groupes qui se produisent à Groix (musique, danse, etc..),ou aller voir les films du Ciné-Club, les visites des enfants ou des amis ne peuvent toujours s’annuler...

      Heureusement, je ne suis pas attirée par le jardinage car je manquerais de temps pour me joindre
      aux bénévoles de Saint Gunthiern. J’ai de la chance aussi que la couture, la dentelle et la broderie ne fassent pas partie non plus de mes passe-temps préférés...

      Rêver à un club de lecture, de discusssion sur des films (DVD ou vidéocassettes) mais quand ??

      Et chance faramineuse, je suis bien trop vieille pour pratiquer les sports proposés par les différents clubs groisillons ou pour répondre au voeu de Béatrice de faire une activité de rock acrobatique :))

      N’étant pas douée dans la majorité des activités artistiques, je ne me préoccupe pas non plus des activités des chorales groisillonnes ou des troupes de théâtre, pas plus que des cours de dessin donnés par Lutina Je trouve juste le temps d’aller visiter les expos de mes amis. et je laisse bien sagement dormir le synthé que l’on m’avait offert quand je croyais pouvoir me mesurer aux musiciens de mon
      entourage....

      Je regrette par contre de ne pas davantage empiler de photos de Groix dans mes albums. Pas le temps non plus d’aller voir les archives à l’Ecomusée pour y retrouver des traces de mon histoire familiale.

      En résumé, vous avez épuisé toutes ces activités (j’en ai oublié, comme la pêche, la géologie, la botanique, les oiseaux, les rencontres de tarot, etc...) ou vous ignoriez qu’elles existent à Groix ?

      AM

    • On ne trouve certainement pas à Groix ce qu’on trouve à Lille. Mais votre petite île est pourtant étonnamment animée. Yoga, Gym, danse bretonne, football, Karaté... Il y a même un cinéma (dans certaines villes de 5 000 habitants, il n’y en a pas du tout ! ! !) . Les « djeuns » font de la musique, donnent des concerts....
      Concerts, soirées contes, médiathèque, lotos, belote coinchée etc........ De multiples associations, des réunions publiques...
      J’ai sûrement une vision toute parcellaire , je ne viens pas depuis longtemps. Mais je suis quand même venue 4 fois cette année (automne et hiver) et à chaque fois, j’ai pu soit assister à un concert, une soirée conte, ... et le nouvel an à Groix valait largement un nouvel an à Lille où faire la fête toutes générations confondues et toute la nuit... ça n’existe plus depuis bien longtemps.
      Mais vous pouvez certainement la faire vivre encore un peu plus votre île, puisque vous l’aimez malgré tout. Que lui manque-t-il d’après vous ?
      Bon courage - Caroline Lille

    • Vision idyllique de l’observateur du continent... On y est tous attachés parce qu’on y a grandi mais la désertification humaine et sociale de l’île est déprimante, malgré quelques vains sursauts de vie. Patrice

    • Moi, je ne suis pas un fennec, je ne vis pas dans le désert social, mes bourrelets n’ont rien d’un désert humain.

      Je ne connais pas de Patrice fréquentant les nombreuses associations dont je suis adhérent

      Qu’il nous rejoigne, il y a plein d’oasis sur l’île

      Jpicart

    • Amour, départ et fantaisie :

      Pour son vécu marin, au mousse, je propose,

      L’expérience exténuante d’embarquements, de peurs,

      De voyages incessants, d’errances dans l’ailleurs,

      Ainsi, l’amour illien, qui souvent le repose,

      Grandira magnifié, transcendant ses chimères,

      Il reviendra « d’au loin », des troublants « outremer »,

      Rassasié des « Biguinnes », des « Ségas » et des belles,

      Dépenser son pécule, délaissant les tropiques,

      L‘équateur, les atolls parfumés et les fruits exotiques.

      Déambulera sur les chemins qui parcourent sa belle,

      Revivant ses jeux, ses émois et plaisirs de jeunesse,

      Avant de repartir, une fois encore, vers la richesse.

      Partir, c’est revenir un peu....

    • cela fait a present 14 ans de ma vie que je vais a groix , je suis agé de 14 ans et cette ile et suremen un des plus belle endroit que j’ai pu voir , depui la premiere anée ou j’ai etais en age de parler , ou de marcher , la question fatidique a propos de quelle destination nous alons , moi et ma famile, opter pour les vacances d’eté , ne se pose méme plus , cette ile c’est un bonheur .

      un petite simon de lyon