Mon Groix à moi

Je ne sais plus exactement en quelle année je suis venu à Groix pour la première fois.

En 1964 ou 65 sans doute. Mes parents avaient des amis et elle, était originaire de Lorient. Je suppose qu’ils avaient du parler de Groix et d’un terrain qu’ils y possédaient.

Ils ont, par la suite, mais beaucoup plus tard, acheté une maison mais je crois savoir qu’ils ne l’ont plus.

La première année mes parents et moi avons campé sur le terrain en question. Pour info, ce terrain est situé à Clavezic, tout de suite sur la gauche du chemin qui mène à Port-Melin et il est bordé de grands pins sur deux cotés.

A cette époque, il fallait aller chercher de l’eau. Je ne me souviens pas exactement où…

Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de cette année là, si ce n’est d’avoir rencontré "mon copain de Groix" Jean-Pierre Calloch que je devais revoir plusieurs années de suite, mais également que c’est cette année là que mes parents ont acheté un terrain qui, pour les curieux, est situé sur la gauche, à la sortie de Créhal en allant vers le Trou de l’Enfer.

Petite anecdote : lors de la signature chez le notaire, mon père pensait acheter1 hectare de terrain à 30 centimes (de Franc) le m2. Le notaire lui annonce qu’en fait il y a 1,5 ha. Et finalement, mon père a acheté le tout au prix d’un seul hectare…

Pas si mauvaise opération, car si mémoire est bonne, c’est tout de suite après que le projet de retenue d’eau à Port-Melin et donc d’adduction d’eau courante à été voté. Avec les conséquences évidentes sur le prix des terrains.

Je passais mon temps entre la pêche et le vélo. Avec ou sans K-way !
Avec Jean-Pierre, je me souviens que nous allions chercher des déchets à la conserverie qui se trouvait dans la montée du port (est-ce que je me trompe ?) et que nous allions pêcher soit à Port-Melin, soit du coté des viviers, ou de Pen-Men.

Les cannes à pêche étaient de fabrication très, très "artisanat local".. C’est à dire un bout de bois sur lequel on fixait le "moulinet", c’est-à-dire la bobine de fil, avec du fil de fer. La fonction de manivelle étant elle assurée par…. Un clou ! Sommaire, rustique, mais jamais de panne !
Quant à nos "prises" je me souviens que à Port-Melin, c’était des surtout vieilles… Il fallait aller à Pen Men pour espérer avoir les lieus.. (jaunes je crois…).

Je serais bien curieux de savoir ce qu’il en est aujourdhui..

Pas très portés sur le camping, l’année suivante, en 1966 (et là j’en suis certain…), mes parents ont loué une maison. Du coté de Quehello il me semble.

De mon coté, j’ai préféré "vivre ma vie" en campant seul sur le terrain de Clavezic.

Là, j’avoue avoir un trou de mémoire… je me souviens avoir négocié une "indemnité" quotidienne pour subvenir à tous mes besoins mais je suis incapable de me souvenir si il s’agit de 1 ou 5 francs par jour. 5 francs me semblant tout de même plus réaliste !

Par contre j’ai un souvenir précis que, lorsque je parle Groix à ceux qui n’y sont jamais allé, je raconte presque toujours : Si ma mémoire est bonne (je parle de l’emplacement là), il y avait, à cette époque une épicerie à la place de la librairie l’Ecume des Jours. Il fallait descendre une marche il me semble pour y entrer. Et, chose jamais revue ailleurs, pour acheter du beurre, "à la motte", on avait le choix entre deux ou trois mottes de beurre que l’épicière proposait de goûter avec un couteau.

Cette année là, j’ai investi dans une vraie canne à pêche et fibre de verre. Bleue et jaune. Et un moulinet (égarés tous les deux il y a peu de temps d’ailleurs). Allez savoir pourquoi, mais d’un seule coup, la pêche est devenue nettement moins bonne qu’avec mon bout de bois !

Avec Jean-Pierre, le soir, on allait traîner sur la jetée du port. Tout au bout, sous le phare vert. Là où on pêchait à la balance. Je crois bien que c’est là aussi que j’ai grillé mes premières cigarettes. Des gauloises il me semble. Pris par surprise la main dans le sac par mon père si j’ai bonne mémoire. Depuis, j’ai changé de cigarettes mais pas encore arrêté…

Autre anecdote, cette année là, mon père (qui était prof de gym’) avait emporté un kayak à Groix (j’ai le souvenir d’une négociation pénible pour le passage de la voiture sur le Pen Men (?) car le kayak dépassait la longueur de la voiture, et le nombre de places de voitures étant plus que limité…

Toujours est-il qu’un petit pingouin, oui je dis bien un pingouin, nous avait adopté. Il passait et repassait sous le bateau. Pas farouche du tout. Nous avions alors à l’époque supposé qu’il était tombé d’un bateau de passage où il devait servir d’animal de compagnie à un marin…

Il a passé quelques jours avec nous. Le soir nous le faisons dormir dans une …… cage à lapins (je crois) d’une maison de Clavezic. Un matin, il avait disparu car une main indélicate avait ouvert la porte…

Cette année là, c’était en juillet, (c’est drôle, mais lorsque je dis "cette année là", je pense immédiatement à la chute du film "Un été ’42" dont l’action se passe également dans une île et que, je ne sais pourquoi, j’ai toujours associé à Groix…), je me souviens que l’eau était particulièrement froide. J’ai ce souvenir précis car j’ai ensuite passé le mois d’août en Norvège, à Oslo. Les amis de mes parents chez qui je résidais habitaient sur une petite île, Ulvøya (ce qui veut dire "l’île aux loups) dans le fjord d’Oslo. J’y suis, par la suite très, très souvent retourné, mais ceci, (comme dirait Kypling), est une autre histoire.

Plusieurs années se sont écoulées avant que je ne retourne à Groix.

En famille. Puis seul. Puis en famille avec des amis qui ont tous aimé Groix. Puis seul à nouveau. Toujours à l’hôtel de la Marine.

C’est d’ailleurs lors d’un séjour avec des amis, en consultant le cadastre, que j’ai découvert que mon terrain avait fait l’objet d’un classement en zone protégée. Renseignements pris auprès de la mairie, il m’a été répondu qu’une enquête locale avait été effectuée et que je n’avais qu’a être là pour en être informé. Bref…

Depuis, le conservatoire du littoral me sollicite régulièrement pour m’acheter ce terrain. Vu le prix proposé, je me suis tout d’abord demandé si ils n’avaient pas oublié un zéro… Mais non… Ils confirment… 0,30 € le m2… Avec en plus, un droit de préemption de la mairie. Je ne suis pas prêt à leur vendre mon terrain !

A ce propos, j’ai une idée derrière la tête mais il faut que je vérifie quelques détails avant d’en faire état…

Le dernier de la famille à avoir mis les pieds à Groix, c’est mon fils. Il y a deux ans. Il avait l’intention de camper "chez nous" avec sa copine mais s’est fait éjecter par la maréchaussée.

Un brin taquin, mon fils a laissé monter le ton avant de faire état de sa qualité.. (il fait du secours en haute montagne..) et continuer à camper sur place mais "invisible" de la route. Bref, j’apprécie en connaisseur de ne pas pouvoir planter ma tente chez moi. Quoi que, pour être sincère, le camping et moi…. Question de principe !

Depuis, je ne suis pas revenu à Groix, même si mon idée fixe est de m’y installer définitivement dès que possible. Je commence à regarder ce qui s’y vend et plus les prix montent plus je me dis qu’il me faudra vendre tout ce que j’ai ici pour "bouger". Pas de chance pour vous hein ! Un jour il vous faudra bien supporter ma proximité !

Pour l’instant, mis à part le fait de trouver mon point de chute, une seule chose me retient ce sont mes activités musicales. Je me vois mal aller à Paris tous les vendredi soirs pour jouer dans les clubs de blues… et comme je suis fidèle à ceux qui jouent avec moi depuis…(18 ans cette année…) Ca donne à réfléchir.. Mais, comme il faudra bien qu’un jour ça s’arrête… Ce sera le bon moment.

Je vous dis donc "à bientôt là-bas". Le plus tôt étant le mieux.

Que ce soit temporairement ou définitivement.

Voilà donc, en gros, "mon Groix à moi".

Et je ne dis pas "Qui voit Groix, voit sa croix", mais "qui voit Groix, voit sa joie"….

Amitiés à tous.

Yvon

Photo de Port Melin par
http://iledegroix.ca.cx/

Photos d’enfance :
Merci au généreux donateur :-))