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Lettre municipale n° 28 - décembre 2007

samedi 5 janvier 2008, par Admin

EDITO

A quoi ressemblerait l’île de Groix sans ses habitants ?

Probablement n’y trouverait-on que des landes littorales bordant une épaisse forêt de saules et de prunelliers, une faune ordinaire de petits mammifères se faufilant entre les taillis.

On sait cependant que l’île fut peuplée dès le néolithique et que les premières traces de villages remontent à l’époque médiévale. Des générations d’îliens obstinés se sont attachées à ce caillou, vivant de ce que la terre et la mer voulaient bien leur donner.

L’ère industrielle a vu l’île se doter d’un port de réputation européenne, puis la période récente en a fait une destination touristique appréciée, source d’une manne financière qui ne doit pas faire négliger l’agriculture, la pêche et l’aquaculture, seules activités de production et, comme telles, éléments centraux du tissu économique.

La complexité du monde contemporain a brouillé les cartes : la survie des îles dépend désormais du tourisme mais surtout de ces amoureux de Groix qui construisent, consomment et vivent sur l’île. Que leur séjour soit périodique ou permanent, ils y créent de l’activité et de l’emploi.

La stabilisation récente des chiffres du recensement prouve que Groix sait attirer et séduire.

Pourtant sur les îles tout est plus compliqué, plus cher, surtout quand les enfants grandissent, le logement y est rare et on n’y fait pas vraiment fortune. Quelles sont donc les motivations qui font préférer la vie insulaire ?

Les réponses à cette question font rarement appel à des valeurs marchandes : on y trouve beaucoup d’affectif : on se dit séduit, envoûté même par Groix. On ne tombe pas seulement amoureux d’un paysage, d’un mode de vie ou du sentiment d’intégration à une communauté humaine : l’île s’offre comme une promesse de bonheur, promesse tenue pour une grande part de ceux qui viennent s’y installer et remplir les écoles.

[Les besoins essentiels ne résident pas seulement dans la capacité à produire ou à consommer des biens matériels. Ainsi l’ONU ne publie plus simplement le PNB par habitant des pays, mais y rajoute l’IDH (indice de développement humain) où les critères de santé, d’environnement, de bien être, de culture et d’éducation sont pris en compte].

Il n’existe donc aucune recette pour provoquer ni même comprendre l’envie de s’installer à Groix, mais il semble évident que certains déséquilibres pourraient rompre la magie ou simplement pousser les îliens les plus fragiles à repartir. Parmi les scénarios inquiétants possibles citons la pénurie de logements à prix accessible, la dégradation des espaces naturels (dont les terres agricoles) la prolifération de constructions anarchiques, la disparition des producteurs locaux ou encore le repli ou la division de la communauté îlienne.

Il n’existe pas d’enclave paradisiaque à l’abri des turbulences extérieures. Les îliens ne peuvent contrôler ni le marché du foncier ni le renchérissement de l’énergie ni le réchauffement global. Ils peuvent en revanche y faire face et s’y adapter.
Pour y parvenir, les trois principes à mettre en oeuvre sont :
- Anticiper, expérimenter et créer des liens.
- Anticiper pour être à l’affût des changements mondiaux, des tendances régionales et de leurs répercussions locales. Il faut inscrire chaque réflexion dans un cadre large d’espace et de temps.
- Expérimenter car pour découvrir de nouvelles voies il faut savoir parfois risquer l’échec qui s’avère souvent aussi instructif que la réussite.
- Créer des liens car seul le débat permanent et constructif permettra d’affronter les défis à venir, et rien n’est plus stérile et paralysant que la division clanique ou politique. Créer des liens avec le reste du monde ouvre les esprits par le partage d’autant d’amitiés, de solidarités et d’expériences.
Appliquer ces principes reste difficile par l’exigence permanente d’expliquer ce qu’on fait et pourquoi. Difficile aussi par un engagement citoyen qui se fait rare et surtout plus soucieux de ses droits que de ses devoirs. Difficile enfin par la tentation de la démagogie.

Rester proche des réalités quotidiennes est la qualité obligée des élus locaux, un peu partout leur pragmatisme ouvre de nouvelles voies et fait éclore de nouvelles idées.
Comptons sur eux pour rappeler quelques principes de bon sens à nos élites gouvernantes qui leur donneront peut-être ainsi les moyens de les appliquer.

Eric Regenermel

 Lettre municipale n° 28 - décembre 2007 (suite et fin)

Commentaires

  • et en quoi ressemblerait groix sans eric regernermel ? en voila une douce idée ................

  • "DEGRADATION DES TERRES AGRICOLES" belle expression quand on voit la superficie de champs de maïs dont les pieds pourrissent sur place !!!!! Quelle magnificence, pourquoi semer plus que l’on ne peut récolter ? L’agriculteur se plaint de la prolifération des lapins et les chasseurs ne ferait pas leur travail pendant la période d’ouverture, belles excuses !!! Les indemnités pour sécheresse ou manque d’eau sont devenues à la mode))) Tous ces champs leurs sont interdits et faisans et lapins s’en donnent à coeur joie pour danser la farandole et se reproduire en toute tranquillité. Facile ensuite d’annoncer des chiffres frisant les 80 000 spécimens. Faudra-t-il bientôt introduire la myxomatose pour les détruire ??? Que les champs qui ne peuvent fournir de cultures adéquates soient laissés à la luzerne et aux chasseurs. La verdure est quand même plus belle à regarder que des maïs pourris ou autre comme c’est le cas actuellement. M.David

  • Offir un parallèle sur une île déserte et en faire une idée pour venir assoir ses propres ambitions après sept années qui ont conduit Groix dans la situation dans laquelle elle se trouve. Vanter les mérites du tourisme quand les financements qu’il oblige sont loin des retombées escomptées. Se sentir proche des gens quand on a jamais la décense pour un premier magistrat de répondre aux courriers que l’on vous adresse. Aimer une île mais pas cette population qui bon gré mal gré, l’occupe depuis le moyen âge, se dire à l’écoute quand on met en place une ZPPAUP sans concertation avec sa population. Laisser les gens se déplacer sur un réseau routier sans équivalent sur l’ensemble du réseau routier français. Prendre des orientations qui allège la charge de Maire au profit d’une communauté d’agglomération qui n’est pas, et loin s’en faut, à même de résoudre ce particularisme que constitue l’insularité et qui n’est pas comme beaucoup voudrait nous le faire croire, un exotisme de carte postale pour personne désireuse d’évasion.
    Reste encore dans les cartons la zone PPAUD près du bourg et qui représente une zone pavillonaire supérieur à la superficie dudit bourg. La réfection de l’école de Kerlo en logement avec un projet qui ne semble pas, par raison financière, cadré avec les recommandations d’une ZPPAUP vantée comme une panacée urbanistique. La population de l’île, doit se situer en période hivernale autour de mille trois cent habitants dont la majeur partie est arrivée à l’âge de la retraite. Ce qui est vrai ailleurs l’est aussi pour Groix et l’est depuis la nuit des temps. Sans le maintien d’une économie, point de salut. Hors, depuis que Groix s’est vu rattaché à la communauté d’agglomération de Lorient, la taxe professionnelle n’a cessé d’augmenter pour s’aligner sur celle de l’ensemble des communes de l’agglomération. Cette taxe étant la manne financière servant aux différents projets de l’agglomération . Si dans l’absolu l’idée est bonne, la configuration géographique d’une île, ne permet pas d’avoir accès aux réseaux ferrovière, routier ou encore aérien. Mais votre part de participation reste la même. Il serait temps de penser à un allègement de la taxe professionnelle sur l’île afin de rendre attractif le fait de mettre en place ou de développer une activité économique. Les quelques pourcents d’allègement
    se verraient répercuter sur le traitement des déchets en amont dans l’île afin de ne pas nuire à la capacité de financement de la communauté d’agglomération.
    Les solutions existent pour peu que l’on veuille s’en donner la peine.
    Et cela éviterait sans doute de songer à Groix comme à une île déserte.