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Lettre de la présidente de l’association SEPN Bretagne Vivante de Lorient

mercredi 2 février 2005, par Admin

Autorisation de dragages du port de la DCN à Lorient

Madame Le Préfet

Nous souhaitions attirer votre attention sur quelques points précis.

Nous sommes heureux de voir que la DCN est soucieuse de la protection de l’environnement(cf, article Ouest France du 21/01/05) et ne sollicite pas déroger aux règles communes.

Forts de cette constatation nous sommes troublés par la nouvelle étude de la toxicité des boues de dragages qui a été réalisée, présentée à la commission
départementale d’hygiène.

En effet les toxiques recherchés sont uniquement les métaux lourds (plomb, mercure, cadmium, cuivre, zinc) or il est reconnu qu’ en cas de dragages et d’immersion, les substances toxiques qui présentent le plus de risques pour l’environnement sont les TBT (tributylétains) car il s’agit de substances
immunodépresseurs, cancérigènes, mutagènes, perturbant le système endocrinien, assimilables directement par les organismes vivants. Or la première étude réalisée par In Vivo avait relevé des niveaux de TBT
importants.

La recherche de phytoplancton toxique est également absente de cette étude alors qu’il apparaît de plus en plus régulièrement dans nos eaux côtières
obligeant IFREMER a déclaré la zone interdite à la pêche à pied, par exemple. En effet, des kystes d’Alexandrium piégés dans certaines vases peuvent être relargués en même temps que les boues et réactivées. C’est la
présence de l’Alexandrium qui a entrainé l’interdiction de la pêche de la coquille Saint Jacques dans la rade de Brest cet hiver. C’est la présence de ce phytoplancton toxique qui a entrainé la ville de Morlaix à renoncer à
l’immersion de ces boues de dragages.

Alors comment expliquer que cette nouvelle analyse des boues n’a pas cherché à doser le TBT et le phytoplancton toxique ?
Même s’il n’existe pas de seuils officiels dans la loi française concernant l’immersion de boues contenant des TBT contrairement à d’autres polluants comme les métaux lourds, cependant la toxicité du TBT est largement
reconnue. Désormais, en France, l’utilisation des TBT, dans les peintures anti-fouling est interdite dans la plaisance et pour tous les navires depuis 2003 et en 2008 aucun bateau ayant un traitement TBT sur sa coque ne pourra rentrer dans un port.

Une petit article exclut cependant les bateaux de guerre de ces obligations ! Nous sommes très satisfaits de savoir que la DCN ne profite pas de ces dispositions dérogatoires.

Pour Bretagne vivante, la nouvelle étude présentée par DCN n’est pas recevable.

L’existence de TBT dans les boues ne doit pas être occultée. Le dosage effectué, dans la première étude, dans les 3 échantillons, exlut la possibilité d’immerger et peut entrainer des traitements à terre spécifiques
du fait de la présence de ce polluant.

Persuadés que vous accorderez l’attention nécessaire à ce dossier important, nous vous prions de croire, Madame Le Préfet, à notre considération.

Copies à Madame Le Préfet du Morbihan, à Monsieur Le Préfet maritime.