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L’immigration bretonne aux Sables d’Olonne

mardi 10 octobre 2006, par Admin

Extrait de la Revue OLONA N° 184 JUIN 2003

((Ou une explication (?) de l’immigration des pêcheurs bretons aux Sables d’Olonne ...))

LES SABLAISES ET LES MARINS SABLAIS VUS PAR UN COMMISSAIRE DE L’INSCRIPTION MARITIME
extraits de l’article de Roland Mornet (1)

L’examen de la correspondance d’un chef de quartier maritime du temps jadis est pour nous un exercice particulièrement passionnant et instructif ; l’étude de ces échanges épistolaires permet d’obtenir des informations les plus variées et de la plus grande importance.
Pour le chercheur compulsant ces archives, grand est le danger de s’écarter de son sujet, comme en l’occurrence... Reprenons la dérive...

Aux détours de missives profuses de lecture malaisée, notre attention a été attirée par les observations du Commissaire de l’Inscription Maritime , chef de notre quartier dans les années 1860 sur ses administrés.

. Voici ce qu’écrivait cet honorable fonctionnaire au Commissaire Général, alors à Rochefort :

« Voici deux ans bientôt que je réside aux Sables ; j’ai fait l’impossible pour leur prouver que je voulais leur bien et rien que leur bien, que le gouvernement plein de sollicitude et de bienveillance met aujourd’hui à la disposition des quartiers des moyens puissants d’action pour apporter parmi les pêcheurs des éléments de bien être qui leur ont manqué jusqu’à ce jour
Voilà ce que j’ai dit et répété mille fois, ce que j’ai appuyé de toutes les façons possibles ; voici ce que j’ai obtenu : quelques vagues promesses aussitôt oubliées, plus souvent l’indifférence la plus complète, parfois l’hostilité même de ces gens.
L’égoïsme et l’immobilité sont les vices dominants des marins sablais ; ils ont atteint un degré d’intensité qui d’ici un grand nombre d’années ne laissera aucune chance d’influencer heureusement leurs actes et d’obtenir par la persuasion, ni même par la concession des avantages les plus incontestables, une conduite plus sage et plus utile à leurs intérêts mêmes.

CES SABLAISES D’OU VENAIT TOUT LE MAL

Les femmes semblent appartenir à une race à part : grandes, fortes, elles ont une allure toute masculine, habituées dès l’enfance à porter de lourds fardeaux et à accomplir à terre des travaux de remblais, à guetter la rentrée des bateaux et à se substituer entièrement aux pêcheurs dans les travaux de bord et le transport du poisson aussitôt que les chaloupes arrivent au quai .
Le mari, le chef de famille n’a aucune initiative dans son intérieur ; il est entièrement subordonné à ces femmes dans l’emploi de l’argent que lui-même gagne comme dans la direction de ses affaires domestiques.

Une immoralité déplorable, une gourmandise qui ne connaît d’autres limites que l’épuisement complet des ressources pécuniaires du ménage, un despotisme violent et contre lequel aucun marin sablais n’ose ou ne peut lutter : tels sont les vices de ces femmes .../...
Les marins des Sables n’ont pas à se plaindre des bailleurs de fonds qui ne leur font d’avances qu’à un taux légal et sous garantie ; mais ils ne vendent leur produit de leur pêche que par l’intermédiaire de femmes qui prélèvent naturellement un bénéfice sur les opérations auxquelles on les fait concourir. Il serait sur ce point, comme sur tout autre, absolument inutile d’appeler l’attention des pêcheurs. J’ai tenté cent fois de leur faire comprendre l’intérêt évident pour eux de supprimer cette dépense de courtage : « elle est dans nos habitudes » ou bien « les femmes ne voudraient pas » telle est leur réponse. »..../....

« [...] Ainsi donc l’égoïsme, la mauvaise foi et le manque d’initiative des marins sablais ne permettent de faire aucun bien sur leur progrès dans la pêche côtière. Est-il du moins un moyen après quelques audaces ?
Je le crois mais je ne sais qu’une combinaison pour triompher des obstacles signalés. C’est ici Monsieur le Commissaire Général que j’appelle toute votre bienveillance sur une proposition
FAVORISER L’IMMIGRATION, TELLE EST LA SOLUTION

Le type de véritable marin, brave dans le danger, endurci à la fatigue, docile envers l’autorité, disposé à se laisser diriger par elle quand une fois elle a acquis sa confiance, ce type est pourtant dans nos quartiers de Bretagne. Là, non seulement le pêcheur est un homme actif et soumis, il est (qualité absolument ignorée ici) homme par les sentiments ».

Pour encourager la colonisation bretonne « vu l’impossibilité de faire progresser et le marin et la pêche de ce quartier », le susdit préconisait tout un système de primes, assez complexes, qu’il détaillait longuement.
Notons aussi qu’il conseillait de prendre de préférence les marins bretons « d’une moralité constatée qui réuniraient des charges de familles considérables et qui compteraient le plus grand nombre de garçons ».
Ce n’est pas tout, une fois ces phratries (sic*)d’immigrants installées il se proposait en quelque sorte de les protéger des « indigènes »

* orthographié ainsi dans la revue
1 - Roland Mornet, retraité de l’I.F.R.E.M.E.R., fait partager sa passion de l’océan en écrivant de nombreux articles dans « Le Chasse-Marée », « Olona », « Mémoire des Olonnes » et « Le Journal des Sables ».

Prochain extrait : Hervé Retureau

L’INTÉGRATION D’UNE COLONIE GROISILLONNE
AUX SABLES-D’OLONNE AU XIXe SIÈCLE

Commentaires

  • Bouée lancée aux Sablaises et Chaumoises :

    Bonjour, jeune inscrit maritime du siècle dernier, j’ai du, à mon corps défendant, être également scruté par les fonctionnaires de l’inscription maritime.

    Leur regard était il aussi malveillant ?

    Quoique fort instructive, l’étude d’Olonna sur les raisons de l’immigration bretonne aux Sables, me laisse perplexe et doit ressembler à s’y méprendre aux courriers que devaient échanger les religieux et fonctionnaires, encadrant les populations indigènes d’Afrique, d’Asie de l’ancien empire français avec leurs responsables de Métropole.

    Ne conviendrait-il pas mieux de s’interroger sur la personnalité du rédacteur des courriers, l’administrateur des Sables de l’époque et de ses capacités d’adaptation ?

    Son aversion pour les femmes Sablaises et Chaumoises ne trouverait-elle pas une autre origine que les défauts incorrigibles des ces dernières ?

    J’ai lors de mes premières années de navigation rencontré de ces jeunes personnes et elles m’ont toujours paru cent fois plus attirantes que tous les grattes papiers des Affaires maritimes de France et de Navarre.

    Mais tous les goûts ne sont ils pas dans la nature ?

    Attendons donc d’en savoir plus sur les groisillons des Sables (je crains le pire).

    J.G., IP N° 16450 du quartier de Groix.

    • .../... "Ne conviendrait-il pas mieux de s’interroger sur la personnalité du rédacteur des courriers, l’administrateur des Sables de l’époque et de ses capacités d’adaptation ?

      Son aversion pour les femmes Sablaises et Chaumoises ne trouverait-elle pas une autre origine que les défauts incorrigibles des ces dernières ?

      J’ai lors de mes premières années de navigation rencontré de ces jeunes personnes et elles m’ont toujours paru cent fois plus attirantes que tous les grattes papiers des Affaires maritimes de France et de Navarre.

      Mais tous les goûts ne sont ils pas dans la nature ?

      Attendons donc d’en savoir plus sur les groisillons des Sables (je crains le pire).

      J.G., IP N° 16450 du quartier de Groix."

      Cela semble évident.
      Henri Ménard - Groix

    • A une sablaise rencontrée

      de Nantes à l’inconnu

      le crak n’à pas chaumé

      Fierté d’une fille

      Fierté d’un père

      Effrontée dit d’elles

      Au Crak des Sables inscrit

      Patron de pèche aussi

      Moi le Fou de Groix

      Je révérence

      Foudebassans

    • Et dire que le titre est "l’immigration bretonne aux Sables"
      Ce n’est pas que cela m’étonne que des mecs se soient intéressés avant tout aux Sablaises, mais je pensais que quelques uns auraient pu lire dans cet article des similitudes entre toutes les immigrations.
      Il y est expliqué clairement pourquoi il vaut mieux, avec subventions, importer des Bretons, courageux, soumis et avec plusieurs fils....
      Il y est dit aussi que plutôt que de donner du travail aux femmes, il vaut mieux faire le boulot soit-même (en plus de la pêche bien entendu)
      Belle leçon de libéralisme !
      L’auteur de l’article met clairement en cause le rapport (de 186O) du chef de quartier maritime mais apparemment le charme des Sablaises enlève toute capacité de réflexion sur le fond.
      Peut-être devrais-je raconter des histoires de blondes et de culturistes (private joke) ou donner des liens de sites suggestifs ?
      Il y a des jours où j’ai des doutes :-((
      AM

    • Levée d’un doute :

      Ne doutez point, chère rédactrice, de la qualité et de l’intérêt de vos encarts éditoriaux.

      Quelques vieux bourlingueurs, bien au fait des qualités et défauts des administrations hexagonales,

      En ont profité pour se remémorer quelques agapes et orgies autour du Perthuis Breton.

      En rimes et en proses, ces incorrigibles galopins, ont plaisanté sur ce sujet très grave et planétaire.

      Mais n’est-il pas irritant de voir qu’en plus de servir de chair à canons maritimes pour les rois,

      De bras, de gabiers et autres tâches ingrates et dangereuses pour les directeurs des compagnies des Indes,

      Nos inscrits maritimes étaient auscultés, jugés, rapportés par des fonctionnaires royaux puis républicains qui en principe, étaient au service du peuple, c’est à dire à leur service ?

      Quelle perversion, quel dévoiement, quelle corruption !!!!!

      Est-ce que ces titres pompeux « d’immigration bretonne, immigration groisillonne » ne décrivent pas un phénomène saisonnier, très ancien, pratiqué pas des flottilles de pêcheurs suivant les migrations de leurs proies ?

      Courage donc, continuez gente résidente de Kerloret, communiquez nous la suite des articles d’Olona la bien nommée.

      Le chenapan des chaumes.

    • à Fou ....

      Révérence à Marie (portant la culotte sans doute), veuve après un naufrage
      qui la laissa seule avec ses 7 filles, mon aïeule ...
      Révérence au crak, le bâteau chaviré à l’envers, mon père,
      et à ceux qui ont vécu de par les temps la même galère ....

      Révérence à vous ....
      Révérence aux "éffrontées" actuelles, de toutes mers et terres, courage à
      vous.

      à Anita ....
      Ton propos est juste sur l’immigration et le (non)partage du travail ....
      Il est vrai que les marins groisillons trouvèrent aux Sables, port thonier
       : voileries expérimentées, constructions navales à l’avant-garde,
      conserveries en abondance et ....... sans doute de jolis yeux noirs ou
      bleus.
      L’histoire est un éternel recommencement et une lutte jamais gagnée

    • A fou ....
      A Anita .....

      J’ai omis de signer mon précédent message, veuillez m’en excuser.

      DomDom

    • « apparemment le charme des Sablaises enlève toute capacité de réflexion sur le fond. »

      Désolé Dame Anita si nous n’allons pas forcement là ou tu veux nous amener ou si nos commentaires ne sont pas à la bonne hauteur, pour ma part je laisse à d’autres Plumes certainement plus compétentes que la mienne les commentaires ou analyse politico-sociologique de la situation et de l’époque concernée ou le jugement de la psychologie de “l’honorable fonctionnaire au Commissaire Général”.

      Je ne pratique pas le vol en dessous de la ceinture ni cavernicole mais plutôt au dessus des “nids de coucou”.

      Foudebassan

    • L’immigration bretonne aux Sables d’Olonne

      « Une immoralité déplorable, une gourmandise qui ne connaît d’autres
      limites que l’épuisement complet des ressources pécuniaires du ménage, un
      despotisme violent et contre lequel aucun marin sablais n’ose ou ne peut
      lutter : tels sont les vices de ces femmes »

      Je me permets, monopolise et insiste un instant sur cette partie
      extraite.....

      Le damné expert eugénique
      En d’autres siècles aurait surbuché
      Folles, sorcières et sabbatiques.
      Ainsi naît le despote et le "Dutché"
      Conquis de savoir de justesse et de pouvoir
      Vérité assenée d’un océan de peur noir
      Talibanesque pensée d’hier en actualité
      Si le jeu du mot l’emporte en absolu

      Aux insoumises

      Fou

    • La chute à du se perdre dans les méandres des circuits électroniques...
      ........

      Si le jeu du mot l’emporte en absolu ...

      Des enflammés bornés, il n’en faudrait plus.

      .....sinon c’est un pneu c’est tordu....

      Fou...

  • Le mari, le chef de famille n’a aucune initiative dans son intérieur ; il est entièrement subordonné à ces femmes dans l’emploi de l’argent que lui-même gagne comme dans la direction de ses affaires domestiques.

    Une immoralité déplorable, une gourmandise qui ne connaît d’autres limites que l’épuisement complet des ressources pécuniaires du ménage, un despotisme violent et contre lequel aucun marin sablais n’ose ou ne peut lutter : tels sont les vices de ces femmes .../...

    Chouette....On savait vivre aux Sables à l’époque !!!!!!!
    VB

    • Conseils (tardifs) à l’inscriveur sablonneux de 1860 :

      « A gouvernement indulgent

      Peuple simple.

      A gouvernement sourcilleux

      Peuple rusé.

      Le bonheur se perche sur le malheur.

      Le malheur couche sur le bonheur.

      Qui connaît la limite ?

      La norme existe-t-elle ?

      La norme se transforme en ruse

      Le bien devient monstruosité

      Et le peuple devient perplexe

      Ainsi le sage

      Est carré mais ne tranche pas.

      Est pointu mais ne blesse pas.

      Il ne se développe pas au détriment des autres

      Et éclaire sans éblouir. »

      Lao Tseu (Tao té King)

      Le paumailleur d’outre-mer.

    • Touché .

      Si ainsi se sait le sage qu’il ne dit mots .

      Fou...