CLAPAGES : Le Maire de Groix écrit au Sous-Préfet

(voir copie de la lettre ci-dessous)

photo B Corpet

Les projets de dragage du port de Commerce laissaient nos élus indifférents depuis pas mal de temps. Calme plat sur le sujet....
Il est vrai que les élections approchent et qu’il ne faut pas déplaire
aux soutiens stratégiques qui, eux, ont décidé de l’immersion près de nos côtes.

Et puis, faire face à une colère comme a su en produire à Groix sur le sujet notre président de Communauté
demande d’être ferme sur ses positions. Ce qui ne semble le cas, ni ici ni ailleurs.
Où est-il le temps où, par exemple, les élus Verts parlaient de dépôts à terre, puis d’études impulsées
par Cap L’Orient ?
On en aura sans doute le résultat quand il n’y aura plus rien à draguer ou lorsque la Communauté
Européenne aura définitivement interdit les immersions de sédiments de dragages.

Eric REGENERMEL
Ile de Groix 23/11/2007
Maire de l’Ile de Groix
Opérateur Natura 2000

OBJET : Clapages

A Monsieur André Aurel, Sous Préfet de Lorient

Monsieur le Sous Préfet,

J’ai été alerté par des pêcheurs de Groix sur les conséquences du clapage des boues en cours au large de l’île de Groix dans le cadre de la campagne de dragage du port de commerce de Lorient.

Les pêcheurs usagers de la zone au nord ouest de Groix ont tout simplement renoncé à y pêcher, qu’ils soient fileyeurs, ligneurs ou caseyeurs. La turbidité de l’eau de mer dans ces parages a pour conséquence directe d’avoir fait déserter le poisson, des filets relevés sur la côte nord se sont avérés vides de poisson et couverts de vase, et ceci dès que les clapages ont commencé.

Le terme de clapage me semble d’ailleurs inapproprié au vu des témoignages des professionnels. L’ « Atlantico Due » chargé de ce travail possède deux dalots à l’avant de sa coque servant au relargage des boues. Une fois sur le site, il projette littéralement les boues par ses dalots, ce qui crée un forte dispersion des vases draguées.

Lors des délibérations des communes et de la communauté de Cap l’Orient, l’accent avait été mis sur la préférence à donner au dragage par godets. Manifestement ce voeux n’a pas été suivi.

Les informations données lors des comités de suivi m’avaient persuadé que le clapage se ferait par le fond des dragues, induisant un panache minimum en surface. La méthode utilisée crée au contraire une plus grande dispersion, plus de turbidité et donc un impact nettement majoré sur les biotopes marins environnants. Plusieurs témoins ont aussi rapporté le fait que des boues continuaient de s’écouler des dalots sur le trajet de retour du navire.

A ce stade de questionnement et d’inquiétude légitimes, il me paraît utile qu’une délégation d’élus et de représentants d’associations puisse embarquer sur l’Atlantico Due afin de se rendre compte objectivement des méthodes utilisées.

Ma position a toujours été claire, je ne cherche pas à empêcher le dragage des passes de Lorient lorsque les vases ne sont pas toxiques, même si j’ai toujours demandé que l’on reconsidère à terme l’emplacement du site de largage plus au large.
La quantité prélevée lors de cette campagne est importante, et les riverains sont attentifs aux conséquences.
Le comité de suivi que vous présidez permet une communication tout à fait correcte des informations vers les élus et associations. Mais il faut absolument que la réalité de terrain corresponde à ce qui est décrit lors de nos réunions, faute de quoi ni les élus ni les associations ne seront en mesure de relayer les informations et la crédibilité du comité ne manquera pas d’être mise en cause.

Certain de votre compréhension, je vous prie d’accepter, Monsieur le Sous-Préfet, l’expression sincère de mes salutations les plus amicales.

Le Maire
Eric REGENERMEL
www.groix.fr