Accueil > Politique > Vie municipale > Lettre municipale n° 23 juillet août 2006
Lettre municipale n° 23 juillet août 2006
25 juillet 2006, par Admin - 2 commentairesEDITO
Le PLU de Groix a été voté à l’unanimité par le conseil municipal de Groix le 29 juin dernier.
Sur les 2400 habitants de l’île, 239 observations ont été formulées lors de l’enquête publique parmi lesquelles 198 demandes particulières, dont 138 concernent des demandes de constructibilité. La commissaire enquêtrice a rejeté 95 requêtes pour non-conformité aux règles d’urbanisme (mitage, zones protégées...), 23 demandes ont été intégrées par la commune dans le projet définitif de PLU.
Par-delà ces chiffres qui ne font qu’attester de la bonne qualité de l’information et de la communication autour du PLU de Groix, les élus ont étayé leurs choix sur un vrai pro-jet pour les îliens de cette génération et de celles qui la suivront. Ce qui est l’esprit de la loi SRU.
Le premier volet du PLU commencé en 2002 est le Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PADD), qui a posé un diagnostic sur le bilan et les perspectives de l’île, fixé des objectifs, puis proposé une stratégie territoriale pour les atteindre. Rappelons qu’aucune observation négative sur ce PADD n’a été formulée, chacun à Groix semblant d’accord avec les urgences qu’il souligne.
Le diagnostic : "Ouvrons les yeux : la plupart de nos îles sont malades. Selon la vieille expression, "elles filent un mauvais coton". Elles glissent peu à peu dans la caricature, l’alternance de désert et de foule [...]. Cette alternance du Rien et du Trop sera mortelle à terme. Nos îles sont fragiles. Un jour, si rien n’est fait, elles baisseront pavillon."
Cette citation d’Eric Orsena en préface d’un ouvrage de Louis Brigand, résume de façon frappante le glissement vers l’économie résidentielle et touristique des îles breton-nes. Le POS de Groix, vieux de plus de 20 ans, était un outil incapable de réguler la pression foncière qui s’exerçait déjà, exposant l’île et ses habitants à une dégradation des paysages et donc de leur qualité de vie, à une difficulté croissante des jeunes générations pour se loger, transformant peu à peu l’île en lieu réservé à la villégiature, avec toutes les conséquences sociales que cela implique.
Qu’est-ce que l’économie résidentielle ? Tout le littoral est concerné : Selon l’INSEE, d’ici 2030 les départements littoraux, déjà fortement peuplés, devraient accueil-lir 3,4 millions d’habitants supplémentaires dont une majorité dans les espaces les plus proches du rivage. Ainsi, 130000 personnes sont venues s’installer dans les communes littorales bordant l’Atlantique entre 1990 et 1999.
Sur une île le repli vers l’intérieur est impossible. Il n’y a pas report de population mais départ définitif. La pyramide des âges est déséquilibrée, les jeunes sont sous-représentés. Même si le recensement de 2006 confirme une stabilisation toute récente de la démographie, le territoire groisillon a vu le nombre de résidences secondaires augmenter de 158,3 % entre 1968 et 1999. Les résidences secondaires sont devenues majoritaires, accentuant l’impression d’une île sans vie en hiver. Ces constructions consomment de l’espace pour n’être occupées qu’une petite partie de l’année, leurs occupants payent des taxes et consomment sur place, ce qui enrichit le territoire mais ils ne font souvent que passer, ne créent que peu d’emploi, et réclament des niveaux de services élevés. Leur attachement à l’île dépend de son identité forte et donc de la qualité de ses paysages elle-même dégradée par l’étalement des maisons. Ainsi se contenter de la seule économie résidentielle finira par tuer la poule aux oeufs d’or à relativement court terme. C’est la pente naturelle que l’on observe, il faut des choix politiques courageux pour inverser cette tendance.
Quels sont les choix qui se présentent aux élus ? Le choix de la préservation des paysages dans leur identité et leur diversité plutôt que l’étalement urbain banal, consommateur d’espace et de réseaux.
Le choix d’une commune qui cherche en elle-même les ressources de sa vitalité plutôt qu’une île qui se meurt doucement et qui reçoit pour toute thérapeutique une surdose de tourisme 6 semaines par an.
L’objectif est simple à énoncer : il faut maintenir une population à l’année et si possible l’augmenter. Ce qui signifie des logements, des emplois et un fort attachement à l’île malgré les contraintes insulaires. La mise en pratique est évidemment complexe
Pour le logement : une politique foncière active de la collectivité, telle qu’elle est menée à Landost, Mez er Groez, au Gripp et Kermunition, permettra d’accéder à la cinquantaine de demandes de jeunes îliens actifs enregistrée en mairie. Les élus pourront ainsi veiller à l’adéquation entre les projets futurs, privés ou publics, et les besoins des actifs de Groix.
La centralité du bourg est une réalité : la proximité des écoles, des commerces et services sont les nécessités quotidiennes qui l’ont fait naître. Les jeunes actifs en particulier ont besoin de ces facilités pour organiser leur vie et celle de leur famille. La place de la voiture et son stationnement, les cheminements "doux" (marche, vélo) font déjà l’objet d’une réflexion en profondeur. Iliens comme visiteurs protestent avec de plus en plus d’insistance contre l’envahissement des voitures et les stationnements anarchiques. Pourtant ce sont souvent ces mêmes citoyens qui, une fois la clé de contact tournée, se transforment en conducteurs inciviques.
La préservation des espaces naturels et agricoles est affirmée : l’engagement de stopper le mitage figurait en bonne place dans notre programme électoral de 2001. La limitation drastique de la construction en périphérie des villages, imposée par l’article 146-1 de la loi Littoral va dans te même sens. De nouvelles zones Ac pour l’implantation des agriculteurs et de nouvelles zones Nlo pour le camping ont été créées dans le respect des espaces remarquables de l’île.
L’avenir de l’économie locale est conforté : L’aménagement en cours d’une zone d’activité au Gripp contribuera au développement local, de même que l’organisation concertée du foncier agricole menée tout au long du PLU. L’avenir du bâtiment est largement préservé dans ce cadre de densification du bâti et de politique publique de logement. Les élus souhaitent donner ta priorité aux fragiles activités économiques de type agriculture, pêche et développement de productions locales.
Le PLU a su intégrer toutes les réflexions et études menées sur Groix depuis 2001 : Natura 2000 et son document d’objectif, l’étude agricole, les études concernant la fréquentation et les impacts touristiques et bien sûr les données socio-économiques de l’île. Les nouveaux périmètres de captage d’eau ont été pris en compte. Ont été menées en parallèle la réflexion du SCOT (schéma de cohérence territoriale), celle du PLH (plan local de l’habitat) et de la ZPPAUP (zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager) qui introduisent respectivement la dimension intercommunale, la maîtrise des logements futurs et la préservation du patrimoine.
L’application des lois d’urbanisme a été particulièrement difficile depuis 2001 : Au début de l’élaboration du PLU la mairie ne pouvait pas encore produire de "sursis à statuer" et les services de légalité de la préfecture laissèrent passer des demandes qui peuvent nous apparaître aujourd’hui comme des tentatives de mitage. Chacun a en tête deux ou trois maisons qui ne pourraient plus voir le jour maintenant et dont l’emplacement a pu choquer légitimement. C’était la conséquence directe d’un POS qui n’a jamais été adapté aux décrets d’application de la loi Littoral.
Puis le sursis à statuer est devenu possible, et surtout les jurisprudences se sont raffermies. Nous avons alors basculé dans la situation inverse. L’Etat a même attaqué deux permis de construire devant le tribunal administratif (comme il l’a fait sur bien d’autres communes) et bloqué des demandes qui nous semblaient pourtant cohérentes avec le futur PLU. Cette douche écossaise juridique était certainement justifiée, mais elle est arrivée au mauvais moment, chacun jugera si c’était trop tôt ou trop tard.
Il y avait donc urgence à faire ce PLU, sans lequel toute constructibilité aurait été bloquée par la simple illégalité du POS. Nous avons ainsi réparé une négligence coupable de nos prédécesseurs qui ont beau jeu désormais de jouer les critiques avisés.
Pour conclure :
Le PLU étant tissé de nécessités sociales, de contraintes juridiques et de choix politiques, il peut toujours être critiqué à chacun de ces niveaux. La concertation fut riche de débats avec les groisillons qui ont su apporter leur contribution. Les choix reviennent finalement aux élus qui les assument. Le PLU reste un outil parfois imparfait mais indispensable aux communes pour les aider à construire leur avenir. La toute prochaine révision de PLU que nous engagerons permettra de le peaufiner encore, car pour une île qui bouge, il faut un projet en mouvement.
Eric REGENERMEL
Commentaires
1. Lettre municipale n° 23 juillet août 2006, 17 août 2006, 18:17
Entre les [] de la citation d’Orsenna il y a normalement :
" le dieu tourisme n’est pas loin d’être aussi diable. Quand souffle la passion de la résidence secondaire, les prix s’affolent. Les locaux vendent. Dix mois par an, les volets sont clos. Et l’on n’entend plus, mêles aux ricanements des goelands, que les coups de marteau des "rénovations".
Reviennent les beaux jours, des hordes affluent, manne pour les transporteurs et autres vendeurs de colifichets made in Taïwan garantis authentiques. "
La citation est ainsi plus complète...
Phydeaux
1. Lettre municipale n° 23 juillet août 2006, 18 août 2006, 15:28
manne pour les transporteurs et autres vendeurs de colifichets "
et les différents "traîne-couillons"....... (pas écrit par Orsenna)
le propre d’une citation Mr Phydeaux, c’est qu’on en choisit le passage que l’on veut citer...
à continuer sous peu le débat :-))
AM