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Délibération du Conseil municipal sur l’agrandissement du port de commerce

jeudi 22 juin 2006, par Admin

Question n° 1 - Projet d’amélioration de la capacité d’accueil du port de commerce de Lorient

On pourrait dire que chaque Groisillon est aussi un peu Lorientais car le bateau de Groix peut les déposer quatre à neuf fois par jour selon les saisons au coeur même de la ville. Groix partage le destin des 19 communes de Cap l’Orient, et le dynamisme économique de l’ensemble profite à chaque commune. Dans cet esprit communautaire, Groix ne peut prétendre recevoir sans jamais donner, ni stopper des projets communs sans s’appuyer aussi sur des justifications qui dépassent le cadre purement local. Le développement harmonieux et durable de Cap l’Orient et celui de Groix sont indéfectiblement liés.

Le projet de développement du port de Lorient, qui aspire à devenir la référence du Golfe de Gascogne, traduit l’esprit qui anime les acteurs économiques, ainsi que la volonté politique des élus de la communauté dont Groix fait partie.

Parmi les axes de l’action politique de Cap l’Orient figure en bonne place la volonté d’un développement durable, d’une économie pérenne. Dans cet esprit, on attend des flux commerciaux qui traduiraient une évolution de la Bretagne vers une agriculture moins intensive, une consommation de carburants fossiles plus mesurée et une industrialisation plus douce.
Même si de telles évolutions se confirmaient, l’accès au port de Lorient pour des navires de type Panamax et un terminal pétrolier rénové resteraient encore pertinents dans un cadre de développement durable, car le transport maritime s’inscrit parfaitement dans une logique du moindre coût écologique du transport.

Les buts du projet de creusement et d’agrandissement du port de Lorient sont donc légitimes et le Conseil municipal de Groix ne les remet pas en question.

Le développement durable ne peut se résumer à des objectifs, et une de ses caractéristiques est de s’intéresser aussi aux moyens d’y parvenir, c’est à dire aux effets collatéraux de leur mise en œuvre. Le rejet en mer de 200 000 tonnes de vases et boues draguées dans les différentes passes du port ne peut pas être présenté comme dénué d’impact environnemental comme le présente le rapport d’étude.

Les nombreuses et anciennes activités industrielles et de construction navale, autant que d’entretien des flottes qui se sont succédées à Lorient ont forcément créé des pollutions qui sont venues s’amalgamer plus ou moins discrètement au milieu argilo sableux sédimenté au fond de la rade. Ce milieu absorbant et alcalin ne les a pas libérés, les emprisonnant (heureusement) dans un linceul minéral. Il semble évident que les passes qui mènent au port de commerce n’ont pas reçu le degré de pollution des quais de la DCN, mais elles méritent, dans leur partie la plus portuaire, un examen attentif.

Sur le dragage et le transport, trois points méritent d’être soulignés :

1) Les déchets toxiques (métaux lourds principalement) ne sont pas mélangés de façon homogène et forment parfois des « pépites » à forte concentration au sein du milieu plus ou moins contaminé. Selon qu’un prélèvement inclut une zone plus ou moins fortement toxique, il peut entraîner le dépassement d’une norme N2 et l’illégalité de l’immersion. Pour pallier les conséquences juridiques de cette hétérogénéité, un protocole a été mis en place : les chiffres inquiétants sont écrêtés grâce à la seule prise en compte d’une moyenne globale entre les différents prélèvements. Nous contestons la validité scientifique d’une telle méthode qui ne prend pas en compte la réalité des risques et n’applique pas le principe de précaution. Des prélèvements plus nombreux permettraient une approche plus honnête des risques et l’identification des zones les plus contaminées qui pourraient ainsi être traitées spécifiquement.

2) L’opération de dragage qui doit intervenir va bouleverser cet héritage dormant invisible et inquiétant. Le procédé de dragage peut remettre plus ou moins en suspension ce mélange, libérant ainsi des éléments toxiques. Il importe de faire le bon choix c’est à dire un prélèvement par godet qui remet un minimum de particules en suspension.

3) Une fois les boues chargées sur les barges, une surveillance attentive et constante doit s’exercer afin que leur contenu ne soit pas relâché n’importe où sur le trajet qui sépare le site de dragage du site de clapage. Les moyens modernes de traçage le permettent. Trop de témoignages circulent un peu partout sur le fait que certaines dragues se débarrasseraient de leurs boues sur le trajet pour qu’il s’agisse de simples légendes.

Sur l’immersion en mer :

Un site d’immersion a été choisi en 1996 après une étude d’impact. Ce site, situé entre Pen Men et la pointe du Talut, reçoit depuis les boues de dragage du Port de Lorient (560 000 tonnes depuis 1997). Sa profondeur varie entre - 17 et - 34 mètres. Depuis 2001, la municipalité a demandé un suivi attentif de la zone en particulier de la faune et de la flore marines. A ce jour, les études scientifiques n’ont pas trouvé de preuve de toxicité sur l’écosystème marin aux alentours du site d’immersion, qui se trouve lui-même recouvert de vases et de sable, et donc sans vie.

Un comité de suivi des boues de dragage a été créé par M. le Sous Préfet en 2005 à la suite du blocage de l’immersion de 6000 m3 de boues face à la DCN.
Au sein de ce comité, l’impact des clapages sur les fonds marins fait l’objet d’un constat contradictoire : les vidéos réalisées en 2004 témoignent d’une faune et une flore marines présentées comme conservées, alors que les associations de plongeurs déplorent un dépôt de vases croissant d’année en année principalement sur le littoral de Ploemeur à Lorient.
Dans ce bassin sédimentaire soumis par ailleurs à de vastes mouvements naturels liés aux marées et à l’écoulement estuarien, seul un suivi dans le temps permettra de déterminer la réalité de l’évolution de ce dépôt.

Une question essentielle n’a pas été suffisamment prise en compte :

Lors des clapages, un inévitable panache de fines particules argileuses s’étale en fonction des courants de marées dans les Courreaux de Groix. Sa dilution est grande et des métaux lourds enchâssés dans ces particules contaminent le milieu de façon très discrète mais inévitable.

Actuellement personne ne sait exactement les conséquences à long terme de telles pollutions sur l’écosystème, la chaîne alimentaire et finalement la santé humaine. Une politique volontariste s’appuyant sur le principe de précaution est nécessaire tant au niveau de l’air, de l’eau ou de la mer.

Pour mettre en pratique ce principe de précaution, la municipalité de Groix demande que soient traitées à terre les vases dont nous savons historiquement qu’elles ont reçu des rejets industriels ou d’entretien naval. Ceci nécessite la recherche de sites terrestres, et la mise en place de protocoles de traitement et d’élimination. La municipalité de Groix déplore qu’il n’ait pas été fait de progrès significatif dans ce sens.