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De la difficulté de se sustenter, même en payant son écot...

jeudi 19 février 2004, par AM

Bourg de Groix, 21 h. 45. (période de vacances scolaires, donc touristique)

Nous sommes cinq, nous voulons dîner.
3 restaurants successivement refusent notre clientèle.

Cela me rappelle l’expédition de deux inspecteurs du FIPOL venus constater à Groix les retombées négatives de la pollution de l’Erika.
Ils se sont pointés incognito à partir de 21 h en septembre 2000 chez les restaurateurs ayant déposé un dossier de remboursement de manque à gagner du fait de la pollution.
Aucun n’a accepté de les servir, ils sont rentrés dans leurs chambres d’hôtes où leur logeuse (qui, elle, n’avait pas demandé d’indemnités) leur a fait gratuitement un sandwich au jambon !!

J’ai osé faire remarquer aux amis qui m’accompagnaient dans notre recherche de repas que ce refus de servir n’empêchait pas certains commerçants groisillons de se plaindre ;
Réponse d’une tenancière qui avait entendu ma réflexion :
"MAIS NOUS NE NOUS PLAIGNONS PAS, MADAME !!!"

Reste à savoir si dans tous ces établissements le personnel lui, n’a aucune raison de se plaindre. (régularité des contrats, emplois du temps prévus à l’avance, heures supplémentaires payées, en un mot, respect de la convention collective.)

Que tous les "braves" gens se rassurent. Ils n’ont pas à craindre de dénonciations. Outre le fait que ce n’est pas le genre de la maison, cela ne servirait à rien, puisque, comme je l’ai déjà écrit, le contrôleur de l’inspection du travail a à peine mis un pied sur le Saint Tudy que toute l’île est au courant de son arrivée !

Mais, hélas, du fait de la politique ultra libérale de nos gouvernants, le taux de chômage groisillon imposera l’omerta aussi longtemps que les plus faibles
n’utiliseront pas leur droit à la parole, car beaucoup de chômeurs préfèreront toujours un travail mal payé et même pas très régulier que pas de travail du tout et à Groix, comme dans tous les pays sous-développés, cela fait le bonheur de certains employeurs peu scrupuleux.

Les élections régionales arrivent. Bien sûr, c’est le symbole même de "l’élection, piège à c..s", puisqu’elles ont pour but final de donner davantage de pouvoir à des élus qui un jour ou l’autre s’affranchiront des lois de la République. Mais elles peuvent aussi faire entendre ponctuellement la voix de ceux qui choisissent des candidats qui luttent contre ce libéralisme à tout va et qui souhaitent le retour à un esprit de solidarité qui fout le camp.

En attendant qu’on retrouve à Groix cet esprit qui régnait chez les pêcheurs de thons avant la guerre de 14/18, on a économisé 150 euros et on a mangé
un quignon/calendos !

Commentaires

  • Mercredi 18 Fevrier 12h une journée charmante s’annonce.

    Deux presque-touristes et une jeune Groisillonne essayent de trouver
    une crêperie, simple formalité à Groix...pleine période vacances zones A et C.

    Detrompez vous bonnes gens aucunes d’ouvertes !
    sauf Breton dans le bourg. Informatin libre de toute publicité !!!

    jean-charles Fénies

  • Un fonctionnaire qui essaye de parler de ses difficultés à exercer son métier, on dit qu’il a des revendications légitimes et je trouve ça très bien.
    Un commerçant qui essaye de parler de ses difficultés à exercer son métier, on dit qu’il se plaint et je trouve ça moins bien.
     ;-)
    Je suis restaurateur aussi mais à Belle-Ile.
    21h45 à cette époque de l’année, je trouve ça moi aussi très tard.
    Commercialement, je prends le groupe évidemment.
    Humainement, mes collaborateurs ayant droit eux aussi à une vie de famille, si toutes les autres tables ont fini de manger, je ne prends pas non plus.
    Il faut que les clients comprennent aussi que le passage aux 35 heures (39h dans l’hotellerie) est un grand progrès pour les employés. Avec leurs horaires de travail décalés, ils ne voyaient pas beaucoup leur famille.
    JMD

  • si je viens en dehors de congés scolaires, y a t’il possibilité de se loger et de se sustanter ?
    je ne suis pas inspecteur du fipol simplement un francais moyen

    Merci

    PP

    • Bravo, vous avez bien raison de venir en dehors des congés scolaires...Il y a moins de moutons !
      (encore qu’à Groix, cela n’est pas comme ça que s’appellent les composants de la "horde")
      De plus, cela fait travailler un peu mieux les employés saisonniers :) Et bien sûr que vous trouverez
      où vous loger. Pour vous nourrir, vous respecterez simplement les heures "ultra-traditionnelles".
      Et si vous voulez des conseils "personnalisés", écrivez à l’adresse du site....
      puisque vous ne nous donnez pas votre date de séjour, je vais dorénavant saluer d’un tonitruant "Salut PP" tous les inconnus dans les troquets.
      A bientôt peut-être.
      A.M.

    • C’est sympa de traiter ceux qui aimaient votre île de "horde"
      Je viens souvent chez vous, enfin je venais, à bord d’un voilier, en dehors aussi des périodes où les touristes se ruent, novembre, février, je venais aussi malgré la mer pas toujours tendre dans ces périodes. Mais c’est vrai que l’escale est de moins en moins sympa.
      Ya plus Ti beudeff, les frais portuaires augmentent à un point.......... ou on nous prend vraiment pour des abrutis.
      Il vaut mieux aller plus loin, à quelques encablures il y a Belle-Ile.
      Voui, cette escale de Groix est de moins en moins sympa.
      Je précise que je ne prends pas les restaurateurs pour des esclaves. Dommage qu’ils nous voient comme des moutons à tondre.
      Dommage dommage. Un ptit coucou à un resto sympa, le roof, c’est bon ce qu’on y mange, et on a pas l’impression d’être des intrus

  • La précarité des conditions de travail, la discrimination des femmes au travail, la sous-traitance, "le travail jetable", "le temps partiel de masse"... sont au coeur de carnets au ton vif que l’inspecteur du travail Gérard Filoche publie aux éditions Ramsay.

    A raison de trente à cinquante visites d’entreprises par mois, Gérard Filoche, inspecteur du travail depuis 1982, dresse un inventaire des conditions de travail précarisées et des infractions nombreuses au code du travail, et affirme :" plus d’un patron sur deux est un délinquant".

    L’auteur de ces "Carnets d’un inspecteur du travail", membre du bureau national du Parti socialiste et animateur du courant Démocratie et Socialisme, fait un vibrant plaidoyer pour les 35 heures, qui sont selon lui rarement respectées.

    Il critique notamment certains directeurs départementaux du travail qui octroient trop facilement des autorisations aux entreprises pour allonger la durée du travail à soixante heures hebdomadaires comme dans "ce grand établissement parisien" de haute couture.

    Dans ces carnets qui fourmillent d’exemples, Gérard Filoche évoque aussi d’autres sujets comme "la situation intenable" d’une femme au retour d’un congé de maternité, qui ne retrouve ni son poste, ni ses responsabilités, et qui s’aperçoit qu’on veut la faire partir.

    Pour lui, "les salariés, ce ne sont pas ceux d’en bas, ce sont les vrais héros de notre société, les véritables créateurs, ceux sans qui rien n’existerait".

    Il fait part enfin de la "grande misère de l’inspection du travail". "En 2002, il y a moins d’inspecteurs du travail proportionnellement aux besoins qu’en 1902". Leur nombre devrait être doublé, affirme l’auteur, qui conclut : "Tout reste à reconstruire en matière de droit et de dignité du travail".

    ("Carnets d’un inspecteur du travail" par Gérard Filoche, Ramsay, 321 pages, 21 EUR).

    la section PS de Groix devrait inviter Filloche . Il est moins connu que le contrôleur de Lorient :))

    AM