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SAUVONS « BICHE »

vendredi 6 mai 2005, par Admin

Photo Ouest France

C’est le dernier thonier survivant d’une flottille qui en comptait plusieurs centaines sur la côte atlantique de 1900 à 1950. Construit en 1932, il est attaché au port de Groix jusqu’en 1953. Il est alors armé en plaisance sous pavillon belge, puis sous pavillon anglais. Il est acheté en 1991 par le musée maritime de Douarnenez et classé dans les collections des musées de France. Pendant 10 ans, il ne peut faire l’objet d’aucun entretien par le musée, faute de moyens. En 2003, Biche est dans un état jugé désespéré et le musée décide de l’envoyer en souille au cimetière de Port Rhu.

En juin 2003, notre association a été constituée pour sortir le Biche de Douarnenez, le restaurer et le refaire naviguer à la pêche en retrouvant les techniques de navigation et de pêche traditionnelles.
Ces données sont le fondement de nos statuts
Ce projet était connu et approuvé par tous, y compris la Mairie et le Musée de Douarnenez ainsi que la Direction Régionale de la Culture, avec qui nous avions eu plusieurs réunions. Nous avions leur soutien.
Tout s’est compliqué car nous n’avons pas voulu sortir Biche du Port Musée tant que notre financement n’était pas clair. La Mairie et le Musée de Douarnenez ont quelques difficultés à comprendre que l’on ne trouve pas 1,5 million d’Euros en 6 mois.
Le musée de DZ a donc décidé de mettre Biche en vasière fin Novembre, mise à grève à laquelle s’est opposée l’association le 23 novembre, avec les tensions qui s’en sont suivies, puis se sont tassées.
Malgré ces tensions, la mairie de Douarnenez nous a autorisé à élinguer Biche dans sa souille afin de le maintenir droit et donc capable d’en ressortir.
Le 5 mai 2004, BICHE est enfin sorti de Douarnenez, avec force autorisations, assurances, une convention de mise en dépôt au musée de Groix, la bénédiction de la mairie de Douarnenez, l’appui de la Drac et l’absence des représentants du Port Musée. Pour parvenir à transférer BICHE à Brest en vue de l’exposer à Brest 2004,
l’association déjà forte de plus de 300 adhérents a du faire appel à tous ses appuis relationnels, politiques et a investi 30000 ? sur ses fonds propres.

Nous pensons passer alors à la phase active de notre projet, montage financier, mise en place du chantier etc.
Le Conseil général du Morbihan soutient ce projet de restauration et peut en assurer une part de financement ; le conseil régional de Bretagne également. Nous pouvons aussi financer 60% dans le cadre du mécénat culturel et sur ce point nous avons déjà de solides appuis de la part de grandes entreprises françaises. Notre projet est
donc devenu viable sur le plan financier et nous nous apprêtions à transférer BICHE depuis Brest jusqu’à un port d’accueil du Morbihan pour ouvrir le chantier de restauration sur 4 ans.

Hélas, les musées considèrent alors que Biche, bien inaliénable appartenant aux collections des Musées de France, ne peu pas être restauré, car en le restaurant nous allons détruire l’objet muséographique. On nous conseille donc de mettre Biche sur un terre-plein à Groix et de construire une réplique. Inacceptable ! Sans notre intervention il y a 6 mois ce bateau serait couché dans la vasière de Port Rhu.

Grâce à Monsieur François Goulard, nous avons une entrevue au Ministère de la Culture et sommes reçu le 12 octobre par M. Notari, chef de Cabinet chargé du patrimoine, en présence de Madame Callas, (Musée de France), Monsieur Decaux, (DRAC), Marc Pabois (monuments Historiques), Gérard d’Aboville (Fondation du Patrimoine Maritime) et Président d’honneur des Amis du Biche. A l’issue de cette réunion, M. Notari considère que la seule issue raisonnable (dans la mesure ou, en dehors de l’association, personne ne veut ni ne peut se charger de l’entretien de BICHE) est le déclassement pur et simple. Il demande à Madame Callas de mettre en place cette procédure. Gérard d’Aboville suggère que Biche soit ensuite classé Bâtiment d’Intérêt Patrimonial.

L’administration des Musées (à l’inverse de la position du cabinet du Ministère de la Culture) n’approuve pas ce déclassement, considérant désormais, mais un peu tard, que Biche est un monument exceptionnel du 20ème siècle. On découvre alors qu’en 1991, il a été financé par le Fond Régional d’acquisition des Musées (F.R.A.M.) et qu’à ce titre, le déclassement est interdit, même si l’objet est dans un état
lamentable. Biche ne pourrait donc pas quitter son statut d’objets des collections des Musées de France. L’administration craint aussi de faire une jurisprudence et que Biche soit le premier « évadé » des bateaux des collections. L’une des idées de cette administration consiste à détruire BICHE pour en récupérer quelques pièces à
exposer au Musée de Groix. En parallèle, l’administration apporte son soutien aux Amis du Biche pour construire une réplique neuve., mais pas d’argent !

Nous avons créé cette association pour sauver Biche pas pour fabriquer un clone ; l’engagement de subvention accordé par le Conseil Général (25%) n’est valable que sur un projet de restauration et si l’association est propriétaire de bateau ; le conseil Régional avec qui nous avons rendez-vous le 12 mai est dans la même
position.
Les mécènes que nous avons contactés sont également passionnés comme nous tous par une restauration, un sauvetage, mais pas par une réplique.

Nous devons donc, tous ensemble, maintenir une forte pression autour d’un système administratif qui méconnaît ce qu’est un bateau, dont le système réglementaire est inadapté à la sauvegarde réelle du patrimoine maritime. Maintenir cette pression et sortir de cette situation pour qu’enfin le chantier de restauration puisse
commencer. Pendant ce temps, Biche vieillit et nous aussi !

Dernière nouvelle : une solution pourrait enfin être mise en place avec l’administration des musées de France pour respecter à la fois la déontologie actuelle des musées et notre objectif de restauration de Biche. Merci de cette bonne nouvelle qui reste à concrétiser.

Marc Maussion 5 mai 2005

Commentaires

  • merci à toutes les personnes de bonne volonté qui oeuvrent pour que nos racines demeurent.

    un groisillon de coeur et de sang
    Roger

  • Une petite rétrospective sur l’histoire du "Biche" :

    En 1979 j’ai eu le plaisir de faire partie de l’équipe de " Groix Vie et Traditions" qui, appelée en urgence par le propriétaire de l’époque "Charles Boots", un écossais typique, "Biche" était réfugiée à Portsall, remorquée par le canot de sauvetage local, car en difficulté (drisse de grand voile coincée dans sa poulie de tête de mât, etc..).

    Avec Dominique Duviard et les autres marins du groupe nous avons ramené "Biche" au moteur et à la voile, malgré l’opposition de l’écossais, parfaitement ignare en matière vélique, à Groix.
    Durant le voyage nous avons constaté que le bateau faisait eau comme un panier, car les bordés fatigués par l’âge et la motorisation s’écartaient et nous avons du pomper tout le temps pour maintenir la cale à un niveau acceptable.

    Nous avons constaté ensuite que la difficulté n’était pas trop de faire naviguer le bateau autour de l’île durant les deux mois de saison d’été, nous avions à l’époque un réservoir d’inscrits maritimes groisillons retraités qui connaissaient la pratique sur ces navires et nous qui nous ont permis de faire du charter à la journée durant juillet et aout 1979. Le problème se posait pour faire stationner, entretenir, naviguer, ce type de voilier toute l’année à Groix.

    L’enthousiasme et l’énergie des bénévoles de l’association ne suffisait pas à cette tâche et nous avons pris la sage décision, selon moi, de ne pas poursuivre dans cette voie.

    Le port-musée de Douarnenez, dont nous connaissons le destin, a acquis le bateau mais ne l’a pas (faute de moyens financiers), entretenu, ce qui l’a rapidement conduit à l’état d’épave.

    En conclusion, bravo pour le travail des bénévoles romantiques (groisillons ou non, je préfère parler de passionnés de voile traditionnelle) qui ont maintenant le dossier en main, mais pourquoi ne pas utiliser toute cette belle énergie pour un bateau du même type, flambant neuf, mais souvenons nous que vous la force du bénévolat ne résiste pas longtemps aux contraintes de telles aventures.

    Kénavo déoc’h

    Joseph Gallo

    • A Joseph Gallo

      Merci pour votre témoignage. Je sais, car j’étais à Groix à cette époque, toute l’énergie que Dominique DUVIARD et Groix et Traditions ont dépensés pour Biche, et pour la mémoire de notre patrimoine maritime. Je suis en admiration devant le travail réalisé par toute cette équipe.
      Si nous nous obstinons aujourd’hui pour sauver Biche, c’est surtout parce qu’il est le dernier, et qu’en tant que tel il mérite tous nos efforts. Quel pourcentage a-t-on gardé de Pen Duick I, de notre Dame de Rumengol, du Parlement de Rennes, du Pont du Bono........? La renaissance de tous ces monuments a pourtant mobilisé de nombreux passionnés, mais également le ministère de la culture, la Drac, des financiers..........

      Nous sommes passionnés, peut être romantiques, mais pas rêveurs. L’exploitation commerciale de Biche permet l’équilibre avec 3 permanents, et 75 jours de mer (evenements inclus). Ces données sont basées sur l’exploitation des bateaux de Goelia qui equilibrent tous.

      Meilleures salutations, merci de votre soutien et n’hésitez pas à consulter notre site www.biche.asso.fr ou écrivez moi marc.maussion@wanadoo.fr

  • Mon pére a quitté le port ce mardi 10 Mai et navigue vers d’autre cieux actuellement, aussi cela me fait tout drole en naviguant sur le net de trouver cet article qui me rappel toutes les histoires que mon père me racontait sur sa jeunesse, la pêche au thon, les dundees.
    En tout cas, je vous souhaite beaucoup de courage pour que votre projet aboutisse, quitte à faire une réplique du Biche, ne vous enfermez pas. Votre projet ne serait plus le même bien sur mais vous pourriez l’appeler "renaissance du BICHE".

    Bernard, un fils de Groisillon ancien mousse à bord des dundees.