Accueil > Environnement > LETTRE DE LA RESERVE NATURELLE FRANCOIS LE BAIL - N° 15 - Année 2004

LETTRE DE LA RESERVE NATURELLE FRANCOIS LE BAIL - N° 15 - Année 2004

jeudi 20 mai 2004, par Admin

EDITORIAL

La Réserve Naturelle de l’ile de Groix, a comme les années précédentes, attiré de nombreux visiteurs, pour admirer tant son passé géologique, certes lointain et parfois obscur, que ses richesses présentes (fore et faune, en particulier les oiseaux nicheurs). Pour ces visiteurs, la Réserve a organisé de nombreuses animations, tout en poursuivant son travail d’entretien, d’inventaire et de suivi.

Nous nous sommes promis de répondre aux fortes demandes de documentation de ces curieux de nature en achevant un numéro spécial de Penn Ar Bed entièrement consacré à Groix.

Comme pour les autres secteurs d’activité, l’an 2003 a été une année budgétaire difficile pour la protection de la nature (gel des crédits d’investissement). Le budget de la Réserve Naturelle n’a pas échappé à ces contraintes, puisque l’exposition sur les Papillons de Groix a été réalisée sans soutien spécifique (mais grâce à l’aide de nombreux groisillons !).

Ceci étant, l’année 2004 a débuté sous de biens meilleurs auspices, puisqu’un soutien financier au travers de projets de convention ont été élaboré avec les partenaires de

Bretagne Vivante, en particulier la commune de Groix (reversement d’une partie de Ia TPM) et le Conseil Général du Morbihan.

Michel BALLEVRE

GEOLOGIE

SYNTHESE DES DERNIERS TRAVAUX

Plusieurs publications concernant ’la géologie de l’île de Groix sont parues
cette année :

- Dans le magazine "Pour la science" de mars 2003, "Groix une î1e fossile",
de Ballèvre M., Bosse V., Feraud G.

Cet article retrace l’histoire géologique de Groix au regard des nouvelles
connaissances.

- Une publication plus pointue de Ballèvre M., Pitra P. et Bolet M. a
également été publié cette année. Dans ce travail, les auteurs reviennent
sur une des énigmes de la géologie groisillonne : les amas micacés en forme
de prisme à section losangique dans certains schistes bleus. L’origine de
ces amas est une énigme en ce sens que les micas remplacent un minéral dont
seule la forme est conservée. Les géologues appellent de tels objets des
fantômes (ou pseudomorphoses). L’hypothèse suivant laquelle ces
pseudomorphoses seraient celles de la lawsonite est validée parce travail.

En collaboration avec Michel Ballèvre, Suzanne Schmidt, professeur à
l’Université de Genève, avec son étudiante en DEA, Afifé El Korh, ont
commencé un travail de recherches afin de tester le modèle suivant lequel
l’île présenterait deux unités, en analysant les roches basiques qui
contiennent du grenat. Le modèle prédit en effet l’existence de deux unités,
l’une à grenat (Primiture), l’autre sans grenat (Piwisy).

Dans cette dernière, certains chercheurs ont toutefois signalé l’existence
de grenat. La question est donc de savoir si le modèle de deux unités est
erroné ou si d’autres facteurs expliquent la présence du grenat dans l’unité
orientale.

EROSION LITTORALE

Comme tous les ans depuis 1997, nous avons effectué le suivi du recul du
trait de côte. Le recul est minime cette année.

Par contre, à quatre endroits différents du littoral de Lumiarett à Porh
Morvil, certaines parties du sentier côtier sont devenues dangereuses pour
les piétons du fait de l’érosion de la falaise. Nous avons donc installé
quatre "guides" incitant les promeneurs à ne pas passer trop près du bord.
Malheureusement deux de ces aménagements ont été détruits. Nous en avons
reposé trois au printemps 2004.

Nous venons de réaliser un escalier au niveau de Porh Morvil. Le sentier
était devenu trop dangereux. Cet escalier est légèrement en retrait du
sentier et va permettre à tout un chacun de se promener sur ce passage, sans
encombres.

DECHETS A LA COTE

L’hiver 2002 / 2003 un cargo a perdu en mer un container de lingettes pour
bébés. Ce qui a occasionné un travail fastidieux pour nettoyer la réserve,
mais cela aura permis de faire quelques économies pour les jeunes parents !

Des plaques de mazout du Prestige se sont aussi échouées à Groix, dès la fin
avril et jusque fin juin.

ACCUEIL ET ANIMATION - MAISON DE LA RESERVE

De septembre 2002 à septembre 2003, il y a eu 3095 visiteurs à la maison de
la réserve.

Tout le monde a eu le loisir de venir voir l’exposition sur les papillons de
jour de groix qui a eu lieu cet été dans la salle d’exposition temporaire.
Nous tenons à remercier tous les participantes et participants qui nous ont
confié leurs ouvres et ouvrages (dentelles, broderies, crochets, peintures,
dessins, poésies.) ainsi que ceux et celles qui nous ont prêté du matériel
(livres, jeux, tables.).

Nous remercions particulièrement Françoise Py pour la réalisation de
l’affiche de l’exposition, de marques pages et d’albums de coloriage.

- PROGRAMME PEDAGOGIQUE

Depuis septembre 2002, 4259 personnes ont participé aux animations proposées
par Catherine Robert et Frédéric Le Cornoux. La fréquentation a augmenté de
6% par rapport à l’année précédente. Nous travaillons toujours avec le
centre d’accueil de la ville de Colombes du Fort Surville (30 animations sur
la flore, la géologie, les oiseaux et le milieu marin, pour huit classes).

En période scolaire, nous avons accueilli 75 classes. Nous avons effectué 25
animations pour les écoles de Groix.

La réserve a participé en 2003 à l’opération "S eau S littoral" mise en
place depuis 1994 par Cap l’Orient et l’office central de la coopération à
l’Ecole du Morbihan.

C’est l’école publique de la Trinité qui a bénéficié de cette opération en
2003 : 4 animations avec les CP / CE et 4 animations avec les CM ont été
réalisées sur le thème de l’eau et de sa protection.

Pour l’année scolaire 2003 / 2004, Cap l’Orient a choisi de faire participer
à ce projet les CM de l’école Saint Tudy.

Nous accueillons également de plus en plus de classe de 1ère S et de
Terminale qui viennent en visite de terrain dans le cadre de leur programme.

Mais la grande nouveauté en 2003 en matière d’éducation à l’environnement
sur Groix fut la création d’un Club Nature pour les enfants de l’île. Tous
les mercredis de 14h à 16h30, rendez-vous était donné chez Catherine Robert
à Lomener, à une douzaine d’enfants pour découvrir petit à petit la nature.

A travers 29 animations tout au long de l’année, nous avons pu aborder des
thèmes très variés : faune et flore de l’estran, observation des oiseaux sur
la plage de Locmaria, capture et détermination de papillons avant relâche,
mais aussi confection d’un papillon cerf-volant, fabrication de sirop de
fleurs de sureau, confection de teintures végétales, de flan aux algues et .
chocolat bien sur !

Nous remercions Anne Duviard, fidèle accompagnatrice du Club, Corinne Jacob
de "’La Salicorne" pour une animation sur la gravure ainsi que Sarah Weber,
Solenne Pedron, Zoé Duviard, Frédéric Levé et Hervé Guillermic pour leur
aide ponctuelle.

Nous espérons pourvoir reconduire cette activité dès la rentrée scolaire
2004 /2005.

A l’initiative de la réserve et dans le cadre de l’Ecole de la Nature de
Bretagne vivante, un stage de découverte des araignées animé par S. Le Gleut
a eu lieu fin d’août.

CURIOSITE

L’été dernier, vous avez sans doute ressenti des picotements lors de vos
bains de mer. Cela était dû à des larves de méduses invisibles à l’oil nu
(elles mesurent entre 0,5 et 3 mm). Celles-ci se sont bien développées grâce
aux conditions climatiques exceptionnellement chaudes entraînant une
température de l’eau inhabituelle.

DU COTE DES OISEAUX

Le 16 mai 2003, nous avons recensé, aidés de Sarah Weber, les colonies
d’oiseaux marins entre Pen Men et Inévéli.

Goéland marin : 4 couples
Goéland brun : 15 couples
Goéland argenté : 219 couples
Goéland huppé : 32 couples
Fulmar boréal : 21 individus

Les effectifs de goéland argenté ont diminué d’un tiers entre 2002 et 2003.
Cette baisse importante du nombre de goélands nicheurs est-elle due à une
trop forte fréquentation de site de Pen Men au mois de mai, et/ou est-elle
due à un phénomène plus général de baisse globale au niveau de la Bretagne ?

Cela devra être vérifié dès cette année.

Chez les mouettes tridactyles, nous avons reconduit l’expérience menée l’an
dernier, en réinstallant un leurre destiné à effrayer les corneilles qui
exercent une prédation sur leurs colonies. Malheureusement, ce leurre a
disparu début juin ce qui a donné tout loisir aux prédateurs de détruire les
couvées. Seuls 6 jeunes se sont envolés des falaises de Groix en 2003.

En complément du couple d’huîtrier-pie déjà connu vers Inévéli, nous avons
observé également, le 9 juin, un nid avec trois oufs sur la pointe des
Saisies. Celui-ci a sans doute été prédaté car nous n’avons retrouvé qu’un
seul ouf le 27 juin.

Le grand corbeau se reproduit toujours sur l’île. En 2003, ce sont 3 jeunes
qui ont pu s’envoler. Cette espèce est menacée sur la région Bretagne : on
ne compte plus qu’une vingtaine de couples en 2003 contre 59 dans les années
84-85.

La nidification sur Groix du gravelot à collier interrompu connaît toujours
les plus grandes difficultés. Nous n’avons constaté de reproduction qu’à
Porh Pornène et à Lumiarett avec 4 poussins en tout en 2003.

Nous avons choisi cette année de consacrer notre dossier de la lettre de la
réserve à cet oiseau afin que chacun puisse mieux le connaître.

Observations remarquables :

- Un oiseau commun sur le continent mais rare sur Groix a été vu dès le mois
de février à Moustéro puis pendant tout le mois de mars (donnée C. Pouzoulic
et M. Le Gouestre) ; il s’agit du geai des chênes.

- Le 24 mai (donnée C. Grevot), un loriot a été observé à Beg Melen.

- Enfin, le 30 juillet, 2 ibis sacré sont passés au-dessus des Sables roues
(donnée E. Durup). - Ces oiseaux, à l’origine échappés du parc de Branféré,
sont aujourd’hui naturalisés dans notre région et se reproduisent dans le
Golfe du Morbihan.

- A la fin du mois de juillet, du 25 au 31, nous avons eu le plaisir
d’admirer un pluvier doré en plumage nuptial, à la pointe des Chats.

- Suite à la destruction de nids d’hirondelles à Locmaria cet été, nous
rappelons que toutes les espèces d’hirondelles sont protégées par la loi.

INVERTEBRES

En 2003, les travaux de détermination ont continué et différents articles
devraient paraître, notamment sur les libellules.

MAMMIFERES MARINS

Cet été aura été marqué par la présence régulière autour de l’île, d’un
grand dauphin, "Tursiop truncatus". Ce dauphin, qui a été nommé Randy est un
mâle solitaire de 300 kg, très aisément reconnaissable grâce à une encoche à
la nageoire dorsale.

Il a commencé à se rapprocher spontanément des hommes il y a deux ans. Il
fut repéré tout d’abord en Irlande pendant l’été 2001, puis vu dans la
Manche avant de réapparaître en Bretagne et en Vendée.

Nous l’avons observé à Groix dès le 21 juin à Sableg ru, le 24 juin à la
baie des Curés, le 20 juillet, le 22 août et le 21 septembre à Port-Tudy.

N’oublions pas que, pour une éventuelle rencontre, Randy peut parfois être
agressif, pouvant entraîner des nageurs vers le fond ou vers le large. De
plus, il peut nous transmettre des maladies par morsures.

De manière moins agréable, nous avons mesuré trois dauphins communs morts,
en mars.

Le 29 avril de la même année, un jeune phoque gris mort était envoyé à
Océanopolis pour subir une autopsie. Cet individu avait été vu vivant sur la
côte sud pendant la semaine précédente.

REPTILE (tortue)

Le 20 septembre 2002, Monsieur Guéran a trouvé un cadavre de tortue luth
(dermochelys coriacea) au large de Pen Men et l’a remorqué jusqu’à
Port-Tudy, où tout le monde a pu l’admirer ; elle mesurait 1,90 m de long
pour 1,50 m de large. C’est très probablement l’hélice d’un bateau qui lui
avait défoncé le crâne. Cette espèce vit principalement dans les eaux
chaudes de la ceinture intertropicale, se reproduisant essentiellement sur
les plages de Guyane. On peut cependant les observer très loin de cette
zone. Ainsi, chaque année, quelques spécimens s’échouent sur les côtes
anglaises et françaises.

SUIVI BOTANIQUE

A la pointe des Chats, nous avons comptabilisé 65 pieds d’ophrys abeille fin
mai 2003. La population de cette petite orchidée reste stable d’année en
année.

En ce qui concerne la pelouse des Chats, la recolonisation continue à se
faire, depuis la mise en défense du site, et ce, malgré la marée noire de
l’Erika. La sécheresse de l’été passé a probablement ralenti la repousse en
2003.

Sur Pen Men, il semblerait que nous assistions à un arrêt dans le processus
de cicatrisation des pelouses littorales. Cet arrêt peut certainement être
mis en corrélation avec le fort piétinement humain (vélos et piétons) et la
présence des lapins.

Depuis 1997, il n’y a pas eu d’action de gestion des landes sur la réserve.
Le maintien de la diversité nécessiterait une nouvelle coupe en particulier
sur les parcelles gyrobroyées en 1990, près de la radio balise. Le coût du
gyrobroyage étant important, il serait intéressant de mettre en place sur de
petites surfaces, des expériences de pâturage avec des espèces rustiques
(moutons d’Ouessant.) et en parallèle, sur d’autres surfaces préalablement
gyrobroyées, mener des essais de fauches régulières à 50/60 cm tous les cinq
à sept ans.

Nous espérons pouvoir trouver des financements qui permettraient de pouvoir
lancer un programme de gestion de ces landes à bruyères cendrées et à
bruyère vagabonde ; cela représenterait un exemple de gestion des landes de
Groix et serait très utile, sans doute, pour le programme Natura 2000.

RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES

Dans le cadre d’un programme de recherches sur l’île de Groix, un groupe
d’archéologues est venu effectuer des fouilles sur la réserve entre le 18
mai et le 15 juin 2003.

Ces chercheurs de l’université de Rennes I, accompagnés d’étudiants, ont
fouillé trois sites :

- le secteur du Sanaga (étude du Paléolithique)

- Pen Men, au niveau de l’éperon barré (étude du Néolithique)

- Porn Pornène et les Saisies (étude de l’Age du fer)

Les chercheurs ont été satisfaits de leurs prospections. Cependant, ces
fouilles n’ont pas été sans conséquences quant à la dégradation des pelouses
de bord de mer.

DOSSIER SUR LE GRAVELOT A COLLIER INTERROMPU

Le gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus) fait partie du
groupe des limicoles. Le mot limicole vient du latin "limus" (limon, boue)
et cola (qui habite ou exploite). Les limicoles sont les oiseaux que l’on
nomme plus couramment les petits échassiers.

- IDENTIFICATION

Le gravelot à collier interrompu est un oiseau assez petit. En moyenne, il
mesure 15 cm de longueur pour 34 cm d’envergure et pèse autour de 50 g. La
couleur de son manteau est brun fauve assez pâle et sa face et son dessous
sont blancs pur. Son front et son sourcil sont également blancs et un
bandeau sombre part du bec jusqu’en arrière de l’oil. Deux tâches sombres de
chaque côté de la poitrine font comme un collier interrompu sur la face
pectorale. Le bec noir et les pattes ardoisées très sombres sont typiques de
l’espèce.

- DISTRIBUTION

Sa distribution européenne comprend la côte Atlantique du Danemark à
l’Espagne, toute la côte méditerranéenne jusqu’à la Mer Noire, la Hongrie et
la Roumanie. En France, l’espèce est présente modérément dans le secteur
Manche / Atlantique et plus abondamment sur les rivages méditerranéens. On
estime la population nicheuse française à 1500 couples.

- HABITAT

Le gravelot à collier interrompu est très lié aux milieux salés, où il niche
exclusivement. Sur les rivages maritimes, les nicheurs se cantonnent
principalement sur les plages sablonneuses et les dunes voisines. Sur Groix,
l’espèce est présente sur la plage des Grands Sables ainsi que sur les
plages de Porh Pornène et Lumiarett vers les Chats

- ACTIVITE ET ALIMENTATION

Le gravelot à collier interrompu est un coureur très rapide. Par moment, la
vélocité de ses pattes est telle qu’elles ne sont plus visibles. Il peut
aussi s’arrêter brutalement. La vivacité de ses réactions n’a d’égal que son
humeur craintive. C’est aussi une espèce très sociable et il n’est pas rare
de trouver de véritables troupes d’individus souvent associées à d’autres
limicoles. Son alimentation se compose d’invertébrés collectés sur les
différents étages de la plage. Sur l’estran, les oiseaux vont chercher des
vers marins, des petits mollusques et crustacés. Plus haut, dans les laisses
de mer, talitres et insectes sont les proies les plus recherchées. Enfin en
haut de plage, les repas sont faits de coléoptères, diptères et autres
insectes ainsi que d’araignées.

- REPRODUCTION

L’esprit grégaire est encore bien marqué à l’arrivée sur les lieux de
reproduction, en mars ou avril. Mais si le territoire est partagé pour les
besoins de la colonie (nourriture, repos.) un espace "privé" de quelques
mètres carrés est destiné à la parade et au nid.

Le gravelot à collier interrompu est très fidèle au site de reproduction
mais l’emplacement du nid est différent d’une année sur l’autre. A Groix, on
compte environ un à deux nids vers la pointe des Chats et cinq à six nids
sur la plage des Grands Sables. Tous les adultes sont présents au 20 avril.

Par la ponte de son premier ouf, la femelle fait son choix entres les
ébauches de nids creusées au préalable par le mâle. Il y a deux ponte de
trois oufs maximum, très mimétiques avec le milieu entre mi-avril et fin
juillet.

L’incubation sure environ 27 jours, les deux adultes se relayant au nid. Les
poussins sont nidifuges, c’est-à-dire qu’ils quittent le nid dès le premier
jour, guidés, réchauffés et surveillés par les parents.

Pendant la reproduction, toute intrusion dans le territoire déclenche des
manouvres de diversion de l’un ou l’autre des parents : ils peuvent simuler
la blessure en trottant avec les ailes pendantes et la queue basse ou bien
se traîner en battant des ailes, face au danger, avec des cris de détresse.

Les poussins se terrent alors sur le sol afin d’échapper à la vue des
prédateurs.

Ceux-ci seront capables de voler, selon la rapidité de leur croissance qui
dépend de l’abondance de nourriture, à l’âge de 27 jours ou seulement à
partir de 41 jours.

- MIGRATION

Après la reproduction, les premiers mouvements sont perceptibles dès le mois
de juin. Les départs s’intensifient en juillet et août pour voir le maximum
atteint en septembre. Le voyage prend la direction du sud. Les gravelots
longent les côtes atlantiques vers l’Afrique occidentale. L’hivernage semble
se concentrer du Maroc jusqu’en Mauritanie, d’où il se prolonge vers le
golfe de Guinée. Il y a un petit nombre qui hivernent en Camargue et en
Corse.

Le retour sur les lieux de nidification débute en mars et peut se prolonger
jusqu’en mai.

- STATUT

Le gravelot à collier interrompu est une espèce qui est en déclin général,
se raréfiant dans le nord de l’Europe. La Bretagne n’échappe pas à ce
constat et nous allons essayer ici de comprendre les raisons de ce déclin
chez nous. Rappelons avant tout que cette espèce est intégralement protégée
par la loi.

- POPULATION GROISILLONNE

Naturellement, les grandes marées et des vents violents peuvent détruire ou
ensabler les oufs. S’il y a une destruction constatée, les adultes peuvent
faire une ponte de remplacement s’il reste encore suffisamment de temps
disponible.

De plus, sur Groix, cette espèce fréquente des plages très fréquentées dès
le début de la période de nidification. Il y a donc des risques importants
d’écrasement des oufs, de couvaison interrompue voire d’abandon du nid.

Nous pouvons très facilement savoir si nous dérangeons un couple car les
adultes réagissent à la présence d’éventuels prédateurs.

Cris d’alerte, manouvres de diversion (simulacre d’une blessure à l’aile)
sont les indicateurs de la présence d’un nid proche.

Si nous constations de tels comportements, il convient donc de nous éloigner
rapidement du lieu afin de laisser les oiseaux couver tranquillement.

Tenir son chien en laisse sur les plages en période de nidification est
aussi recommandé ; cela évite bien des dérangements voire même que les
poussins ne se fassent dévorer.

Sur la réserve naturelle, à Porh Pornène, nous avons déjà indiqué la
présence de l’espèce avec des petits panneaux donnant quelques
recommandations pour éviter un dérangement trop important. Nous
renouvellerons cette mesure d’information en 2004.

Mais nous soupçonnons que certains couples de gravelots s’installent sur le
haut des falaises de la côte sud de l’île.

En 2004, nous allons donc mettre en place un suivi précis de la population
groisillonne de gravelots à collier interrompu, afin de répertorier tous les
couples reproducteurs de Groix et de comptabiliser le nombre de jeunes qui
arrivent à naître et s’envoler. L’étude se fera sur la plage des Grands
Sables, la plage du Porh Pornène et sur la côte sud de l’île, entre le trou
de l’Enfer et la vie du Ven Hoal.

Nous espérons ainsi parvenir à une meilleure connaissance de la population
groisillonne de gravelot et pouvoir prendre les mesures adéquates pour que
ce petit oiseau trouve les conditions idéales de reproduction sur l’île.

La présence de gravelot à collier interrompu sur Groix est une vraie
richesse et le comportement de chacun es fondamental pour cette espèce
continue de s’installer sur nos plages afin de se reproduire et de nous
émerveiller.

- Bibliographie : Limicoles gangas et pigeons d’Europe - tome 1 - de P.
Géroudet pages 109 à 117. Editions Delachaux et Niestlé.

PROJETS

L’exposition temporaire de cet été sera consacrée aux fougères et plantes
alliées (isoètes et prêles) de l’île de Groix. Les groisillons qui voudront
participer à cette exposition (prêt d’ouvres ou d’objets) seront les
bienvenus.

La rédaction d’un nouveau Penn ar Bed spécial sur Groix a débuté et la revue
devrait sortir dans l’année 2004.

Nous comptons éditer des plaquettes destinées au grand public concernant la
géologie de Groix, les oiseaux et la botanique.

Nous souhaitons améliorer les suivis botaniques mis en place sur la réserve,
à Pen Men, à la pointe des Chats. Nous espérons aussi poursuivre les
expériences de gestion des landes.

Compte tenu des dernières découvertes des géologues, les panneaux sur la
géologie de la pointe des Chats devront être actualisés. Nous espérons
pouvoir le faire dès cette année, si nous en trouvons les financements.

L’équipe de la réserve poursuivra sa participation aux réunions concernant
Natura 2000.

Commentaires