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Impact du prélèvement du sable marin sur l’évolution du trait de cote à YOFF Sénégal

samedi 3 février 2007, par Admin

Centre National de Données Océanographies ---TOGO

Résumé du mémoire de D.E.A. :

Les observations et mesures effectués sur le segment du cordon sableux de la côte nord de la presqu’île du Cap Vert (Sénégal), d’une longueur de 2015 m linéaire, mettent en évidence les principaux changements dans la morphologie de la plage, la granulométrie, et la géochimie des sédiments, renforcés par le prélèvements de sable marin.

Ce segment est situé entre 17°27’34’’ – 17°29’50’’ ouest et 14°45’5’’ nord
Cinq des sept stations installées en 1998 ont été observées. Des profils transversaux s’appuyant sur ces 5 stations ont été réalisés à l’aide d’un géodimètre à rayons lasers muni d’un réflecteur.

Ces profils ont été ensuite comparés aux profils réalisés en 1998 afin d’évaluer l’état actuel de la côte en relation avec le renforcement du prélèvement du sable et l’élévation du niveau marin.

L’analyse comparative de ces profils a permis d’établir le recul du trait de côte.
Ce recul est particulièrement observé au niveau des profils II et III, qui correspondent à la zone d’extraction de sable. La régression de la côte s’est traduite par un aplanissement des dunes frontales et l’obliquité du profil II par rapport à la ligne actuelle du rivage.

Cette inclinaison de profil témoigne d’un départ massif de sédiments. Les changements morpho-sédimentologiques se manifestent par des alternances séquentielles d’érosion et de dépôt n’obéissant à aucun rythme saisonnier.

L’analyse de la vulnérabilité a enfin permis d’apprécier le degré de vulnérabilité du milieu à l’élévation du niveau marin. Les pertes éventuelles sont estimées à 4.200 $US/jour soir 1.533.000 $US/an.

Les résultats de cette étude visent à attirer l’attention des populations et des décideurs sur un fait réel :

Celui des conséquences du prélèvement du sable marin
Et ainsi grâce à l’élaboration de pratiques éclairées basées sur les savoirs et connaissances traditionnelles contribuer au renforcement de la gestion durable de la côte.

CONCLUSION

L’étude de l’impact du prélèvement du sable marin sur l’évolution du trait de côte à YOFF a été initiée dans le cadre du suivi de la côte de YOFF, dans l’objection d’appréhender les impacts physiques sur le fonctionnement du littoral et le renforcement de l’érosion côtière en relation avec l’élévation du niveau marin corollaire au réchauffement climatique. Le prélèvement du sable marin à YOFF a contribué au recul du trait de côte.

En effet, le stock de sédiments de la plage a été sérieusement entamé. Les échanges de sédiments entre la plage aérienne et la plage sous-marine se trouvent perturbés.
L’aplanissement soutenu des dunes frontales entre la plage de la cité BCEAO et le Mausolée Seydina Limamou Laye est un fait réel et inquiétant. Les comparaisons des profils topo-bathymétriques levés dans la zone de prélèvement de sable (profil II et III) indiquent une tendance au sapement de la dune.

Ainsi, pour la période de mesure allant d’avril 1998 en novembre 2001, on constate un recul moyen de la côte d’une trentaine de centimètres. Les mesures montrent également un renforcement du recul du trait de côte qui était évalué à 0,95 m/an entre 1945 et 1992. Outre l’importance du recul de la côte, l’essai d’étude de vulnérabilité a révélé une très forte vulnérabilité du quartier de Ndénate à l’élévation du niveau marin. Situé entre le profil 5 et le profil 7, il est déjà périodiquement atteint par la mer. Par contre la vulnérabilité de la zone entre les profils 1 et 5 est directement renforcée par le prélèvement de sable. Ce travail a également permis d’évaluer économiquement les pertes qui seraient liées à l’élévation du niveau de la mer. Ces pertes sont estimées à environ 4.200 $US/jour soit 1.533.000 $US/an. Et la population à risque évaluée à 50.000 habitants.

Les extracteurs de sable se rabattent sur cette ressource pour non seulement alimenter les chantiers de construction de logements, mais aussi compléter les maigres revenus de l’agriculture qu’ils pratiquent en saison de pluies. Ceci témoigne que le milieu est très sollicité et mérite d’être pris en compte dans les plans de développement. Car, la situation actuelle de la zone côtière exige une planification intégrant tous les acteurs, toues les associations dans un cadre fédérateur. D’autres problèmes environnementaux ont été identifiés. Parmi eux la pollution des plages de YOFF par les déchets.

Cette problématique pourra faire l’objet d’une piste de recherche afin de trouver de fiables alternatives au fléau. Parlant d’alternatives, l’élaboration de pratiques éclairées basées sur les savoirs traditionnels paraissent très indiquées pour protéger la plage. En effet, elles permettront aux populations de gérer durablement les ressources tout en les exploitant.

D’autres alternatives tels le sable des dunes continentales, l’usage de briques cuites dans les constructions contribueront à baisser la pression sur le sable des plages.
Il serait également intéressant de situer les responsabilités et mettre en exergue les insuffisances institutionnelles et juridiques afin de mieux contrôler les interventions humaines sur le littoral. Le renforcement des capacités d’intervention de certaines structures locales serait également intéressant.

Il s’avère donc indispensable d’élaborer un plan de gestion durable afin de sauvegarder cette plage.

Mais avant tout il est important de mettre en œuvre les alternatives indiquées afin de détourner définitivement l’attention des populations du prélèvement illicite du sable marin.

Pessièzoum ADJOUSSI