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HISTOIRE DE SABLE AU PAYS DE LORIENT

mardi 7 août 2007, par Admin

De JEAN-PAUL AUCHER

Depuis le 3 mai 2005, un permis exclusif de recherches de sables et graviers siliceux marins dit "Permis Sud-Lorient" entre l’île de Groix et Quiberon, a été accordé à un groupement d’industriels dont la société Lafarge. Depuis lors, cette société se démène pour le faire accepter, ce qui permettra à terme d’exploiter ce gisement pendant 50 ans à raison de 500 000 tonnes annuelles.

La mobilisation contre le projet s’organise…

Retour sur les faits et analyse.

Les maires du littoral tenus en partis dans l’ignorance de ce dossier, et pour certains se découvrant une âme d’écolo non soupçonnée auparavant, se sont émus de ce projet. Dès le 26 juillet 2005, l’Association de Sauvegarde et de Protection du Littoral de la presqu’île de GAVRES avait déposé un recours en annulation devant le tribunal administratif de Paris. Un vent de fronde souffla alors entre Quiberon et Lorient, fédérant associations, citoyens et élus. Aussi, un comité d’information et de suivi vit le jour peu après, réunissant sous la présidence du sous-préfet de Lorient, les maires des communes concernées, les représentants des professions de la pêche, d’associations de protection de l’environnement et des consommateurs, l’IFREMER et les services de l’Etat.

Depuis juin 2006, Lafarge Granulats et GSM publient une note d’information "GRAMAR info" qui se veut le relais de leurs informations vers les acteurs et usagers du littoral touché par le projet. Lafarge et GSM s’appuient sur le bureau d’études SEAMER qui affirme : "au regard des résultats de nos études, il apparaît clairement et sans équivoque qu’il n’y a aucun lien sédimentaire entre notre zone d’étude et le littoral, même dans les pires conditions de houle ou de marée". Cette affirmation s’est révélée par la suite une erreur flagrante.
La plus grande inquiétude des élus et des associations est liée à la probable disparition dans le temps, du cordon de sable de cet important massif dunaire de Bretagne, faisant par ailleurs l’objet de différentes protections réglementaires (Natura 2000, Grand site, etc…). Les marins pêcheurs de ce secteur par la voix du Comité Local des Pêches ne sont pas plus rassurés.

Mobilisation des élus du littoral face à l’Etat

Lors du dernier comité de suivi, le SEAMER a réaffirmé que le dragage de sables n’aurait aucun impact sur le trait de côte. Les élus littoraux présents restèrent plutôt interrogatifs. Ils intervinrent encore pour s’alarmer des effets à long terme si l’exploitation du site se concrétise, le sous-préfet confirmant "qu’il est important de bien démontrer pourquoi il n’y aura pas d’incidence". Les pêcheurs s’inquiétèrent des restrictions pouvant être imposées aux zones de pêche.

L’Etat, favorable sans ambiguïté au projet dès la phase d’étude, se justifie : "Il est nécessaire de diversifier les sources d’approvisionnement car on constate un épuisement des réserves de sables terrestres". En avril 2006, le sous-préfet insistait sur le fait que la démarche s’inscrivait toujours "dans une phase de recherche" et demandait à chacun de "faire l’effort d’examiner avec objectivité les informations communiquées au comité de suivi". Chacun pouvait mesurer l’insistance de la sous-préfecture pour porter ce dossier.

Contre-étude et contre-offensive

Le groupement Lafarge suggère alors que les élus ne comprennent rien au dossier et tient "à re-préciser certaines données concernant le Permis Exclusif de Recherches (PER) de Lorient, données manifestement mal comprises par certaines personnes ou associations qui se sont exprimées largement par médias interposés". Ces propos sonnent comme un refus de la transparence que les élus et associations tentent d’imposer. La publication en novembre 2006, d’une contre-étude menée par Alain Hénaff, maître de conférences à l’Université de Bretagne Occidentale de Brest sur l’impact des prélèvements sur le trait de côte, a mis en émoi le groupement LAFARGE qui a multiplié les contacts et rendez-vous auprès des acteurs de ce dossier.
Après le rassemblement d’Erdeven le 25 mars dernier avec la participation remarquée de Dominique Voynet, la pression s’est faite plus forte envers le groupement de recherche. La demande conjointe de Lafarge d’ouvrir à Lanester une nouvelle plate-forme de réception, de traitement et de stockage de sables marins dès 2008, permettrait à Lafarge de concentrer ces activités et donc de réduire les coûts. Les Verts restent vigilants quant à l’évolution de ces dossiers.

JEAN-PAUL AUCHER
VICE-PRESIDENT DE LA COMMUNAUTE D’AGGLOMERATION DU PAYS DE LORIENT
DELEGUE A L’EAU ET AUX ESPACES NATURELS

Lichen n°6 - Juin 2007 Eté

Commentaires

  • Extraction de sable.
    La société des Sablières de l’Atlantique vient de se déclarer intéressée par l’exploitation d’un nouveau gisement de sable dans la baie d’Etel. Située en face de la plage du Linès à Plouhinec, la zone repérée par les Sablières de l’Atlantique est encore plus proche de Groix et de Gâvres que celle qui intéresse Lafarge.

    Le Télégramme 10/08/2007
    (ndlr : la SSA gère l’exploitation de site du Pilier dont les effets se font sentir jusqu’à Noirmoutier)