La stupeur qui nous a envahis à l’annonce de la mort de Jo Le Port est à la mesure de la place qu’il occupait dans la vie de notre communauté. Qui n’a pas été témoin de son arrivée dans le bourg chaque matin, saluant les uns et les autres, s’enquérant de la santé des plus anciens, devisant sur des évènements récents dans l’île ? A l’inverse, nombreux étaient ceux qui sollicitaient sa connaissance étonnante de l’histoire de l’île, de la vie de ses habitants, à des époques parfois fort lointaines, avec un souci de précision qui en a « chalpé » plus d’un. De même, combien de personnes ont eu recours à lui pour reconstituer leur arbre généalogique qu’il accommodait le plus souvent de données qu’il avait recueillies par ailleurs sur la vie de leurs ancêtres ? Comme dans la tradition orale africaine, Jo était un peu notre griot, celui qui assure la transmission de l’histoire et par là la cohésion de la communauté. Et il accomplissait cette mission avec empathie et une grande modestie. Mais un proverbe africain dit aussi : « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Sachons en tirer les leçons .

Mémoire de l’île comme beaucoup le disent et l’écrivent, Jo était d’abord ouvert aux autres et fidèle en amitié. A cet égard, on ne saurait oublier de rappeler son engagement aux côtés de Jean-Luc Blain lors de la création du FIFIG et sa complicité avec José Calloch dans la défense de la langue bretonne. Fidèle il fut également à la formation et aux valeurs transmises par les Frères des Ecoles Chrétiennes dont il aimait rappeler le sobriquet « les Frères quatre bras ». Beaucoup se souviendront de son enregistrement de chants religieux en breton à la Chapelle du Méné en Mars 2024. Sa voix forte résonne encore en nous.

Salut l’ami, ton exemple nous oblige.

Régis Leclercq, le 10 février à 21h22