Hommage du maire à D. Cany
1 commentaire
Une silhouette droite avançant d’un pas énergique, agile comme un feu follet, avec un sourire décidé aux lèvres, un regard perçant brillant d’un feu intérieur et rarement, trop rarement peut-être, laissant entrevoir une fragilité sans laquelle l’empathie ne pourrait vraiment éclore. Voilà l’image que je garde de toi Dominique, que les Groisillons garderont tous.
Fraîchement arrivée sur l’île, ta personnalité pétillante fut tout de suite remarquée, ta vision d’un monde plus juste, que tu partageais avec Elie ton mari, te rendait mûre pour l’engagement public, pour le don de soi.
Tu as été élue sur une liste alors improbable, et je me rappelle qu’après les élections de 2001 tu qualifiais ce qui nous arrivait d’extraordinaire aventure. C’est cette aventure qui a révélé en toi bien des qualités, bien des compétences et provoqué toutes ces occasions de travail, de combat et d’accomplissement personnel au service des autres.
A Groix, tu as pris le poste difficile et exigeant d’adjointe aux affaires sociales, aidée en cela par Viviane Raude avec qui vous faisiez une équipe de choc. Il serait trop long ici de décrire l’ensemble de ton action, je retiendrai surtout ta façon de travailler en équipe, nourrie de ton écoute attentive, et les si nombreuses amitiés que toi et Elie ont nouées sur l’île.
Ton esprit déterminé et combatif, ton intelligence de la chose publique, ton expérience de terrain acquise à Groix t’ont tout naturellement conduite vers la prolongation de ton destin en politique au sens le plus noble du terme. A la ville de Lorient, et aussi auprès de Gwendal avec qui tu faisais, là aussi une équipe de choc.
Quand j’ai dit à Norbert tout le bien que je pensais de toi, je pense qu’il m’a fait confiance, mais que surtout il a vite pris la mesure de tes capacités et de tes convictions. Gwendal ne s’y est pas trompé non plus.
Dés le début de ton premier mandat groisillon, tu t’est révélée comme un moteur de l’équipe municipale, tu as immédiatement constaté combien pouvait être difficile sur une île la détresse sociale ou simplement le fait d’aider les parents à élever leurs enfants ou d’assurer des services de base à la population, la recherche d’emploi, l’insertion. Tu as imaginé une stratégie que nous avons nommé « plateforme médico-psychologique », avec psychologue et orthophoniste, tu as trouvé des financements pérennes, et ainsi influencé favorablement le destin de bien des enfants qui ont pu bénéficier d’un coup de pouce à un moment de leur vie où tout peut basculer, en bien ou en mal. Cette politique de terrain qui nous tient tous à cœur, tu l’as réussie mieux que personne.
La politique jeunesse que tu as lancée sur Groix, grâce aux bases que tu as posées, puis développées, a pu atteindre une certaine maturité. Le bâtiment du pôle enfance-jeunesse a pris du temps à sortir de terre depuis tes premières idées, il sera inauguré prochainement, et il n’est que justice qu’il soit baptisé de ton nom. Les jeunes de Groix de tous âges, les intervenants enfance et jeunesse se retrouveront désormais dans la maison et le jardin de « Dominique Cany ». La jeunesse de Groix te doit beaucoup.
Et puis à Groix ce fut l’arrivée d’Alan, votre fils, ton grand bonheur, dans votre maison de Créhal. Les premières années d’un enfant sur une île sont empreintes d’une magie particulière. Quand je me rappelle les joies de cette vie de famille. Mon chagrin n’en est que plus lourd.
J’exprime aussi le chagrin et la reconnaissance des élus de Groix qui ont partagé une partie de ta vie, parfois dans la joie, parfois dans la peine mais toujours dans le combat pour plus de justice et de solidarité, ce combat qui t’animait. J’exprime aussi ce désespoir lancinant que nous ressentions de te savoir de nouveau malade, avec la folle conviction que cette énergie, qui t’ancrait farouchement à la vie, ne pouvait pas s’avouer vaincue.
Ton parcours me paraît désormais lumineux, tu nous a montré qu’avec de la détermination et en aimant les gens on peut faire bouger une île, une collectivité, une société. Ce monde reviendra à tes valeurs humanistes quand trop d’avidité lui fera venir la nausée. Des gens comme toi auront préparé ce jour.
Depuis lundi, sur l’île, je ne croise que des gens qui me parlent de toi et de ta famille. Aujourd’hui je viens avec eux, j’essaie de porter leur parole émue. Je porte leur message auprès d’Alan, d’Elie, Adèle, tes parents, tes proches.
Ils étaient nombreux à prendre le bateau ce matin, ils le sont encore plus avec nous en pensée.
Beaucoup t’ont reçue chez eux, avec Viviane, quand votre soutien leur était nécessaire, dans la compassion et la discrétion, dans l’efficacité. Ils n’ont pas oublié.
Beaucoup étaient tes amis. Ils ne t’oublieront pas.
Vos commentaires
# Le 6 juillet 2013 à 15:17, par Anita
"on peut faire bouger une Île, une collectivité, une société"
bien dit Mr le maire, mais ce n’est pas donné à tout le monde !
Ce discours a satisfait la majorité des amis de Dominique. Les mots en étaient bien choisis et reflétaient sa personnalité.
Les autres nous ont parus froids, en service commandé, ou ont même donné l’impression, sans surprise, de permettre à certains de saisir l’occasion de parler d’eux plutôt que de la personne honorée.
AM