Dans dix ans nos sirènes seront chauves.
5 commentairesGrand merci à A-L Bonnec qui m’envoie ce texte, écrit en 2010 par Charles Madézo, auteur, amoureux de la mer, des mots et des sirènes ...
Voilà plus de dix ans déjà que les maries-salopes déversent leurs produits, décapants ou pas, sur les magnifiques laminaires qui bordent les premiers fonds de l’île de Groix, ces laminaires qui, ondoyant sous le va-et-vient des houles, sont, comme nous l’ont dit Apollinaire et Corbière, la chevelure des sirènes. Un million de mètres cubes déversés depuis dix ans. Deux millions de mètres cubes dans les dix ans à venir. Nos sirènes seront chauves, même si on nous garantit que les lotions contiennent peu de cadmium ou de plomb.}
Quelle foi porter à ces garanties, sous l’urgence d’une course de prestige qui se profile, et qu’il faut du tirant d’eau précisément là où les boues accumulent leurs traces de métaux lourds. Laissons, nous dira-t-on, les sirènes aux poètes.
Mais déjà les crabes araignées, si plantureux et vivaces sous les roches des Poulains à Belle-Ile, ici, à Pen-Men se baladent plus chétives, la coque souvent chargée d’une couche de déblais, comme des terrassiers de l’enfer.
Ils avaient cru, ces crabes, et avec eux les homards et les crevettes, que cette année 2010, celle de la biodiversité, féconde en discours et engagements quant au respect de la qualité de leur vie et de leur environnement, ils avaient cru qu’allait s’inverser la tendance pour eux meurtrière. Le bruit d’un Grenelle du Littoral avait même percé jusqu’à la balise des Cochons. Devant ces promesses, les étrilles aux grâces de lévriers allaient réintégrer leurs fissures éclairées de phosphores jaunes et verts où elles affûteraient à nouveau leurs fines pattes lissées de duvet roux. Car, depuis Keragan jusqu’au Grazu, d’une sensibilité extrême à toute suspension, elles ont quitté leurs failles pour s’en aller on ne sait où. Les amateurs de ces chairs plus fines que celle du homard devront-ils se rabattre sur le surimi ?
Rien de toxique dans ces boues. Les balances des spécialistes sont formelles. Ils ont défini des seuils d’une extrême précision. L’indice N1, l’indice N2. Et quid de l’entre-deux ? Et de l’accumulation des millions de mètres cubes ? Et de la prétention à maîtriser les transferts massifs sous la conjonction des houles et des courants ?
Les plus touchés, les coquillages filtrants. Suit toute la chaîne alimentaire. Puis les marins pêcheurs.
Battons-nous. Défendons aussi, contre l’urgence des courses du grand large, la souplesse et les nuances d’or brun des laminaires, ces chevelures de sirènes qui se passeraient bien de ces shampoings !’’
Vos commentaires
# Le 29 novembre à 12:52, par Torcheur
Aïku de nageoire
Et tout finira en queue de poisson !!!
Arête avec tes chalands ?
Torcheur
# Le 29 novembre à 19:18, par Fou...
juste à la tangeante de l’hubris qui cotoie la bombe..Comment ne pas faire pire.
Mais.. nous sommes pris à notre piege
# Le 6 décembre à 14:44, par peric
Yé ! il y a des explosifs immergés qui mijotent depuis la seconde guerre mondiale au large du trou du tonnerre...un excellent secteur pour les déversements des "marie salope " ... oh tari petrew ! perig
# Le 6 décembre à 15:36, par Anita
et aussi, ailleurs, des munitions de la première il me semble :-(
# Le 6 décembre à 20:42, par Fou...
Touristiquement pa vendeur pour le cou, c’est à se demader ou, sans etre en surci.