Abordage d’un paradis haut en couleurs.
2 commentairesL’île de Groix se décline dans les tons vert, bleu et rouge du sable, de la roche et des bruyères.
Les mains sur les freins et les yeux rivés au sol, je conduis prudemment ma bicyclette entre deux remparts de prunelliers et d’ajoncs. Par miracle, les pneus ont pour l’heure échappé aux épines.
Je profite d’un replat pour poser le pied et relâcher un instant ma vigilance. La mer est encore invisible, mais omniprésente dans l’odeur des fougères et du vent. Patience. Sur l’île de Groix, l’océan est toujours à portée de pédales.
Située à quelques encablures de la rade de Lorient, Groix s’étire sur 8 km d’est en ouest et sur 3 km du nord au sud. Une échelle idéale pour la découvrir à vélo ou à pied, au hasard des sentiers et des plages de sable rouge. Ici, on croise facilement des passionnés de géologie, attirés par la richesse et l’ancienneté des roches groisillonnes. Les schistes bleus, qui doivent leur couleur au glaucophane, sont parmi les plus spectaculaires et se repèrent facilement à l’extrémité sud-est de l’île.
Un coup d’œil sur la carte et je reconnais dans cette anse en forme d’Y le port de Saint-Nicolas. Ici, c’est le calme plat. Rien à voir avec la pointe de l’Enfer, si proche, où le diable en personne doit s’ébattre dans la mer. Bien que sa plage soit dénaturée par les déchets déglutis par la mer, ce port naturel est une merveille. Si l’eau n’était pas aussi froide, on resterait des heures à se couler dans les vagues pour assister au ballet des algues laminaires et aux batailles de crabes sur les galets nacrés. On y trouverait peut-être aussi, au revers des rochers du littoral, quelques colonies de pouces-pieds, ces étranges crustacés prisés des gastronomes espagnols.
Cap à l’ouest. Autour du phare de Pen Men, la lande s’étend à perte de vue.
C’est ici le royaume des bruyères, et en particulier de la « vagabonde », qui marque ici la limite nord-ouest de son aire de répartition. A la pointe, des falaises incrustées de micas éblouissants plongent à pic dans l’océan. Des cormorans huppés se posent sur les corniches, pas effrayés par le puissant coup de corne du ferry. Venu de Lorient, il s’annonce au large de Port Tudy, soulignant le paradoxe de cette île qui a su rester sauvage malgré son attrait touristique.
Surnommée l’île aux Grenats, Groix est une destination connue loin à la ronde pour sa richesse minéralogique. Les spécialistes y dénombrent pas moins de 60 minéraux d’origine métamorphique (glaucophanites, amphiboles, gneiss...). Les non-initiés s’émerveilleront tout autant devant les sables rouges (grenats), les schistes et les micas qui font briller plages, roches et falaises.
L’histoire géologique de Groix remonte à 400 millions d’années. Lors de la formation de la chaîne hercynienne, deux plaques océaniques se sont télescopées. Des bouts de la masse plongeante apparaissent aujourd’hui sous la forme de schistes bleus à l’est de l’île, tandis que les schistes verts, côté ouest, ont pour origine la plaque chevauchante. Groix est un des seuls endroits au monde où l’on peut observer des schistes aussi anciens. Cette richesse a justifié la création d’une réserve naturelle géologique en 1982.
Itinéraire
Balades à pied
Pour les non-cyclistes, des sentiers côtiers exclusivement pédestres et bien balisés (GR) font aussi tout le tour de l’île. Ils s’ouvrent sur de grandes plages ou de petites criques valant le détour.
Les règles d’or
Rester à distance des falaises en cas de fortes rafales.
Ne pas circuler à vélo sur le sentier littoral, réservé aux seuls piétons (suivre les itinéraires balisés).
La récolte de minéraux est interdite dans la réserve naturelle.
Eclairage par Frédéric Le Cornoux

Frédéric Le Cornoux est (ETAIT) garde, technicien et animateur de la réserve naturelle de l’île de Groix, gérée par l’association Bretagne Vivante. Ce Breton du Nord a débarqué dans la réserve en 1992 pour son service civil et lui est resté fidèle depuis. Biologiste de formation, il aime toucher à tous les domaines naturalistes, qu’il s’agisse d’oiseaux, de plantes ou de cailloux.
A l’intérieur des terres « J’aime beaucoup le petit village de Kerdurand, l’un des seuls hameaux d’où l’on ne voit pas la mer, pour sa tranquillité et ses très belles maisons en pierre. Non loin de là, le menhir en schiste bleu de Kermario vaut le détour. Du haut de ses 5,5 m, c’est le plus grand de l’île. Groix recèle 17 sites mégalithiques, souvent bien cachés. »
Autour des fontaines « Après un musée, une balade ? L’association Saint Gunthiern, qui s’occupe de leur entretien, propose de découvrir les fontaines et les lavoirs de l’île, un magnifique patrimoine. Voilà une belle occasion de sortir accompagné sur des sentiers peu fréquentés. »
Aino Adriaens http://www.salamandre.net/article/ile-de-groix-velo/
Vos commentaires
# Le 8 août 2017 à 22:47
Bravo,
Superbe description du caillou ! .jvk
# Le 9 août 2017 à 15:00, par Anita
L’article de Salamandre est ancien mais il déplorait déjà la présence d’épines sur les "chemins" empruntés par les cyclistes. Cela s’est bien aggravé avec l’utilisation de la nouvelle machine, très efficace pour dégager le passage mais qui laisse tous les déchets sur le sol au risque même que des épines traversent des fines semelles de marcheurs.
AM