Afin de gouverner la petite planète, le mandarin avait embarqué un équipage étrangement bigarré. Certains venaient du sudet, d’autres du nordet, d’aucuns étaient carrément à l’ouest. Les uns godillaient, les autres souquaient, certains pagayaient. Tout cela dans le plus grand désordre. Chacun à son rythme. Chacun dans une direction. Et le bateau tanguait, roulait, abattait, drossait et virait de bord, tant et si bien qu’il prenait l’eau même par mer d’huile.

Il était d’usage que le mandarin réunisse son équipage pour traiter des affaires courantes.

Le sire de Fiche ton camp rameutait alors ses fidèles vassaux. Chacun ployait le genou pour son entrée triomphale.

Dès que le mandarin entonnait sa psalmodie, la joute commençoit.

Du haut de son strapontin, l’ancien seigneur féodal donnait le signal en sonnant l’olifant. Et c’estoit en chambre plus grand émoi et charivari qu’en lice des anciens tournois. Les vassaux s’ébaudissaient, conspuaient, vociféraient, pis que volaille caquetante.

Le mandarin restait sourd à ces bruits de basse cour. Parfois, il levait le petit doigt pour ramener l’ordre. Parfois aussi, ses pirouettes et ses dérobades venaient déchaîner un nouvel hourvari. Peu lui importait. Le conseil mandarinal lui servait simplement de chambre d’enregistrement. Les décisions, il les prenait ailleurs.
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