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WWF : réforme européenne des pêches

dimanche 20 octobre 2002

Le WWF (Fonds mondial pour la nature) s’engage dans le débat européen sur la pêche. Pour enrayer l’effondrement de la ressource, l’organisation écologiste appelle à une réforme radicale alternative à celle prônée par Bruxelles qui veut mettre les navires à la casse.

Le plan du commissaire européen Franz Fischler pour restaurer les stocks de poissons est combattu par six pays, dont la France et l’Espagne qui entendent défendre les intérêts de leurs pêcheurs. Cédric du Monceau, directeur général du WWF France, a tenu mardi une conférence de presse pour présenter les propositions de son organisation. Selon lui, il faut confier la gestion des ressources aux pêcheurs "qui sont les meilleurs connaisseurs", en les organisant en "unités d’exploitation", mettant un terme à la concurrence sauvage entre armateurs qui épuise les stocks. Cédric du Monceau estime que la réforme défendue par le commissaire européen Franz Fischler est "inefficace", car elle reproduit la logique des quotas et subventions qui déresponsabilisent les pêcheurs.

Les unités d’exploitation seraient constituées "par stocks et par zone" dans toute l’Europe, et dirigées par des pêcheurs élus. L’Europe compenserait le manque à gagner pour les pêcheurs pendant plusieurs années, le temps de reconstituer les ressources de poissons. Ce système permettrait d’impliquer les professionnels de la pêche dans la gestion de la ressource. L’association écologiste dénonce le manque de représentativité des instances de la pêche en France, où la pêche industrielle dispose de deux fois plus de sièges que la pêche artisanale, qui représente pourtant 83% de la flotte.

François Sarano, océanographe au WWF, a cité des exemples de réussite, comme celle des pêcheurs de coquille de la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) qui ont restauré leur stock à son meilleur niveau connu (1960), ce qui leur permet cette année de doubler leur quota "en accord avec les scientifiques".

A l’opposé, la surpêche du merlu s’est traduite par un déclin des capture : 140 000 tonnes pêchés en 1960, contre 35 000 tonnes aujourd’hui. « 85% des merlus pris sont trop petits, a déclaré François Sarano, ils n’ont pas atteint leur maturité sexuelles et ne participeront pas au renouvellement ».

La réforme de la politique communautaire de pêche demandée par la Commission européenne entraînerait des conséquences sociales considérables et l’effondrement des ports à vocation artisanale comme ceux du pays bigouden (sud du Finistère) ou de Vendée. Pour réduire les captures, Bruxelles veut supprimer les primes à la modernisation des flottes et utiliser ces aides pour compenser la démolition de 8 592 navires, ce qui entraînerait la suppression de 28 000 emplois directs dans l’Union européenne.

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