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Pêche. S’unir pour résister

dimanche 9 juin 2002

A la veille du premier grand rendez-vous de Bruxelles, les pêches bretonnes naviguent en plein paradoxe. Car si les pêcheurs artisans, 80 % des effectifs bretons, gagnent plutôt bien leur vie grâce à des apports corrects et des cours soutenus, ils voguent aussi en pleine incertitude. La réforme des pêches est leur épée de Damoclès.

Hier matin, à la CCI de Quimper, le président André Le Berre et quinze responsables bretons des pêches ont répété leurs inquiétudes face aux propositions de Franz Fischler, commissaire européen, et préparé la riposte. Seul un plan cohérent adopté par les quinze ministres peut limiter les suppressions d’emplois et les casses de bateaux.

Coup de blues

Certains propos résument le « blues » des professionnels de la mer : « On a deux ou trois mois pour réagir. On est le dos au mur ». Ou : « Si on ne fait rien, on va au casse-pipe. Nos enfants qui le souhaitent doivent pouvoir pêcher et manger. Nous devons faire rapidement des propositions crédibles au conseil des ministres ».
Dans ce contexte, les professionnels bretons ont ciblé leurs têtes de Turcs. En tête, Franz Fischler : « Il se croit le chef. C’est pourtant le conseil des ministres qui décide ». Puis certains groupes écologistes : « Il faut faire front contre les démarches environnementalistes à tous crins ». Et aussi la pêche minotière : « Elle détruit sa proche ressource et aussi ce qui sert de nourriture aux espèces que nous pêchons ». Sans oublier la pêche industrielle : « Pourquoi vouloir casser 40 % des coquilliers bretons qui gagnent bien leur vie et gérent parfaitement leur ressource pour dégager des kilowatts au profit des industriels. Cela ne fera pas revenir l’empereur et le grenadier qui sont en voie de disparition ».
Les participants se sont également accordés sur un certain nombre de points.

Des pistes

Un, tous les métiers bretons, des petits bateaux aux plus grands, des mareyeurs aux transformateurs, aidés par les responsables politiques et économiques, doivent se serrer les coudes et dépasser le stade de la politique locale. Deux, la position doit être offensive et non défensive. Trois, il faut donner la gestion de la pêche aux professionnels à tous les niveaux qui sont des gens responsables.
En conclusion, ils ont donc convenu d’avoir un contact rapide avec le ministre de l’agriculture et de la pêche, d’organiser un groupe de travail, de préparer les propositions et les contre-propositions à partir des documents sur la réforme de la Politique Communautaire des Pêches déjà préparés par le comité régional.
Le temps presse. Les rendez-vous vont se succéder. Sont déjà annoncés : le conseil des ministres des pêches de mardi, le colloque sur les pêches du 11 septembre organisé par Pesca et le Comité régional, et le 10 octobre un nouveau conseil des ministres européen des pêches.

René Le Clech

© Le Télégramme 09/06/2002