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Groix. Les bonnes relations Madagascar - Bretagne

dimanche 27 août 2006, par Admin

Madagascar est le pays invité du sixième Festival international du film insulaire de Groix, qui s’achève aujourd’hui. A cette occasion, JP Razafy-Andriamihaingo, l’ambassadeur malgache, s’est rendu sur place, hier, en compagnie de J-Y Le Drian, président du conseil régional.

Donatien Huet Le Télégramme 27/8/2006

Commentaires

  • MADAGASCAR : AU CENTRE DE SOINS ET DE SANTÉ D’AVARADOHA

    Santé solidaire et autofinancement

    Après les écoles, le Comité de solidarité de Madagascar - Fifanampiana Malagasy - a décidé en 1985 de créer des unités médico-sanitaires rurales et urbaines. Il est en cela fidèle à la ligne de conduite tracée depuis 1950, qui est d’apporter son aide matérielle et morale aux populations les plus défavorisées. La situation sanitaire qui prévaut à Madagascar, et l’aggravation de la crise sociale, ces derniers mois, met le CSS d’Avaradoha au cœur de la politique de santé de cinq quartiers de la capitale.

    MADAGASCAR

    LE docteur Andrianomentsoa Randrianalison est le seul médecin à plein temps du centre de soins et de santé d’Avaradoha, dans un quartier de Tananarive (le fokontany d’Ambohitrakely) qui dessert cinq autres fokontany (quartier) de la capitale, soit une population de 9.000 à 10.000 habitants selon le dernier recensement mis à jour. Il est la cheville ouvrière d’une équipe de quinze personnes dont la plupart travaillent à mi-temps. Le centre a été ouvert en 1987 par le Fifanampiana Malagasy, avec le partenariat - dans ses actions de santé - du Secours Populaire Français (SPF) et de l’Union européenne, qui a financé la construction du dispensaire. Lorsqu’il a été inauguré en 1993, le centre recevait environ 80 patients par mois. Treize ans plus tard, ils sont entre 60 et 100 par jour, pour une moyenne de 1200 à 1400 malades reçus chaque mois. Créé à l’origine pour dispenser des soins de santé primaires, le Centre a déployé beaucoup ses objectifs initiaux. Il intervient maintenant pour éduquer la population dans la prévention des principales causes de morbidité et de mortalité ; le personnel soignant donne des consultations pré et postnatales, en même temps qu’il mène un programme de vaccination permanente et élargie et qu’il popularise le planning familial.

    Une misère pathogène

    "La pollution et les changements climatiques, l’hygiène et la pauvreté sont les principaux facteurs de pathologies, au premier rang desquelles figurent les maladies respiratoires" explique le docteur Randrianalison dont la réflexion, à partir des problèmes de santé des habitants qu’il rencontre, s’étend volontiers à des considérations d’aménagement du territoire. "L’absence d’assainissement dans différents quartiers est un problème majeur" souligne-t-il. "Tana est trop confinée. Il faudrait agrandir la ville. Il y a beaucoup de promiscuité dans les familles, faute de logements. Lorsqu’on s’entasse à 8 ou 10 dans six mètres carré, cela aussi entraîne des maladies" dit-il. L’aggravation de la pauvreté est un autre facteur très préoccupant : pour les familles d’abord, qui n’arrivent plus à faire entrer les dépenses de santé dans le budget des ménages ; pour le centre ensuite, dont le fonctionnement repose sur un système de péréquation tarifaire et de solidarité entre les services. Le renchérissement du coût de la vie lié à l’inflation - estimée à 35% en moyenne générale depuis la dévaluation de l’ariary en 2005 - met le centre d’Avaradoha sur la corde raide.

    Pas d’assistance

    Basé au départ sur le bénévolat - comme l’école de la Solidarité - le fonctionnement du Centre a été corrigé au fil des années pour s’attacher un personnel médical permanent, dévoué et motivé, capable de faire face à des demandes de soins croissantes. Le prix de la consultation est passé récemment de 10.000 Fmg à 12.500 Fmg (grosso modo, de 4 à 6 de notre ex-franc) ou encore de 0,74 à 0,92 euros, pour ceux qui peuvent payer. Pour les gens de la rue - des milliers de Tananariviens vivent sans toit et sans travail - la consultation est gratuite. Cela représente 10% à 12% des consultations mensuelles du Centre. Ces patients doivent toutefois se procurer un ticket - pour 250 Fmg symboliques (0,018 euro) - et un carnet de santé, obligatoire. "Avant, c’était Médecins sans Frontière qui s’occupait des sans domicile fixe. Ils ont été "poussés dehors" pour des raisons politiques... Ils subissaient une très forte pression... Ce n’est pas facile de travailler dans un pays de plus en plus pauvre, où de plus en plus de gens sont jetés à la rue" commente le docteur Randrianalison, en ajoutant que selon des statistiques officielles, "plus de 70% de la population perçoit moins de 1 dollar par jour" à Madagascar. La fourniture des médicaments génériques est gratuite, selon les stocks. Ces stocks sont constitués par les différents services - médecine générale, cardiologie, dentiste, laboratoire d’analyse et imagerie médicale (échographie, radiologie) - qui les achètent aux grossistes de la place ou les reçoivent de leurs soutiens européens.

    Un réseau à développer

    Comme le système d’acquisition des médicaments est déficitaire, il est compensé par les gains des services spécialisés, plus "chers" - quoiqu’ils restent parmi les plus bas pratiqués dans la profession. "Une radiographie coûte ici 42.500 Fmg (8.500 ariary ou 3,15 euros, NdlR) alors qu’elle coûte 150.000 Fmg à l’hôpital militaire que vous voyez de cette fenêtre" m’explique le Dr. Randrianalison. Les prix pratiqués font beaucoup pour la renommée du centre et les gens viennent parfois de loin pour s’y faire soigner. Il n’existe que deux autres unités médicales du Comité de Solidarité dans toute la Grande Ile : une Unité médicale et sanitaire à Fianarantsoa (700 km au Sud de Tananarive) appelé Vohipeno et un centre (infirmerie) inauguré en novembre 2004 à Marolambo, quartier ouest de Tamatave, le grand port de la côte Est. Presque tout le personnel soignant est issu du Comité de Solidarité. "Il fait preuve d’un dévouement sans fin, mais la cotisation annuelle de chaque membre ne suffit pas à ouvrir partout des centres" poursuit le docteur d’Avaradoha.

    Solidarité sans frontières

    L’autofinancement du centre est une réalité à Avaradoha, mais le personnel soignant est confronté au vieillissement des appareils, qui peuvent tomber en panne. C’est ainsi qu’il a fallu racheter sur place un appareil échographique, après des pannes survenues sur les appareils reçus de France. Le Centre a également dû acheter un appareil d’électrocardiogrammes. L’obligation de "faire pour le mieux" comme dit Andrianomentsoa Randrianalison, avec un minimum de moyens, suppose beaucoup d’imagination et d’ouverture d’esprit. Le manque de moyens reste le principal obstacle aux projets du centre : la création d’un service d’ORL-ophtalmologie et l’ouverture d’une maternité. L’équipe y travaille d’arrache-pied. Par ailleurs, si certains matériels demandent à être renouvelés - comme le spectrophotomètre du laborantin - d’autres donnent entière satisfaction, comme nous l’a dit une des dentistes du Centre, une jeune femme russe mariée à un dentiste malgache. Heureusement pour eux, la solidarité n’a pas de frontière.

    P. David

    Santé solidaire et autofinancement Article paru dans Témoignages le mardi 19 septembre 2006

    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=34219