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Envolée des prix sur les îles bretonnes

vendredi 21 juin 2002


De Bréhat à Belle-Ile en passant par Ouessant, les résidences secondaires ont tiré le marché vers le haut. Trouver une maison relève souvent de l’exploit.

Le dicton marin dit : "Qui voit Molène voit sa peine, qui voit Ouessant voit son sang, qui voit Sein voit sa fin". Pourtant, les demandes affluent pour acquérir une maison de pêcheur ou une propriété du début du siècle sur l’une des nombreuses îles bretonnes.

Les biens sont rares. Résultat : les prix des terrains ou des maisons s’envolent. Trouver de vieilles demeures à restaurer relève de l’exploit et les travaux sont 30 % plus chers que sur le continent.

Si la loi littoral du 3 janvier 1986 - qui interdit de construire à moins de 100 m du rivage - a permis de sauvegarder des lieux très recherchés, elle a en même temps valorisé les habitations et les terrains situés le long des côtes. L’explosion des prix, après avoir fait le bonheur de quelques îliens, tend maintenant à se retourner contre eux. "Ils ne peuvent pas suivre et, lors des successions, les maisons sont vendues à des étrangers -du continent-", explique un notaire du Finistère.

Les prix, jugés "faramineux", ne semblent pas dissuader les amateurs d’embruns, de calme ou d’ornithologie qui postulent pour acquérir une résidence dans ces chapelets d’îlots qui s’étirent de Bréhat, dans les Côtes-d’Armor, à Belle-Ile-en-Mer, au sud du golfe du Morbihan. Les résidences secondaires ont tiré le marché vers le haut et cette tendance devrait se développer avec le passage aux 35 heures ou le développement des moyens de transport (TGV...). On se situe sur un micromarché, avec une Bretagne sud plus riche en îles que celle du nord, organisé principalement autour de Belle-Ile, Groix, Ouessant et Bréhat.

A Bréhat, les prix flambent depuis deux ou trois ans, explique Me Pierre Couffon, notaire à Paimpol (Côtes-d’Armor). L’ancien maire de l’île, Michel Moreux, s’étonne encore des "coups de cœur" et des rêves de "pieds dans l’eau" d’acheteurs venus d’ailleurs qui souvent revendent au bout de quelques années, et alimentent ainsi le marché de l’immobilier. Témoin de ces coups de folie, en 1999, un fort, ancienne base militaire que la mairie de Cancale avait vendu un siècle plus tôt, s’est revendu près de 1 million d’euros. Il faut compter entre 300 000 et 460 000 euros pour une maison de 100 m2 en bord de mer et les terrains sont rares.

À PARTIR DE 122 000 EUROS

A Batz, en face de Roscoff, on peut encore trouver quelques maisons en pierre du début du siècle à rénover autour de 122 000 euros, des résidences plus récentes à partir de 228 000, voire 300 000 euros, et quelques terrains cédés par d’anciens agriculteurs. Comme sur ses voisines, Ouessant et Molène, l’information sur les ventes se fait à Batz "de bouche à oreille" et mieux vaut être patient. A Ouessant, quelques maisons sont proposées entre 210 000 et 250 000 euros près du port. A l’intérieur des terres, les prix sont souvent 50 % plus bas. Quant à l’île de Sein, il est extrêmement rare de pouvoir y investir. "Les Seinois ne vendent qu’aux Seinois", a-t-on coutume d’entendre. Un réflexe qui vaut pour Houat et Hoëdic, au large du Morbihan.

Au sud, où s’égrènent aussi Groix, Belle-Ile, l’île aux Moines et celle d’Arz... les biens sont, certes, plus nombreux, mais les tarifs n’ont rien cédé à ceux du Nord. "Des prix déraisonnables, estime un notaire de Port-Louis (Morbihan). On s’adresse à des gens qui ont une autre échelle de valeur." Aujourd’hui, on peut trouver à Groix une petite maison de village pour 120 000 à 150 000 euros et les grandes propriétés atteignent au moins 305 000 euros.

Plus au sud, Belle-Ile, la plus grande des îles du Ponant, est sûrement plus ouverte, avec beaucoup de biens à vendre et une rotation importante. Les prix sont hors de portée des habitants. Deux municipalités ont créé des lotissements et des HLM réservés aux insulaires.

Le golfe du Morbihan enregistre les prix les plus élevés. A moins de 610 000 euros, il est impossible d’acquérir une maison avec vue sur la mer sur l’île aux Moines. Autre petit coin de terre recherché dans le golfe, l’île d’Arz, "l’île des Capitaines", plus familiale et moins touristique, à quinze minutes de Vannes, n’échappe pas à la flambée des prix, qui ont triplé en quinze ans. Une maison de caractère de 120 m2 y est proposée à 305 000 euros.

Martine Picouet

• LE MONDE - ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 05.05.02

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