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Breizh Touch et Breizh numérique

jeudi 13 septembre 2007, par Admin

Maison de la Bretagne à Paris, du 20 au 22 septembre 2007

L’ile de Groix en trois dimensions.
Au dessus d’un puits de lumière, guidés par des panneaux interactifs et informatifs, vous voilà projetés dans une Bretagne plus vraie que nature : grâce à une géo-visualisation en trois dimensions, l’Ile de Groix n’aura plus de secret pour vous !

L’espace Bretagne 3D : la réalité virtuelle au service de tous
Cette plate-forme multimédia développée à partir des données IGN offre une géo-visualisation en trois dimensions d’un territoire. Après Paris, Barcelone, Rennes, l’Ile de Groix vient à son tour d’être modélisée.

 http://www.breizhtouch.com/index.ph...

Commentaires

  • Bien sur l’Ile de Groix se verra dans le nouvel espace de la toute nouvelle Maison de la Bretagne numérique à Paris, 8 rue de l’arrivée 75014 quartier Montparnasse.

    JCF

    • Breizh Touch au grisbi
      Le défilé de trois mille musiciens bretons, dimanche sur les Champs-Elysées (et sur TF1), dissimule une opération de marketing identitaire.

      Depuis quelques semaines, les Bretons se sont découverts nantis d’un avantage en nature et, pour certains, en espèces, dénommé Breizh Touch.
      La Breizh Touch, présentée par la presse sur le mode exalté, a d’abord laissé ceux qui l’évoquaient légèrement perplexes : fallait-il dire braisetouche, breill’z’touch’, braÿztoutch, brézteutch, breÿc’htaoutch, brèysstatch, brèzteuch ? Breizh, autrement dit Bretagne en breton surunifié, désormais devenu officiel. En effet, en 1941, sur ordre du dignitaire nazi en charge des affaires bretonnes, l’orthographe du breton, déjà unifiée à l’exception de celle du dialecte vannetais, a été surunifiée, le mot Breizh étant le symbole même de cette surunification, le « zh » signifiant que l’on prononce Breih en vannetais et Breiz ailleurs.
      Pour les bretonnants de naissance, le mot Breizh, accolé au mot touch, du verbe touchañ, conduire les bestiaux, était énigmatique, mais au diable les hésitations : une fois compris que le mot Bretagne, sous la forme Breizh, uni à un vocable anglo-américain, se change en label commercialisable, tout devient clair.
      Et, pour ceux qui peineraient encore à comprendre, en tout petits caractères, au bas d’une affiche montrant une tour Eiffel saucissonnée de manière à ressembler à un phare breton (le célèbre phare du label « produit en Bretagne »), se trouve la traduction : Breizh Touch = esprit Bretagne.
      La Breizh Touch, brassant bagadou, cyber-fest-noz (au pluriel : cyberioù-festoù-noz), Breizh-en-Seine avec en prime océan-high-tech, expo-Breizh-numérique et Breizh-parade retransmise dimanche prochain par TF1 en direct des Champs-Elysées, va donc déferler : trois mille sonneurs sonnants défilant en bagadou comme les formations paramilitaires dont ils sont issus - /« une panzerdivision, la musique en plus »,/ pour reprendre les termes de Jean-Pierre Pichard, le président du Festival interceltique de Lorient (1).
      C’est lui qui a eu l’idée de cette manifestation paroxystique de la celte attitude unissant Bretons, Irlandais, Gallois et autres frères de race, tels que Galiciens et Acadiens du Nouveau-Brunswick (dont il est convenu de ne pas demander ce qu’ils ont de celte).
      La Breizh Touch est le complément de la celte attitude : le Breton qui ne l’a pas est un faux Breton, celui qui n’en veut pas est un mauvais Breton, et celui qui n’apprécie pas la Breizh Touch est un jacobin. Le jacobin est l’ennemi du Breton : il est français. Le Français n’a pas la Breizh Touch ; il a une identité faible, quoi qu’en dise Sarkozy, et n’a donc pas lieu d’en être fier. Le Breton, lui, a une identité forte ; il le prouve par la Breizh Touch qui la promeut ; voilà pourquoi il est fier d’être ­breton.
      Le Breton qui n’est pas fier d’être breton n’est pas un bon Breton, et le Breton qui dit que cette bretonnerie labellisée le dégoûte est antibreton.
      L’antibreton, fort susceptible d’être aussi jacobin, vous expliquera que cette opération de business identitaire appuyée par les médias soutenus par des industriels est une opération politique.
      L’antibreton évoquera en termes malséants le label « produit en Bretagne » dont le phare sur fond bleu et jaune orne désormais pâtés, andouilles, livres et CD. Il dénoncera l’indispensable /« yoghourtisation de la culture »./ L’expression est de Reynald Secher, auteur d’une /Histoire de la Bretagne /en bande dessinée dénoncée en son temps dans les colonnes de /Libération. « Il faut yoghourtiser la culture bretonne », aurait-il affirmé, d’après /le Huchoer/, journal indépendantiste breton./
      Bien que cela n’intéresse personne, l’antibreton ne manquera pas de rappeler que « produit en Bretagne » est une association émanant de l’Institut de Locarn.
      L’association « produit en Bretagne » a été déclarée en préfecture le 9 février 1995 avec pour siège l’Institut de Locarn (cultures et stratégies internationales).
      Le 14 mai 1993 avait été déclarée une première association Coudenhove-Kalergi-Aristide-Briand établissant les liens de l’Institut de Locarn avec l’Union paneuropéenne fondée par le comte de Coudenhove-Kalergi.
      Les principes de la pan-Europe sont simples : christianisme, anticommunisme, reconnaissance du droit des groupes ethniques à l’autodétermination.
      Rien d’étonnant donc si l’archiduc Otto de Habsbourg, son président d’honneur, connu pour ses liens avec l’Opus Dei, est venu en personne inaugurer l’Institut de Locarn.
      Produit en Bretagne est une association complémentaire, au service d’un projet politique : faire de la Bretagne un dragon celtique dans une Europe des ethnies enfin délivrée de l’esprit des Lumières.
      L’antibreton s’acharnera à démontrer que l’Institut de Locarn, rassemblant un club de patrons bretons pleins d’ardeur à servir leur région, nourrit un projet réactionnaire visant à en finir avec l’héritage de la Révolution française : privatisation, libéralisation, démantèlement des lois sociales, recours à l’identitaire pour inscrire la Bretagne dans une Europe des régions unissant les nations celtes en voie d’obtenir leur indépendance. Oui, pourquoi le nier, le pays de Galles, l’Irlande et l’Ecosse doivent servir de référence au modèle breton.
      Il faudra bien que le Français à l’identité faible accorde son autonomie au Breton, dont l’identité forte sera révélée sur les Champs-Elysées avec la force d’une panzerdivision par le biniou et, comme le dit Pichard, la musique en plus.
      Le vrai Breton est fier que Patrick Le Lay, un des fondateurs de l’Institut de Locarn, et Patrick Poivre d’Arvor s’associent aux patrons bretons pour célébrer son identité et la lui révéler : Le Lay, qui proclame haut et fort qu’il n’est pas français mais breton, nationaliste breton, a déjà fondé TV Breizh avec François Pinault, Rupert Murdoch et Silvio Berlusconi ; quoi de plus naturel qu’il soit associé à son ami Pinault pour célébrer la Breizh Touch ?
      L’antibreton, qui se proclame le plus souvent de gauche, ira jusqu’à s’étonner que ce soient des élus socialistes, le président du conseil régional de Bretagne, Jean-Yves Le Drian, et le maire de Paris, qui aient pris l’initiative de cette dérive identitaire brassant tous les vieux thèmes de Breiz Atao à l’ombre du drapeau breton. Rappelons que Breiz Atao est le nom d’un groupe autonomiste breton rendu célèbre par sa collaboration avec les nazis. L’un de ses fondateurs, Maurice, dit Morvan, Marchal, a dessiné en 1923 le drapeau breton à bandes noires et blanches, appelé /gwenn-ha-du/ (« blanc et noir »).
      L’antibreton dénoncera le communautarisme de la droite du PS, son allégeance au patronat ultralibéral. Il rappellera que Jean-Yves Le Drian, président socialiste du conseil régional, est allé en juin 2006 présenter son programme à l’Institut de Locarn, jurant de faire de la Bretagne une nouvelle Irlande avec l’appui des autonomistes qu’il a fait entrer au conseil régional. Et il relèvera, bien sûr, le coût de la Breizh Touch : 2,5 millions d’euros dont 1,5 million sorti tout droit de la poche des Bretons, qui se prononcent majoritairement, quand on les consulte, contre la décentralisation, sans même parler de l’autonomie, à laquelle ils vont avoir droit, bien qu’ils soient moins de 3 % à la demander.
      L’antibreton acharné ira jusqu’à parcourir le site Internet de la Breizh Touch et railler les propos tenus par les grands auteurs invités pour la célébrer.
      Il vous citera en ricanant les déclarations d’Irène Frain sur la /Breton pride/, celles d’Alan Stivell expliquant qu’il a découvert son identité à l’âge de 9 ans, quand son père a inventé la harpe celtique (laquelle allait devenir, comme le drapeau et le bagad, mis au point peu avant, le symbole millénaire de l’identité bretonne) et celles d’Erik Orsenna assurant que, partout dans le monde, il trouve une bouteille de Coca-Cola et un Breton, et qu’il aime mieux le Breton.
      L’antibreton, qui ne comprend pas que l’important pour le Breton c’est de faire la fête, dénonce la cocacolisation du Breton après la yogourthisation de la culture, et voit dans la Breizh Touch une bécassinade à relents ethnistes. Une bécassinade ! Quand tant de personnes qui font la preuve de leur compétence dans le domaine qui est le leur participent à cette vaste opération… C’est le comble.

      (1) /Ouest-France/, 7 août 2007

      Par Françoise Morvan essayiste.
      Libération vendredi 21 septembre 2007

    • """DE LA PURE INTOLERANCE""""
      _et il ne sera pas répondu à l’anonyme qui masque même son IP et insulte, sans argumenter la contradiction, car son message fielleux ne passera pas.
      Y avait longtemps .....
      AM

    • L’article de Françoise Morvan dans Libé provoque beaucoup d’émois parmi les membres d’associations oeuvrant dans le domaine culturel en Bretagne (et pas seulement)... Pour ce que j’en connais, du moins dans le milieu bagad, ses propos suscitent de l’incompréhension et de la colère.

      Dans l’opération Breizh Touch, certes, tout n’est pas rose ! Des personnalités très diverses s’y côtoient, y compris des pontes de la communication ou de la finance connus pour leurs idéaux réactionnaires teintés d’identitarisme. La Breizh Touch est une opération de marketing identitaire... Mais ça, tout le monde le sait !... Mais comme bien d’autres manifestations ! Ce qui n’empêche pas tout un chacun d’y trouver un certain nombre d’ initiatives intéressantes.

      Il eut été plus opportun de dénoncer ce qui était contestable (d’autres l’ont fait, avec moins de mépris et d’arrogance tout azimut) plutôt que de se lancer dans un pamphlet déconcertant d’amalgame pour y déverser son fiel et ses rancoeurs personnelles... Mais Françoise Morvan est coutumière du fait et elle sait utiliser ses entrées dans le monde des médias.

      Dès la 4ème ligne de son artcle, la messe est dite : Référence au régime nazi, et après tout y passe !... Même Styvel et sa harpe celtique (souvent méconnu, ce qui est dommage d’ailleurs, de bon nombres de jeunes membres de bagad ou de cercles)... Françoise Morvan se trompe d’époque et de combat ! Elle mélange tout ! l’engagement culturel, le politique, l’économique... Elle a visiblement un problème dans son approche du passé et de la culture, de SON passé et de SA culture... Il y a de très bon psychanalystes pour traiter ça !... Par contre, Si le label "produit en Bretagne" lui pose problème, qu’elle intervienne clairement sur le sujet ; elle n’en aura que plus de crédit (dont le mien d’ailleurs !).

      Pourquoi la Bretagne serait-elle sous une cloche de verre, à l’abri de tout ce qui fait l’époque et le monde d’aujourd’hui, avec son lot d’influences et d’ambivalence diverses. Ce n’est pas parce que certaines choses sont à rejeter qu’il faut tout mettre à la poubelle. En Bretagne comme ailleurs il faut rester lucide et raisonné, ce que ne fait pas Françoise Morvan !

      Beaucoup de musiciens et de danseurs se sont posé au début la question de leur présence dans le défilé de dimanche sur les Champs-Elysées, et finalement la participation sera on ne peut plus massive. Il est priorisé l’intérêt de participer à un évènement exceptionnel par son ampleur...Le spectacle devrait être impressionnant. Sans parler de l’impression d’une certaine reconnaissance. MAIS RASSURONS FRANCOISE MORVAN : Les 3000 sonneurs et danseurs qui défileront dimanche ne sont pas de dangereux autonomistes nostalgiques de la peste brune... Et les musiciens de bagad ne se ressentent pas comme étant issus de formations para-militaires...

      Jacques et Annaig Guillamet Douarnenez/Quehello, membres du bagad de Douarnenez