« Il y a une froide détermination chez tous les soignants à ne plus accepter l’inacceptable »
On continue de manquer de matériels. Les gens viennent bosser avec leur masque de plongée Décathlon parce qu’il n’y a pas de lunettes de protection, nos surblouses sont des sortes de bâches en plastique de fabrication locale qu’on doit garder une journée entière, on va prochainement utiliser des dons de tenues de taekwondo qui vont remplacer nos pyjamas de bloc… La débrouille totale dans un climat de rationnement qui s’amplifie. Le matin, on nous délivre un “kit de protection” individuel pour la journée dans un sac poubelle ! Tout un symbole. Ça en devient presque comique par moments. En tout cas, ces deux derniers jours, on arrive à en rire. Mais la vérité, c’est que ces pénuries qui ne cessent pas rendent l’asepsie approximative, et les collègues continuent à tomber malades…
On s’est réorganisé au pas de charge, on a encaissé le stress d’accueillir les patients, et tout ça on l’a fait dans ces conditions. Même si les choses sont loin d’être finies, le bref répit de ces dernières heures a aussi permis à certains de se projeter un peu dans l’après-crise. Il y a une froide détermination chez tous les soignants à ne plus accepter l’inacceptable. Nous sommes très sensibles aux marques de soutien de la population, mais ce qu’on espère, c’est son engagement à nos côtés dès la fin de cette crise, pour exiger la reconstruction de l’hôpital public et des changements profonds. »
Journal de crise des blouses blanches Le Monde 09/04/20
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