A bien y réfléchir, on n’a pas la chance d’en croiser si souvent. Avant ceux qui ont en vue une carrière politique et qui sont prêts à tourner et retourner leur veste à chaque élection pour profiter du sens du vent, on a ceux qui ont eu la même ambition mais se sont heurtés très vite au plafond du principe de Peter.

Ça, c’est universel ; localement on peut aussi croiser les météores, n’étant en lice qu’au moment où il est prévu une modification de POS ou de PLU et qui savent qu’il y a de bonnes affaires à en attendre. Il y a aussi ceux qui connaissent la peloche et savent qu’en étant bien placés, ils pourront agir sur les bons leviers pour profiter des bonnes occasions qui se présentent.

Faudrait pas oublier le copinage : on est là pour rendre service à des amis et on vote comme ils nous le demandent sans trop en mesurer les conséquences.

Et puis il y a les Loïc, les Alain, les Claude, les Lionel... Parmi eux, on trouve ceux qui n’ont pas toujours voté comme leur majorité le leur intimait. Par exemple, il faut un sacré courage pour, dans une équipe très autoritaire, s’abstenir au lieu de voter pour cette iniquité qu’est la semaine de quatre jours à l’école !

Et puis, il y a Joël et ses semblables : sans autre ambition que de rendre service à ses concitoyens et sans se renier. Là aussi, il lui a fallu un certain courage le 1er mai 2002 pour prendre le bateau et aller à Lorient participer à la manif anti-Le Pen. Pas certain que ses ex-collègues de la police et leurs soutiens aient apprécié. Entre parenthèses, nous n’étions que 4 dont Beudeff.

Je me souviens aussi de l’accueil fait à Lucien Kimitété et ses Marquisiens. Joël était présent, discrètement, dans la foule des Groisillons. Nous avions remonté ensemble la côte de Port-Tudy.

Je n’oublie pas non plus comment il avant tenté d’aider "Silence", le SDF qui logeait dans les bâtiments en construction près de l’Apéritif, ce qui gênait quelques bien pensants et commerçants de Port Tudy où il venait prendre son petit-déjeuner. Après info de "R. M.", je l’ai signalé à Joël, il lui a proposé de profiter d’un bunker qu’il lui indiquait pour échapper à la vindicte municipale. Las, le triumvirat aux manettes a fait transférer le pauvre homme manu militari à Charcot, sans argent et sans ses affaires. Bien entendu, les collègues et leur médecin-chef ne se sont pas laissés avoir et l’ont immédiatement fait ressortir puisqu’il n’y avait aucun motif pour le garder. Heureusement que "R.M." passait par la gare maritime ; Il a payé le passage de "Silence’ afin qu’il revienne chercher ses affaires et dise sans regret au revoir à Groix, sans profiter de la solution que Joël lui proposait.

Chacun d’entre nous doit avoir dans ses souvenirs un coup de main de Joël même à des quasi inconnus. Il est ainsi venu aider l’équipe de bras cassés qui devait tirer la dalle de notre maison, en apportant même une brouette qu’il m’a laissée. Nous ne nous connaissions pas alors !

Merci encore Joël et que ton souvenir perdure longtemps parmi tes concitoyens qui, on l’a vu en lisant leurs hommages, t’appréciaient beaucoup.