(Philippe Dagorne)
Fragrances d’un mois d’août
Effeuillez le grimoire
Ô surannée sans doute
S’y tapit ma mémoire
Ses nuances de gris
S’imprègnent de mes deuils
Un chêne rabougri
À son pied mille feuilles
Bien trop chaud fut l’été
D’incendies en brulis
Où l’ombre tant quêtée
Se barbouille de suie
Le chemin s’empoussière
Invente d’autres brumes
Même les fondrières
Lentement se consument
Le vent désorienté
Foudroie toute la flore
L’Homme comme hébété
Ressasse ses remords
Ô mes petits enfants
Ce futur lui m’angoisse
Il est vôtre pourtant
Nous vous léguons la poisse
Jouent de rares parfums
Souvenirs en essences
Oubliés aux confins
De ma lointaine enfance
Je remonte le temps
Temps des bonheurs fugaces
Ces bourgeons de printemps
Dont j’ai perdu la trace
Fragrances d’un mois d’août
Effeuillez le grimoire
Ô surannée sans doute
S’y tapit ma mémoire
Commentaires :
1. jeudi 8 septembre 2022 à 12:352022-09-08T10:35:35Z, par vincent
Remonter le temps...
Merci Philippe.
Je me relis en boucle ce passage :
Ô mes petits enfants
Ce futur lui m’angoisse
Il est vôtre pourtant
Nous vous léguons la poisse
Et je vois bien ce que ces enfants, un peu plus âgés, pourraient se dire.
Comme je sais qu’il ne suffit pas de trouver des rimes et de compter les pieds pour faire de la poésie (heureusement), je vais éviter de rimailler.
Mais les six pieds de votre poème rendent tellement bien compte de la tragédie en cours...
Ce serait tellement
Tellement différent
si on pouvait encor
imaginer les jours
d’un avenir radieux
se dire que toi et moi
on pourrait profiter
après une vie remplie
de moments qui seraient
pour nous un peu heureux
Mais vraiment rien de çà
rien ne se passera
nous le savons bien, hein ?
Alors pour eux, pour ces jeunes qui imaginent aussi « ce futur qui angoisse », et dont certains ont déjà « choisi » de ne pas avoir d’enfants afin de leur éviter le pire, pour eux oui, je conchie nos dirigeants qui n’ont rien fait et ceux qui font semblant, alors que les lanceurs d’alertes se sont succédé depuis les années 70 avec René Dumont.
P….n ! Comme il a vraiment fallu être con, ou attaché à tout prix à un système de prédation mortifère pour les profits maxis de quelques-uns, ou complètement candide.
Candide, je n’y crois pas une seconde.