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Neutralité des élus
4 commentairesL’Association des maires de France leur recommande « d’adopter une attitude personnelle neutre et laïque dans l’exercice de leurs fonctions ». L’AMF invite ainsi les élus, dans leur action publique, à s’abstenir d’afficher leurs propres convictions religieuses ou philosophiques.
B. Menguy La Gazette des Communes 16/12/15
Vos commentaires
# Le 17 décembre 2015 à 16:44, par Anita
Quand une mairie appelle à visiter les crèches des églises catholiques, respecte-telle la neutralité recommandée par l’AMF ?
AM
# Le 17 décembre 2015 à 18:55, par Olivier
Faudrait p’têt’ poser la question au maire de Béziers...Comment s’appelle-t-il dèjà ...Robert...Robert...Mince alors, ça m’revient pô...
# Le 17 décembre 2015 à 20:54, par Anita
Personne de la famille de mon voisin de bureau ne connaÎt cet énergumène !
AM
# Le 18 décembre 2015 à 12:36, par Le Corf Patrick
A méditer ...
« Laïcité : recentrons-nous sur l’essentiel »
Il y a 110 ans aujourd’hui, la loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat était votée. Est-elle remise en cause par l’islam ? Non, selon l’historien Jean Baubérot .
La loi de 1905, de séparation des Églises et de l’État, était aussi une loi d’apaisement…
Oui, mais elle a été très discutée dans le camp républicain. Cette loi abolissait le concordat et son système des cultes reconnus. L’enjeu était alors de savoir quelle séparation effectuer. Parmi les Républicains, il y avait ceux qui voulaient une séparation dure qui gêne l’exercice des cultes, le catholicisme étant principalement visé. Et puis il y avait ceux comme Aristide Briand qui étaient beaucoup plus libéraux, qui souhaitaient que les Églises puissent vivre tranquillement dans ce régime de séparation. C’est cette dernière vision qui l’a emportée. Briand a fait voter trois lois complémentaires pour que cette loi puisse bien fonctionner. C’est une leçon pour aujourd’hui : la République, même face à ses adversaires, a su calmer la situation.
Aujourd’hui encore, il y a ceux qui souhaitent une application restrictive de la laïcité et ceux qui la veulent plus tolérante. Quelle définition donneriez-vous ?
Depuis 25 ans, les recherches internationales se sont développées sur la laïcité. Quatre critères principaux permettent de la définir. Un : le pouvoir politique est fondé sur un contrat social ; il ne vient pas de Dieu. Deux : les lois civiles sont séparées des normes religieuses. Trois : la citoyenneté est indépendante des croyances religieuses. Quatre : les états garantissent les libertés de religion et de conviction, ainsi que le libre exercice des cultes.
Il est important de se recentrer sur ces points fondamentaux, de relier démocratie et laïcité et le fait que la citoyenneté est égale entre des gens ayant des convictions différentes.
Des polémiques ressurgissent pourtant régulièrement sur les menus dans les cantines scolaires, les crèches dans les mairies… Comment les résoudre ?
Ces débats prennent une importance démesurée. Savoir s’il faut proposer des menus végétariens dans les cantines, après les attentats du 13 novembre, me semble dérisoire. Alors bien sûr, si on marque les lieux publics par des symboles chrétiens, des citoyens peuvent ne pas se sentir Français au même titre que les autres. Des applications au cas par cas peuvent être décidées : on peut sans doute être plus souple si l’on trouve des santons dans les mairies de Provence. Il s’agit d’une tradition. Ce ne serait pas le cas à Béziers. Mais avant tout, recentrons-nous sur l’essentiel.
La loi de 1905 ne répondrait-elle plus aux questions d’aujourd’hui ?
Elle règle pourtant beaucoup de problèmes. L’article 31, par exemple, condamne avec la même peine ceux qui forceraient des gens à une pratique religieuse et ceux qui les en empêcheraient. Le texte peut bien sûr être actualisé. Mais j’ai l’impression que les difficultés viennent davantage du fait que la loi n’est pas totalement appliquée.
L’article 2 stipule que le clergé n’est plus salarié de l’État. Mais il fait une exception pour les aumôneries. En 1905, cela concernait les aumôneries catholiques, protestantes et juives. Maintenant, grâce à la loi, les aumôneries musulmanes sont aussi concernées. Or, si les aumôneries au sein de l’armée, fonctionnent, il y a des problèmes avec celles des prisons. Des problèmes de formation, de rémunération des aumôniers qu’on ne paie pas assez. Mais ce n’est pas la loi qui est en cause, c’est davantage le fait que l’État n’y consacre pas assez de moyens.
En 1989 éclatait une première grande polémique autour du voile, à Creil. Après la loi de 2004 sur le voile, cette question liée à l’affichage de son identité religieuse dans les espaces publics reste pourtant sensible…
La limite est franchie lorsque l’affichage de cette identité ne respecte plus l’identité de l’autre. En 1905, la société était beaucoup moins uniformisée qu’aujourd’hui. Les traditions locales ou régionales étaient beaucoup plus fortes. Aujourd’hui, pour sortir de cette uniformisation, les gens sont en recherche d’une individualité, d’une originalité. Bien sûr, il faut veiller à ce que cette originalité ne porte pas atteinte à la liberté d’autrui.
Mais à partir du moment où cette condition est respectée, la vie démocratique c’est aussi de tolérer ce qui peut vous choquer, et pas seulement ce qui vous plaÎt. Plus on laissera les musulmans vivre leur religion tranquillement, plus ils seront intégrés dans l’ensemble laïc. La loi de 1905 a refusé d’embêter les curés parce qu’ils portaient une soutane, il faudrait ne pas embêter ces femmes musulmanes qui veulent participer aux sorties scolaires en portant un foulard.
Et ne pas faire d’amalgame. Daech et quelques autres peu nombreux sont très dangereux pour la démocratie et la laïcité. Mais ils ne sont pas représentatifs de l’islam français.
Que vous inspire la progression du vote d’extrême droite ?
C’est une menace pour la laïcité de 1905. Marine Le Pen veut interdire les signes religieux ostensibles dans les transports publics. Elle ajoutait dans un meeting : « Je n’ai pas à connaÎtre la religion de ma voisine ». Pourquoi a-t-elle parlé de sa voisine et pas de son voisin ? Le col romain, la soutane et la kipa sont pourtant des signes religieux masculins. Mais elle visait le foulard et non la soutane. C’est une falsification de la loi de 1905.