Moteur

L’esprit du Festival souffle toujours sur Groix comme sur les mers et leurs îles éparpillées.
Une équipe nouvelle a su prolonger les rêves de ceux qui l’ont précédée et nous emporte au dessus des toundras et des banquises : cap au nord après tant de routes au sud mais toujours au plus profond du coeur des hommes. Nous retrouverons aussi les spectacles et les
expositions qui, années après années, gagnent en importance et en qualité, contribuant à faire du FIFIG, avec sa singularité insulaire, un des grands rendez-vous culturels bretons de l’été.
Nos triomphantes nations ont su tirer parti des richesses proches de l’équateur, considérant longtemps l’Arctique comme inhospitalier, au mieux comme un défi réservé aux aventuriers et aux scientifiques.
La raréfaction des ressources en pétrole et en minerais ont justifié aux yeux des pays “avancés” un regain d’intérêt commercial et stratégique pour les pôles. Le réchauffement climatique a encore bouleversé la donne : ouverture des nouvelles voies maritimes,
nouveaux gisements devenus accessibles, terres sibériennes devenues habitables ou cultivables, d’autres terres partants en lambeaux par le dégel du permafrost... Nos pays tempérés considèrent
encore le changement climatique global comme abstrait tandis que les hommes du cercle polaire vivent déjà dans un monde différent, instable, voire inquiétant.
Le Tara est parti de Groix puis revenu à Groix à deux reprises, chargé de marins aguerris et des meilleurs scientifiques pour nous rapporter ce même message : la planète change et les humains en sont la cause. La mère de toutes les religions humaines, le chamanisme, part du constat que chaque élément de la création est interdépendant des autres.
Durant des siècles nous avons cru être les « maîtres et possesseurs » d’une nature dont nous faisions partie intégrante.
Quand l’humanité verra-t-elle enfin les blessures qu’elle s’inflige à elle-même en les infligeant à la biosphère ?
L’Arctique devenant un enjeu géostratégique mondial connaîtra-t-il le sort habituel des colonisés ou saura-t-il imposer une identité régionale ? Le chant des chamanes Inuit résonne des vérités fondamentales
qui ont permis à ces peuples de traverser les millénaires.
Saurons nous l’écouter ? Cet exceptionnel festival nous y aidera.

Eric Régénermel,
maire de Groix