"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

Moteur

Publié le 27 juillet 2013 à 12:30 - 1ere mise en ligne le 20 juillet 2013

Mais qu’ont-ils donc tous ces insulaires ? A les écouter on pourrait croire que les îles sont autant de centres du monde connu : mon île ceci, mon île cela, mon île me manque quand je n’y suis pas (et que suis ravalé au rang de continental) mon île m’obsède quand j’y vis. On dirait que vous autres îliens êtes mariés avec vos îles !
Vivre sur vos rochers éloignés doit vous rendre un peu bizarres, pour ne pas dire plus. D’ailleurs pour aller vivre là-bas, un grain de folie est nécessaire, que dis-je : obligatoire ! Déjà, être ravitaillés par des bateaux ! A la vitesse où croise un bateau ! Sans compter les fortunes de mer. Non merci !
Et puis tout le monde se connaît sur vos cailloux, à peine on dérape un peu et tout le monde est au courant, peut-être même avant qu’on ne dérape ! Va savoir avec la rumeur, si ce n’est pas elle qui pousse au crime ou à la déraison. Pas moyen de tricher, mieux vaut lâcher prise et y aller franco.
Mais peut-être est-ce là votre secret à vous autres insulaires ?
Pas de chichis ni de faux semblants, c’est comme ça et pas
autrement, contents ou pas. Chacun est habillé pour l’hiver et le
costume est à prendre ou à laisser.
Finalement est-ce mieux de croire qu’on a un statut social ? Qu’on le vaut bien, que l’ascenseur nous mènera toujours plus haut..? Tout ça pour finir en bas, six pieds sous terre.
J’ai connu bien des habitants des îles, ils partagent plus d’un trait de caractère. L’humour ravageur des îliens, tiens ! Ils parlent de la mort avec le sourire, des fous je vous dis !
Ils savent presque tout de vous, après que vous ayez eu le malheur de vous accouder à un bar et accepté une ou deux bolées. Le lendemain vous
vous réveillez avec un surnom ridicule (mais finement trouvé) un mal au crâne mérité et l’assurance de leur amitié.
Cette année à Groix, ils organisent leur 13e FIFIG (des fous je vous dis) avec l’Irlande comme invitée. Encore des maux de crâne en perspective ! Des irlandais avec des bretons, insulaires qui plus est, parlant cinéma, musique et traditions celtiques. Cette folie là, je le sens, va nous contaminer !
Bon, finalement, marié avec une île ou pas, rendez-vous à Port Lay pour un festival de vie et de bonne humeur.

Eric Régénermel, maire de Groix

Commentaires :

  • Rassurez-vous Mr le maire, nous avons bien compris que vous ne compreniez rien à ce que nous sommes… Et à ce que nous désirons, nous les fous.

    Lorsque vous parlez de « secret des insulaires », permettez-moi de vous dire qu’il est bien tard pour vous y intéresser.

    A ce sujet d’ailleurs, il y a longtemps, alors que j’étais adolescent, j’ai eu, à Port-Lay, une conversation avec Glenmor, le barde. Nous parlâmes de Groix et de l’insularité bien sur.
    Cela dura et m’intéressa vivement. Puis, quand vint l’heure de nous quitter, en message d’adieu, l’homme illustre transforma en souriant un de ses propres textes pour me le servir chaud bouillant et le graver à jamais dans mon esprit de Groisillon bizarre et possédé par un grain de folie suivant vos dires.

    Ce texte transformé, dont l’original fut inscrit pendant un moment sur la gare de Lorient, je vous le transmet à vous, Monsieur, qui n’avez rien d’un insulaire et avez tant fait pour noyer notre histoire dans l’oublie.

    « Et tout le secret est là 

    Et la sagesse est à ce prix !

    Tenir pour réels lieux et temps

    Qui font d’une Île un champ d’envol

    Et de la même Île un clôt de retour. »

    Glenmor

  • Ne t’en déplaise, Beudjull, à défaut d’être "Groisillon" au sens qui lui est donné à Groix malgré l’Académie, Mr le Maire, tout comme moi et quelques 2000 autres ostrogoths est INSULAIRE" puisqu’il habite et vit à l’année sur une Île, et même ILIEN puisque cette Île est Bretonne.

    En lisant son texte, je me doutais bien que l’ambiance qui commence à vraiment sentir le moisi des campagnes électorales, allait faire en sorte que quelques lecteurs ne comprendraient pas qu’il se met dans le lot de ces Îliens.

    Ce commentaire n’a bien évidemment rien à voir avec ce que je pense de sa façon de gérer la compréhension qu’il a de ses concitoyens.

    AM

  • * Flap Flap Flap

    Qui font d’une Île un champ d’envol

    Fais nous grâce de ces sentences figées

    Il y a eu des tueries sur des prés carrés

    Au nom d’une gloire ou d’une identité

    Je ne vais pas faire rimer beudjull

    avec une autre forme pratiquée....

    Par du Groisillon souché et sans scrupule

    Comme ci sa génétique se confondait à la tectonique

    Foudebassan

    "ca faisait longtemps"

  • Avé Sénateur E’rictus Regalus Hermelius,

    Puisque vous tendez la perche, prenons-là ! Écoutés, certains de vos administrés n’ont certes pas souvenir l’avoir été.
    Mais puisque vous l’affirmez...
    Rappelez-vous qu’un "nombre Île" ne le devient que parce que le cordon le reliant à sa matrice est rompu ! Et puis cette conception du mariage...archétypique et rétrograde : associer la notion de l’autre à celle de propriété...
    Navrant !
    Si les Îliens ont bien un grain, il semble qu’à la faible lueur de ma piètre expérience d’ici et d’ailleurs, la folie est plus l’apanage des concentrations (in)humaines comme nous rebattent les esgourdes les médias de tous poils : je vous invite à aller passer vos moments de farniente à Trappes (78) où le constat paraÎt assez probant, ces temps-ci. Et puis, à titre personnel, je
    préfère passer pour avoir un grain (ou deux...) que d’affliger à mon prochain une forme lisse comme la norme sociale tend à le prôner, sorte de nivellement par le bas.
    A d(é)raper, nul n’est tenu ! A déparer, non plus...Tricher, c’est bon pour les gogos. Si ça n’a pas cours ici, tant mieux ! Mais là ...j’ai des doutes. Il n’y a aucune raison, ni humaine, ni statistique, pour que la communauté groisillonne ne reflête pas fidèlement toute autre sur cette planète, ce caillou bleu perdu dans l’océan stellaire. On devrait pouvoir le vérifier prochainement...
    D’ailleurs, n’est-on pas aux yeux d’autrui ce que l’on souhaite en montrer ; sauf à déraper, bien sûr...
    Et comme l’ascenseur ne répond pas à l’appel sollicité, ceux qui habitent les étages supérieurs avec vue imprenable sur la fange, ne doivent pas avoir
    une envie pressante que la maintenance s’échine à intervenir. Du coup, la plèbe, elle, tombe de moins haut.
    Je doute que les céphalées évoquées furent dûes aux trop nombreuses virées nocturnes publiques. Quant à celles à venir, tout allopathe en connaÎt les remèdes : l’abstinence. Mais les païens que nous sommes n’en ont cure. Et préfèrent -ô combien- un sobriquet, que dis-je, une fulgurance verbale, sorte de distingo, comme dans toute bonne aventure gauloise, en somme...

    Bref, ce "grinchant" édito, cette ode à la vie (groisillonne, mais pas que), cette humeur martelée comme litanie, encore une mystérieuse ellipse pour nombre de visiteurs du festival. A moins qu’il ne s’agisse d’une posture philosophique...ou d’une épitaphe...
    Politique !

    À˜lius

  • En réponse à votre texte Monsieur le Maire,

    Mes amis souvent me demandent de définir le fait d’être groisillon... Moi qui suis prompte à leur dire que chez nous, tout est différent !

    Etre Groisillon... Tout d’abord c’est reconnaÎtre le parlé quand il est utilisé n’importe où dans le monde... Cela peut vous paraÎtre étrange que je commence par ça, mais seul un Groisillon qui entend parler n’importe où ailleurs va dire "tiens, un Greck"... Les autres ne sauront pas,mais le Groisillon oui"... Et pourtant, la différence est tellement évidente...

    A mes oreilles... Qui ont été bercées par ce parlé, cet accent grave, ces mots aux sonorités différentes... Non le Groisillon, ce n’est pas l’insulaire venu d’ailleurs. Oui, nous avons une langue qui nous est propre, qui est enseignée dans les écoles,dans les cours de récré,dans les bistrots,par nos parents,nos grand-parents, une langue qui a sa grammaire, sa conjugaison et son propre vocabulaire, une langue qui non seulement ne meurt pas mais qui en plus est parlée par de plus en plus de jeunes,par nos enfants... Etre Groisillon..

    C’est être fier je pense, de ses origines, les revendiquer... Moi, même à l’étranger ou sur Lorient, je ne dis pas, je suis Lorientais, je dis je suis de l’àŽle de Groix,je suis Groisillon... Ridicule vont dire certains... Avec le sourire, souvent j’ai juste envie de répondre...

    Etre Groisillon, c’est savoir où tu vas pendant les vacances, et provoquer l’envie dans les yeux des gens quand tu le leur dis... Tu ne perds pas ton temps à chercher où tu vas bien pouvoir aller cette année... Parce que toi, cette année, tu sais où tu vas... Et tu sais que tu vas en faire des envieux... "Moi je vais à Groix".. "Oh punaise, et tu as trouvé une location pas chère ?" "Oui, chez ma mère !"... Etre Groisillon...

    C’est sentir l’odeur du goémon et la merde des goélands quand les autres ne sentent rien et que tu arrives avec le bateau... Eux ne voient rien, toi tu ne vois rien non plus mais tu sais... Et tu sais parce que tu as senti l’odeur de la lande... Etre Greck, c’est parfois avoir du mal à retenir tes larmes quand tu vois les falaises,les plages,la mer... Et moi, j’y arrive de moins en moins ! Etre Groisillon...

    C’est se dire "je suis chez moi" quand tu as débarqué... Parce que c’est le seul endroit où "je suis chez moi"... C’est fermer les yeux un quart de seconde et effacer tout le temps qui vient de s’écouler et où tu n’as pas été chez toi... Etre Groisillon,je n’ai pas dis être Insulaire,non Groisillon...

    C’est être attendue par tes parents, ta famille, c’est l’àŽle entière qui sait que j’arrive aujourd’hui... Parce qu’à Groix, c’est probablement le seul endroit où tout le monde sait quand tu es là ,quand tu arrives, ou l’on me parle en me disant "Ko,Chouk ke zat", où mes rides ne se voient pas... C’est le seul endroit où mes enfants sont les enfants de tous, où ils ne risquent rien, où mon regard de père se repose parce qu’il sait que les autres aussi veillent... Mais bon... Etre Groisillon...

    C’est dire à ma femme,Îlienne elle aussi,mais d’un autre caillou comme elle dit, ça c’est Ma plage, même s’il y a plein de monde dessus, c’est MON rocher, MA cabane, Mon village,MES souvenirs... voilà ce que je t’offre... Tout ça...

    C’est le premier voyage en bateau de chacun de mes enfants...Ce sont les baptêmes,les mariages avec le prêtre en soutane à l’église pendant que tout le monde chante le "Me zo Gannet e Kreiz er Mor"...Les enterrements aussi de ceux qu’on aime. C’est aussi les bonbons que tu achetais sitôt la messe finie quand on était gamin et quand dégustait sur le mur de l’église... C’est le cochon en méchoui dont tu vas régaler les invités,les boudins... Je me rappelle encore quand mon père avec ses copains coursait le cochon gagné à la Kermesse ... Etre Groisillon...

    C’est préparer les tremours et les moules,manger du ragoût de berniques et puis faire en sorte que toute la famille en déguste un peu... Etre Groisillon...

    C’est Mon Grand-père qui m’appelle la nuit de Noêl pour m’apprendre les histoires de la pêche aux thons, qui font de moi des envies de grand large... La dépositaire d’une tradition que j’essaies de transmettre à mon tour à mes enfants... Et que j’utilise en secret... Etre Groisillon

    C’est une église bondée pour l’enterrement de mon père,une chorale qui chante le "Ave Maria", et mes tantes, et mes oncles, et mes cousins... Et puis le cimetière familial... Et oui, on a ça nous ! Et puis même que si tu n’as pas été sage, tu es enterré à l’envers... Etre Groisillon...

    C’est le Tchumpot de Maman, qui te cale comme pas deux, le far pour la digestion, le lard de la petite boutique du Bourg... J’comprends pas pourquoi,je ne trouve pas ça ailleurs... Etre Groisillon...

    C’est l’odeur du goémon sur les plages, c’est les histoires sur les thoniers, et sur la seconde guerre mondiale que mon grand-père me racontait le soir... Etre Groisillon...

    C’est avoir la chair de poule quand j’entends les chansons de Gilles Servat ou de Michel Tonnerre,c’est lire et comprendre l’àŽle à travers le temps, c’est... C’est la générosité, le sens de l’accueil, le caractère entier, le chauvinisme, les frictions... C’est aussi les nuits bleues... Et c’est encore tellement d’autres choses... Être Groisillon ce n’est pas être nostalgique,non c’est juste un truc dans le sang,dans la tête que seuls certains peuvent comprendre....
    ludo/ Greck/ Sourire de l’Île

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