La France du “mais quand même…"
Le sport national français qu’est le rapport flexible aux règles occasionne des déconvenues et complique le vivre-ensemble, déplore dans sa chronique Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde ».
L’une des choses qui frappent les étrangers en France est notre rapport très flexible aux règles. Bien sûr, nous savons que les lois et autres normes du droit ou de la vie en société sont indispensables. Mais nous avons tendance à rechercher sans cesse des accommodements, en alléguant, de plus ou moins bonne foi, une circonstance particulière, ou en jouant de notre propre aplomb. Des feux rouges oubliés par les deux-roues aux files d’attente allègrement snobées, la vie urbaine fournit une source inépuisable de ces « petits arrangements » que nos voisins européens ou nos cousins d’outre-Atlantique se permettent moins. Ce qu’un ami américain nomme la France du « mais quand même… », sans cesse occupée à négocier une exception à la règle.
Mais « la guerre contre l’intelligence se mène toujours au nom du bon sens », comme disait Roland Barthes,
Philippe Bernard Le Monde 31/12/23