"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

Festival de Groix : cap sur le Sri Lanka

Publié le 4 août 2009 à 13:30

Actualité du cinéma

La 9ème édition du Festival international du film insulaire se tiendra du 19 au 23 août 2009 sur l’île de Groix (Bretagne). Chaque année le festival cinéphile breton affiche une très riche sélection de la production cinématographique des îles à travers le monde. Né d’une idée originale, le festival est devenu au fil des ans le rendez-vous incontournable des amoureux des îles et du cinéma. Organisé à l’initiative de l’Association Festival du Film Insulaire sur cette île, située en face de Lorient, le festival vous invite à déguster sans modération et durant 4 jours des films à la pelle, les pieds dans l’eau.

Le succès de ce festival doit résider dans cet alliage fortuit et jubilatoire : le cinéma et les îles - une invitation au voyage, au dépaysement, à la découverte de l’Autre… Quel point commun entre l’Islande et… le Sri Lanka ? sinon une même formation géologique… et des bijoux cinématographiques, mis à l’écart des circuits habituels, à découvrir.

Le Sri Lanka, justement, est l’île invitée pour cette nouvelle édition du Festival. Avec une production cinématographique qui doit plus se mesurer à sa qualité qu’à la quantité, l’île aux pierres précieuses regorge de perles cinématographiques rares. Mais, le cinéma sri-lankais s’est toujours fait voler la vedette par le cinéma indien, un géant démesuré – la plus grande industrie cinématographique de la planète – qui lui fait de l’ombre. Et cette ombre a doublement assombri la production locale : d’un côté, le cinéma exporté qui draine les publics et de l’autre, les cinéastes locaux qui essaient d’imiter, au limite souvent du ridicule, ce cinéma commercial le plus convenu, mais sans les moyens dont disposent les producteurs « bollywoodiens »…

Avec ce cinéma commercial, un cinéma d’auteur exigeant a toujours cohabité : cette tradition, inaugurée par un Lester James Peiris dans les années 1950 (Rekhava, 1956), en rupture totale avec la tradition d’alors - de longs-métrages filmés exclusivement dans les studios indiens avec le concours de techniciens indiens.

Peiris a mis en scène essentiellement les trésors de la littérature locale qui analysent en profondeur les bouleversements de la société sri-lankaise durant la période de colonisation et les années qui suivirent – des changements radicaux qui dépassaient ceux qui devaient les assumer. L’un de ses films s’intitule Gamperaliya, soit, le Changement au village, une référence littérale au thème de prédilection de ce courant cinématographique. Ledit film, reconnu à juste titre comme un « trésor du cinéma mondial » a figuré dans la sélection « Cannes Classiques » du dernier festival cannois et a fait l’objet d’une récente sortie nationale en France.

Dans les années 1970, une nouvelle génération de cinéastes sri lankais se distingue de l’académisme de Peiris. Ces jeunes cinéastes ont produit un cinéma énergétique et revendicateur, le plus souvent autour du thème de la jeunesse. De ce point de vue, l’on pourrait rattacher la figure d’un cinéaste comme Dharmasena Pathiraja à la « Nouvelle Vague » ou le « New Hollywood » : tant thématiquement que formellement, des films comme Ahas Gawuwa ou Bambaru Awith, se rapprochent à un certain degré des premiers films de la Nouvelle Vague ou des débuts d’un Martin Scorsese (Who’s That Knocking at My Door, par exemple) : même énergie brute qui crève l’écran, même spontanéité du jeu et des prises de vue et ce curieux mélange d’audaces formelles et les maladresses techniques qui virent à la poésie… même si les préoccupations sont on ne peut plus ancrées dans la réalité locale.

Un renouveau du cinéma sri lankais s’est aussi opéré dans les années 1990. Contrairement à leurs aînés, les cinéastes de cette génération sont connus des cercles cinéphiliques du monde entier grâce à la multitude des festivals plus ou moins confidentiels qui prospèrent dans le monde du cinéma depuis une vingtaine d’années. La guerre civile qui a ravagé le pays durant trois décennies a notamment fourni un terreau fertile à ces cinéastes, marquant toute leur œuvre d’un sens inouï du tragique et de l’inévitable.

C’est donc une tradition cinématographique dense dont, sous nos latitudes, on ne soupçonnait guère la richesse que le festival de Groix nous invite à découvrir : beau geste de curiosité et de l’ouverture.

©Janaka Samarakoon http://www.biblionline.com/ 29-07-2009

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