Eloge de la nostalgie joyeuse
1 commentaireou "Comment arrêter de pleurer sur un passé qui ne reviendra pas’" (tout un programme).

C’était dans les années 60. Tante Marianne, le regard vif et la silhouette fringante, arpentait plusieurs fois par jour le village de Quehello d’un pas alerte. Elle était, en fait, mon arrière-grande-tante. Lorsqu’elle me croisait aux vacances, elle m’attrapait à pleins bras, me plaquait sur les joues de gros baisers un peu mordeurs et s’exclamait toujours :
" Mon Dieu ! Celle-ci ! "Pakré" son grand-père "Djerem !"
Ce qui dénotait, à mon avis, une forte myopie ou un parti pris certain car mon grand-père, Jérôme Tonnerre, l’oeil bleu, le cheveu blond et le nez en bec d’aigle était exactement mon contraire. A l’époque, peut-être avions nous en commun la taille : il était assez petit et j’étais déjà grande.
La tante Marianne et son mari avaient fait l’emplette d’une concession au cimetière, concession destinée à la construction de leur dernière demeure. Tante Marianne possédait, pour faire visiter son lopin de terre, la faconde d’un agent immobilier, vantant l’orientation future de sa tombe qui lui permettrait de profiter du soleil mais pas trop, la protection des hauts murs qui l’abriteraient du vent et surtout... surtout, la proximité d’une nombreuse parentèle enterrée tout autour qui lui tiendrait compagnie car elle était fort bavarde.
Tante Marianne, armée de son grand sac à main noir, pose désormais pour l’éternité (ou peu s’en faut) sur une carte postale intitulée "Ile de Groix : les belles-familles sont ici très unies". On la retrouve, format poster, à l’écomusée à l’étage des costumes.
Elizabeth Mahé
Vos commentaires
# Le 13 avril 2014 à 15:51, par sophie durup
charmant,quelle fraÎcheur ! mais oui , je suis d’accord : on veut un recueil :-) de tous ces petits moments groisillons ! PETILLANT et RAFFRAICHISSANT