" Conflits sur le sable "
Le "peuple des dunes" et le marchand de sable
par Ariel Nathan
samedi 21 février à 16h45
sur France 3 Ouest et sur france3.fr
En 2005, la société Lafarge engageait des études sur une zone située entre Belle-Ile, Groix et Quiberon. Le but était de déboucher sur une concession d’exploitation de 30 ou 50 ans et d’extraire 600 000 tonnes de sable marin par an sur ce gisement…
Mais les habitants de la zone côtière ne l’entendent pas ainsi. (...)
Ils décident alors de créer un collectif pour s’opposer à ce projet de concession d’extraction. Et ce collectif s’autoproclame "le peuple des dunes". Cette opposition révèle à la fois l’attachement viscéral des populations du littoral à la préservation de leur cadre de vie et un questionnement sur le modèle de développement de nos sociétés.
Le sable marin est-il devenu un nouveau trésor, aussi indispensable à nos sociétés que l’eau ou l’électricité ? Sans aucun doute, car le granulat est indispensable à la fabrication du béton pour l’habitat, au revêtement des routes, ou même au remblai des voies ferrées. C’est l’un des produits naturels les plus utilisés : 20 kilos par jour et par habitant.
Chaque année la France en consomme 420 millions de tonnes et n’en produit que 400 millions. Le problème c’est que tous les gisements terrestres sont déjà exploités et que certains se sont déjà taris. Dans ces conditions, faut-il freiner la construction, importer du sable ou aller le chercher là où il se trouve ? C’est-à-dire en mer. Au delà du débat entre scientifiques, sur la réalité d’un danger écologique, le réalisateur Ariel Nathan a voulu comprendre les motivations qui animent ce "peuple des dunes" rassemblé dans une même opposition au groupe industriel, numéro un de la production de ciment.
Les arguments sont multiples, depuis le classique " Pas de ça chez moi " jusqu’aux thèses plus étayées des experts sur l’érosion des dunes et la fragilité de la biodiversité. Surfeurs, pêcheurs, retraités, vacanciers, écolos, commerçants, artisans, élus... En apparence, le combat est commun à tous, au nom du principe de précaution. Mais, l’opposition du "peuple des dunes" exprime d’abord une incompréhension sur la façon dont ce projet d’extraction de sable a été mené.
Sans complexe, "le peuple des dunes" a porté l’affaire devant les tribunaux. A travers une bataille de procédures, les opposants à la multinationale du ciment ont réussi - provisoirement - à "gripper la machine". Pour l’instant les travaux de recherches et d’évaluation en mer sont terminés. Et il faut maintenant attendre la décision du Ministère de l’environnement pour savoir si l’autorisation d’exploitation sera accordée.
