Cinéf’îles : Même la pluie

vendredi au Cinéma des familles
Même La Pluie, de Iciar Bolain, est un film réunissant trois histoires complexes : l’histoire de la conquête de l’Amérique y a cinq siècles, l’histoire de l’équipe d’un tournage en Bolivie en 2000, et enfin, l’histoire, parallèle à ce tournage, d’un mouvement social à Cochabamba contre la privatisation de l’eau - à l’époque, une loi était passée laquelle interdisait même de recueillir l’eau de pluie !
Un point commun : le racisme, conscient ou inconscient, le droit des indiens, leur discrimination.
Jacques Morice Telerama : Un jeune réalisateur tourne, en Bolivie, une fresque sur la servitude des Indiens et leur résistance aux colons espagnols du XVIe siècle. Pour calmer son enthousiasme il y a son producteur et acolyte. Pragmatique et un brin cynique, il se débrouille comme un chef pour réduire les coûts de production avec la main-d’oeuvre locale. Sauf que la situation politique sur place se dégrade. L’augmentation de l’eau pousse la population à la révolte. Des tensions éclatent, menaçant la sécurité du tournage...
L’injustice est au coeur du réquisitoire que Sebastian et Costa sont en train de tourner. Et voilà qu’elle refait surface, sous leurs yeux, comme si l’histoire se répétait, cinq siècles plus tard. Les deux hommes le voient bien, mais s’arrangent, au moins un temps, pour ne pas s’impliquer. Faire leur film, voilà ce qui compte...
Avec l’aide de Paul Laverty (scénariste attitré de Ken Loach), la réalisatrice Iciar Bollain (Ne dis rien) confronte ses personnages à un cas de conscience rarement abordé au cinéma : un cinéaste engagé peut-il se permettre de ne pas joindre l’acte à la parole ? Où commence et finit son engagement ? Le film pose finement la question de l’intégrité. Même s’il tente d’y répondre, vers la fin, de manière un peu trop rapide et maladroite, au moins propose-t-il quelque chose. Qui ressemble à du cinéma équitable.