"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

Bistrot, convivialité, lien social...

Publié le 27 mars à 13:00 - 1ere mise en ligne le 14 mars

Pourquoi aller au bistrot nous rend heureux ? Nous avons tous une histoire singulière avec les cafés, les bistrots, les bars, les estaminets, les brasseries…

Mais au fond qu’aimons-nous dans ces lieux de convivialités ?

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-du-jeudi-14-mars-2024-3157963

Cela fait des années que je pense à rendre aux cafés de Groix tout ce que je leur dois (enfin, à certains...)

Cette émission, très bien faite, m’en donne l’occasion. Peut-être aussi la réaction de deux copains à qui je racontais des rencontres sympas dans les troquets greks et qui m’ont répondu d’un air presque offensé : " je ne vais pas dans les bars".

Mais les copains, il n’y a pas à en tirer gloire, vous passez à côté de ce qui est (ou a été...) un des plus grands charmes de notre île !

Mon intérêt sociologique pour les rades est inscrit dans mes gênes. Je suis née dans un café perdu à la croisée de la Bretagne, du Maine et de la Normandie et tout ça parce que ma mère, la gamine de Quehello, maltraitée par une marâtre, a dû s’exiler dès 13 ans pour aller travailler chez les patrons d’un des cafés du port de Lorient comme bonne à tout faire. Plus tard, sa chère cousine Marie Tenier l’a accueillie à Paris et elle a continué comme serveuse dans un bar familial.

La vie a voulu après quelques années de maladie et de bons soins du Dr Romieux de l’époque, que employée dans un château de la région où j’allais naître, elle rencontre mon père, propriétaire d’un café de campagne. J’y ai grandi et enfant, j’y ai "essuyé des verres au fond du café". J’ai aussi assisté aux conversations des clients, trop préoccupés par leur actualité difficile en ces temps de guerre (et de résistance) pour me faire rêver à un avenir flamboyant.

Sauf lors des étés à Groix, c’est une fréquentation dont j’ai dû faire l’impasse avant mes soixante ans ; 4 enfants et un emploi en 3/8 ne donnaient pas beaucoup l’occasion de chercher à profiter de rencontres inopinées.

Mais, grâce à Satan, l’Erika s’est gaufré ce qui a mis de l’agitation sur l’île lors de l’hiver 2000 où, pauvres de nous, il nous fallait loger en meublé en attendant que la maison se construise. Quelle belle occasion d’aller retrouver Alain et Jo à "Ty beudeff" bondé grâce aux troufions et autres réparateurs d’offense faite à notre côte. Et nous avons commencé à élargir notre panel de connaissances groisillonnes qui jusque là se bornait à la famille que l’on fréquentait pendant les vacances.

De l’Histoire avec Jo, de la politique avec Alain (et ses maigres souvenirs d’Angers) puis la gentillesse de Fabrice qui malgré toute l’affection qu’il portait à Alain ne manquait pas d ’attention pour ses vieux clients ; la déchirure a été douloureuse lors de la perte du propriétaire de l’endroit, la chaleureuse ambiance étant remplacée par celle d’une usine à touristes et son tiroir-caisse.

Dans la journée, nous allions quelquefois gorzailler avec Sébastienne, jamais à court d’un potin groisillon, puis avec Soaz, ou à la Pop’s avec Brigitte et son sens de l’accueil "à la demande" sachant attribuer une écoute différenciée aux problèmes des uns et des autres. Lors des mémorables animations en soirée, c’est avec Didier qu’on échangeait les commentaires et les présentations d’inconnus de l’un ou de l’autre.

Il y avait aussi les prolongations de soirées : si famille ou amis nous invitaient chez Jean-Luc, on les remerciait en les emmenant faire un billard et peut-être goûter les formidables whiskies de Patrick au Pêcheur. (T’inquiète, Fab, on ne t’oubliera pas). Ou au Noroît du temps qu’il avait encore des heures d’ouverture qui ne faisaient pas fuir les vieux, qui, il faut bien le dire, ne consomment pas suffisamment (je dis ça pour ne pas me faire engueuler par l’un ou l’autre de mes toubibs !)

Bien sûr, le grand âge aidant, on réduit maintenant la voilure, on assiste moins aux concerts mais on ressent toujours le même plaisir quand, en terrasse ou accoudés au bar du grand Pierrot au Bao, on voit entrer des connaissances qui nous saluent avec le sourire ou même quand, ébahi, un client du resto nous demande 2 fois, discrètement, c’est bien vous Anita du blog ?

Et si je proposais, pour rester encore un peu sur l’île, que les amis que j’y ai connus sèment quelques unes de mes cendres dans les jardinières de ces si sympathiques lieux de sociabilité ??

Commentaires :

  • Aïku de blues

    Cousine, tu serai submergée par les mégots !!!

    Choisis plutôt Prehoc’h ton fjord voisin !!!

    Salutations au cousin César David, vaguemestre équin de Lann Bihouée et godilleur infatigable !!!

    Torcheur

  • Oh cousin, grâce à ton patient travail, tu as certainement l’arbre généalogique de cette famille David au moins jusqu’à, par alliance, la mère de Marie Tenier, en partant des plus récents comme Ange par exemple (mi-siècle dernier quand même...)
    ça me rendrait bien service. Je ne trouve jamais le temps de me plonger dans mes multiples feuillages.

  • Pour les mégots cousin, ne t’inquiète pas, les cendres de mes poumons garderont la trace de la nicotine qui y a fait son nid !

  • Helene & Fredy chez "Louis Gilles" au bourg et Christiane chez "Mathurin Sidor" près de l’école des frères et les PC de la bande de Quehello, chez Marcelle qu’ont réveillait en sortant de chez Lucien et qui nous servait un dernier verre pour pas ameuter tout le village, chez Louis Mentec pour jouer d’boules, sans oublier chez "Mimi" à Kerlard et tous les autres, si conviviaux, si chaleureux, si tolérants. Merci pour cet adolescence dorée.

  • Merci de rendre ce bel hommage à ces lieux de rencontres, de retrouvailles et de joies.
    J’espère que ces lieux nous survivront et que nos jeunes pourront y faire de beaux et réels échanges ... facebook et compagnies ne remplacent pas tout cela.

  • Aïku d’oeil

    Mirez votre boite à missives, Dame Anita, les toiles de David vont tantôt y choir.

    Torcheur

  • Quelle belle photo ! Vous êtes si beaux tous les deux, et il y a tant de tendresse et de joie dans vos yeux.
    Oui, c’est vrai : que de plaisirs et de moments forts nous avons vécu dans ces bistrots.
    Véritables lieux d’échanges, centres culturels à certains moments, seuls lieux peut-être où les générations peuvent se rencontrer et faire la fête ensemble.
    Dans celui-ci on peut jouer à des jeux de société, dans l’autre on peut chanter ou danser, dans un autre encore organiser des soirées improbables, déguisées ou non, folles ou sages. J’en ai même connu un chez qui je pouvais venir avec ma machine à coudre pour bosser parce qu’il n’y avait pas assez de place chez moi !

    Ma chère, si mon porte - monnaie me le permettait, j’y serai plus souvent !
    Merci pour ce joli clin d’œil au beau métier de bistrotier !

  • Merci mon cousin. Mon émissaire a fini par aller jusqu’à la boite à missives et m’en a rapporté l’arbre où figure Marie Tennier dont je me dis qu’elle ne peut être cousine de mon grand-père que par votre ancêtre Marie Tonnerre.
    Je vais essayer de faire coïncider les deux arbres... si j’en ai le temps. Merci encore.

  • Yé ! a lire avec modération ( directive Xb, alinéa 2a) ile de marins, ile de chagrin, ile de bistrots ! des Cafés.épiceries antédiluviens , des parties de tarot endiablées, la godaille de toulourou oubliée sous la table, des bistrots" yé yé/ formica, des parties de baby. foot de retour d’ouest irlande ou de pointe noire. le revival celtik/flowers power, aucun respect des horaires de fermeture, en Irlande a kerampoulo en piste" en semaine l’hiver a groix, rien de mieux pour ce faire traiter de "mytho" aujourd’hui. c’était mieux avant ! tout est relatif , en tout cas de précieux souvenirs...

  • Beaucoup de lieux conviviaux disparus.
    Pause obligatoire chez Mimi après la pêche aux tremours à la marque blanche A Kerlard encore,Noemie et son épicerie, débit de boissons ,un vrai café théâtre avec un public et quelques vedettes locales hautes en couleur...Noemie était une conteuse étonnante et drôle.
    A Locmaria, le café du clocher tenu par Simone accueillait les anciens dans le bistrot et les jeunes dans l’arrière salle baptisée la fumerie.Les murs étaient tapissés de dessins de Jean Tonnerre.
    Mario et son épouse tenaient le bar et le jeu de boules repris par Didier et Brigitte puis par Jérémy. Toujours à Locmaria,
    Sébastienne faisait son show pour les habitués, le touriste entré par hasard repartait avec un costume trois pièces surtout si la boisson commandée manquait de virilité !!!.
    Il y avait aussi le casino aux Grands Sables( maison Verdier) géré par Pascaline et sa complice.
    Annie, place du Leurhe accueillait une clientèle fidèle. Le café d’Ortiz près de la mairie proposait aussi des courses de taxi.
    Louis Gilles et son épouse vendaient le meilleur sucre jaune, kouign-pod oblige, ambiance chaleureuse et riche en chansons du crû perpétuées par E Bonnec et Manu Baron.
    En face de la poste, Jean Le Menach et Suzette toujours souriants aux manettes de leur bar sympathique .
    Sous le préau de l’école de la Trinité un bar jouxtait la salle des fêtes. Au mur des patères où lors des bals,les chasseurs accrochaient leur fusil avant de partir pour un paso doble avec 2 ou 3 lapins à la ceinture.
    Les lendemains étaient moins drôles dans la cour de notre petite école ...
    Mylène

  • Bien que le "grand âge" de nos aïeux force à "réduire la voilure", les souvenirs et les anecdotes se transmettent toujours entre les générations !

    Après avoir été bercé depuis le début de l’adolescence de moultes histoires de la part des grands-parents, des oncles et tantes ou bien encore des parents des copains, c’est désormais à mon tour de raconter nos péripéties singulières dans ces lieux conviviaux auprès de grand-mère, afin qu’elle continue d’y mettre les pieds par procuration !

  • Et dire que j’ai raté le pasodoble des chasseurs avec lapins à la ceinture ! Dès demain j’informe Olivier (chasseur) qu’il a tout le printemps et l’été pour peaufiner son pasodoble, qu’il soit fin prêt en septembre pour l’ouverture............................. Elizabeth

  • Oh Elizabeth, tu n’a pas peur de danser avec des ceinturés de marcassins ?

  • En fait, j’ai bien plus peur face à un sanglier (car qui dit marcassin dit sanglier qui traîne pas loin) que face à un chasseur..Mais c’est certainement parce que je n’ai pas tout compris !
    Et pour avoir côtoyé les deux sur la Grande Terre lors de mes randos attelées, je peux vous dire qu’on n’est pas très fier lorsqu’on longe une bauge de sanglier et que vos ânesses ne veulent qu’une chose:fuir au plus vite !Curieusement elles ne m’ont jamais fait le coup avec des chasseurs... Mais c’est certainement parce qu’elles n’ont pas tout compris non plus ! Décidément, nous sommes faites pour nous entendre.

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