Acte manqué ?
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Je viens de feuilleter le magazine d’information de Lorient Agglo. Je garde pour moi la rogne, la hargne, et mon courroux coucou qui m’animent chaque mois à cette lecture.
Mais, un entrefilet dans la rubrique "Loisirs, animation" (gloups !) mérite quelques réflexions.
On y lit qu’à l’occasion du festival AlimenTERRE (loisirs ou animation ?!), la projection du film "La era del buen vivir" a été suivie d’un débat avec Alain Rousseau de Kaol Kozh et Semences Paysannes.
Nonobstant cette appartenance, Alain est aussi - ou d’abord - agriculteur sur Groix.
Comment se fait-il que personne ici, en Mairie, n’ait pensé qu’il était intéressant, et très facile dans ces conditions, d’organiser aussi ce débat sur l’île ?
TV
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# Le 13 novembre 2012 à 15:50, par Anita
Lorient Du 12 au 30 novembre 20h
6ème édition du festival de films dcocumentaires sur les enjeux de l’accés à une alimentation saine et suffisante pour tous.
Le 12 : Projection du filin "Laera del buen vivir" suivie d’un débat avec Alain Rousseau de Kaol Kozh et Semences Paysannes, et Margarita Hernandez,anthropologue mexicaine.
Le 19 : Projection du film "Planète à vendre" suivie d’un débat avec Kenny Matampash, porte-parole des Maasaï dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale.
Le 26 :Projection du filin "La face cachée des agrocarburants" suivie d’un débat avec Gilles Maréchal, président de AMAR Brésil et administrateur du CIVAM Bretagne.
Le 27 novembre : spectacle "Le grand jeu de la faim" par la Compagnie Zigomatique (au Plateau des quatre vents).
Lieu : Amphithéatre Paul Ricoeur du Lycée Dupuy De Lome.
www.festival-alinmterre.org
# Le 17 novembre 2012 à 00:09, par TV
Il était une fois un mandarin qui gouvernait une petite planète.
Lorsqu’il accéda au trône, la planète était dans un bien triste état. Plus de thoniers dans ses eaux, presque plus de terres cultivées.
Sillons et nants abandonnés, et bien que martialement remembrés, s’étaient livrés sans retenue à la lande et à la friche.
L’activité agricole s’était repliée sur le plateau central : à peine 350 ha, sur les 1 400 amoureusement jardinés autrefois.
Heureusement à dire vrai, car les engrais, les pesticides, les boues des stations d’épuration, et les apports incontrôlés de chaux, les avaient complètement lessivés. Des lapins et des rats à foison, mais plus le moindre vers de terre.
90% des terres ainsi cultivées, étaient exploitées par deux céréaliers, tous deux âgés de plus de 65 ans, dont la succession n’était pas assurée.
(NdT. : Toute ressemblance avec ce qui se passe aujourd’hui dans le domaine médical est purement fortuite)
Notre mandarin réunit donc au plus vite un conseil de guerre. Il faut – disait-il - favoriser la reprise agricole.
Ecologiste convaincu, mais pas paysan pour deux sous, il prit conseil auprès du grand vizir de la Technopôle d’Orient. Tous deux s’entendirent pour transformer la planète en un vaste jardin d’agrément, un "poumon vert" pour les citadins, une réserve de richesses naturelles, "facteur d’attractivité touristique".
Séance tenante, les parcelles anciennement travaillées perdirent leur statut de terres agricoles. On les classa en espaces "naturels" protégés. Et pour les préserver plus sûrement de l’activité agricole, on fit appel à l’espace sidéral européen, qui laissa choir sur ces terres le programme Natura 2000.
820 ha, près de 60% du terroir, et plus du double de la surface dédiée à l’agriculture, étaient ainsi livrés à dame Nature. La lande, les fougères, les ajoncs, les prunelliers, et … les griffes de sorcière (1), s’y plaisaient.
Ce qui, bien sûr, n’était pas du goût des autorités. La lande ne peut plus être ce qu’elle était, elle doit être estampillée, domptée, nettoyée.
A tout problème, il y a une solution.
Avec la participation de notre mandarin, le programme Leader de la Technopôle d’Orient se détourna de la reprise agricole, de ses difficultés et de ses enjeux. Il ne se soucia que de "conforter le rôle de l’agriculture dans la valorisation des paysages et la préservation du patrimoine naturel".
Le grand vizir, qui avait la main sur les finances européennes, assimila astucieusement espaces agricoles et espaces naturels. Le soutien à l’agriculture fut subordonné à la gestion "agro-environnementale" des espaces protégés, et à la réalisation par les jardiniers bénévoles des "investissements improductifs" nécessaires à cette gestion.
A défaut de mettre du foncier à disposition de l’activité agricole, on allait mettre les agriculteurs au service des espaces "naturels".
Pas question, en retour, d’y exercer leur activité. La mise en culture et l’élevage risqueraient de "dénaturer" ces petits coins de nature, uniquement dédiés aux espèces en voie de disparition. Mais ni les pêcheurs, ni les petits paysans n’en font partie !
Au pays du mandarin, l’oseille des rochers et la bruyère vagabonde ont plus de valeur qu’eux.
(1) - Certains affirment que notre planète tient son nom du breton Enez er Groac’h, "l’Île des sorcières".
Rien ne venait l’attester ... jusqu’au jour, pourtant, où la "Carpobrotus acinaciformis", plus connue sous le nom de "griffe de sorcière", s’en vint peupler le versant d’un vallon. Vilain nom pour une si jolie fleur !
Après seize siècles d’absence, les sorcières renaissaient et vernissaient leurs griffes au soleil d’été. Le vallon où elles s’étaient installées, en resplendissait.
Le petit peuple de la Réserve et sa divinité tutélaire Ladirène, notre mandarin et son grand vizir, s’en émurent aussitôt : halte à la colonisation, les sorcières au bûcher ! On leur arracha les ongles les uns après les autres, on dénuda le vallon, on le soumit à l’érosion, mais la flore autochtone n’avait plus rien à craindre.
NdT : toute ressemblance avec le retour aux frontières des abeilles italiennes, n’est pas fortuite. Le mot d’ordre est le même : sus aux invasions barbares !