"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

Voeux du maire et Hommage à J.L. Blain

Publié le 1er février 2014 à 12:22 - 1ere mise en ligne le 19 janvier 2014

Il y a beaucoup de choses que l’on peut faire pour donner un sens à sa vie et se regarder le matin dans la glace vieilli mais relativement satisfait.

La plupart de ces choses ne se mesurent pas en biens matériels ni en accomplissement d’on ne sait quels travaux d’Hercule ou gloire plus ou moins retentissante ou éphémère. Parmi
tout ce qui peut nous satisfaire profondément et durablement la première relève de la transmission.
Cette solidarité avec le futur est aussi ancienne que l’humanité, elle se heurte aujourd’hui à des écueils absolument nouveaux, démesurés et effrayants : accélération de l’histoire, règne de l’immédiateté au détriment de la profondeur, recomposition des structures sociales et familiales avec perte de repères, coupure inter-génération, sectarismes et communautarismes, le tout dans un monde où la solitude progresse et apparaît d’autant plus insupportable que les relations
individuelles semblent plus développées que jamais à travers médias et réseaux sociaux.
Le vieillissement de la population semble inéluctable, lié à l’augmentation de l’espérance de vie mais qu’il déséquilibre la société. Je regarde effaré le Japon, pays hyper-technologique et vieillissant où l’on fabrique des robots pour tenir compagnie aux anciens. Leur situation est en grande partie le fruit d’une politique anti-immigration ancienne qui devrait nous faire réfléchir.
Il est temps de ralentir -et pas seulement sur le périphérique parisien- il est temps de prendre le temps de réfléchir avant de faire n’importe quoi de l’unique et précieuse planète dont nous avons hérité.
Prendre le temps d’investir dans l’éducation en ouvrant l’esprit de nos enfants à bien d’autres choses qu’à des que les valeurs marchandes et de rentabilité. Ils trouveront ainsi des ressources que nous n’imaginons pas.
Prendre le temps, ce n’est pas avancer moins vite mais avancer mieux, en regardant plus loin et en interrogeant le passé. Il faut travailler. Non pas faire du vent. Ceux qui pensent que l’utopie triomphante donnera à chacun sa part de paresse se trompent, il faudra travailler. Alors aujourd’hui, à la fin de ces 13 années de mandat, je dois transmettre un message et, je l’espère un peu d’héritage.
Au début de ce mandat, fin 2008, alors que je discutais amicalement avec le patron
d’une grande entreprise qui connaît bien Groix, ce dernier me dit que la crise va frapper d’un façon impitoyable et me recommande alors de bien m’occuper de l’île, car, me disait-il, nous entrons dans une terrible récession. La suite, on la connaît.
Face à cette situation, que fallait-il faire ? Faire le gros dos en attendant des jours meilleurs ou au contraire prendre le taureau par les cornes ? Attendre et ne rien faire c’est laisser aller la pente naturelle du déclin économique et démographique alors que chaque famille, chaque logement, chaque emploi est un combat de tous les jours. Nous avons donc décidé de déployer nos politiques sociales, économiques et culturelles en suivant et souvent en dépassant nos engagements électoraux.
Ces défis ont été mon moteur durant toutes ces années d’engagement politique. Essayer de comprendre le tourbillon, en tirer les conséquences et agir. Ce ne fut pas toujours facile. L’idée que l’on se fait de l’île reflète notre vision du monde, à tel point qu’on serait tenté par l’utopie locale et autarcique, alors que nous subissons
le monde autant que les continentaux. Après tout, notre île est un territoire qui connût son heure de gloire avec une industrie florissante. Concurrencé par des plus nombreux et puissant que lui, est-ce le sort de Groix, de la France ou de l’Europe ?
Île de nos rêves, à quoi ressembles-tu ?
J’ai eu maintes fois l’occasion d’en parler et de l’écrire : un lieu de vacances n’existe
que 2 à 4 mois de l’année maximum. Penser que le tourisme serait l’alpha et l’oméga du maintien d’une population active à Groix, c’est vraiment un peu court.
Le tourisme est un atout formidable dont les différentes facettes dynamisent l’ensemble de l’économie locale : commerces services, bâtiment, agriculture et pêche... Mais il faut une vision plus vaste pour maintenir les emplois, surtout en période de crise : aider la population, s’occuper des plus jeunes comme des anciens, faciliter l’installation des entreprises, les activités de production, préserver l’environnement naturel, booster toutes les formes de culture et d’échange. C’est
cela qui compte.
Ce qui a été fait dans le domaine social depuis que Dominique Cany a commencé est tout simplement énorme. Certes le logement social était déjà très présent, mais nous avons fait largement notre part et les chantiers continuent pour répondre à la demande constante des familles îliennes.
La diversité des services offerts à la population est largement digne de celles de grande villes : aides à domicile multiples, hospitalisation à domicile, téléalarme, portage de repas, plateforme médico-psychologique pour adultes et enfants, passage de psychiatre, présence d’une orthophoniste, et maintenant les pôles enfance jeunesse et social qui accueille tous les prestataires, offre un local aux
assistantes maternelles, service municipal jeunesse. Bientôt un nouvel EHPAD.
Rien de tout cela n’existait à Groix en 2001.
Ce qui a été fait dans le domaine économique n’est pas négligeable non plus : nous sommes la seule commune du Pays de Lorient où le nombre d’emplois agricoles et leur production ont augmenté au cours des dix dernières années. Nous avons, avec le pôle mer la certitude de conserver des emploi de pêche et d’aquaculture et même de les développer comme pour l’agriculture.
Tous les terrains de la zone d’activité économique ont été vendus à des entreprises groisillonnes, et dans le cadre du PLU nous devons penser à étendre ses zones face à la demande croissante de terrains. _ Une centaine d’emplois ont été créés à Groix en 10 ans, et si la situation de crise fragilise cette dynamique, il n’en reste pas moins que la population active et le nombre d’’enfants scolarisés sont remarquablement stables et rassurants.
Nous travaillons sur une zone de stockage et de recyclage de déchets d’entreprises qui donnera un second souffle au bâtiment, en évitant tous ces dépôts sauvages que je ne cautionne pas.
Dans le domaine culturel, je demande à ceux qui vivaient à Groix il y a 15 ans de se souvenir objectivement combien il y avait d’associations culturelles et de voir combien il y en a maintenant. Nous ne savons plus « où les mettre » au sens propre, et Port Lay nous apporte bien des solutions. Port Lay conquis de haute lutte avec l’appui déterminé de Jean Yves Le Drian et Norbert Métairie. Comparons aussi les montants de subventions alloués à l’ensemble de cette vie insulaire. En
2001 le couvercle de la marmite a sauté, libérant une créativité qui ne demandait qu’un peu de bienveillance et de soutien. Je me souviens aussi du mot d’ordre de nos adversaires politiques battus en 2001 : celui de démissionner des associations d’alors, par dépit. Peine perdue d’ailleurs.
Dans cette constellation une étoile a brillé plus fort que les autres, réchauffant et suscitant les énergies des autres, cette étoile était Jean-Luc Blain. Nous sommes encore lourds du chagrin que son départ à ancré au plus profond de nous. Jean-Luc étant un être solaire, il n’a pu laisser en nous ni poids ni obscurité, et bientôt, quand nous aurons fait notre deuil, il ne restera dans nos cœurs que la lumière qu’il
y a semée. Il nous aidera sur notre chemin comme il toujours su le faire.

Qu’on se l’avoue ou pas, la liaison maritime d’aujourd’hui a été forgée par les volontés politiques d’hier. On a voulu de grands bateaux avec de grandes capacités de charges pour les marchandises, au nom d’ambitions respectables et d’un contexte insulaire particulier : pas d’aire de stockage à Port Tudy, et proximité du continent. On nous dit aujourd’hui que ces bateaux coûtent cher en entretien et en
fonctionnement (salaires, carburants, taxes) , et que cela retentit sur le prix du billet avec toutes les conséquences en cascade sur l’activité touristique mais aussi dans le quotidien des îliens et de leurs familles.
Je sais par avance que certains vous diront que le Conseil Général va disposer brusquement après les municipales des fonds nécessaires pour faire baisser les prix des billets et élargir l’assiette des cartes à prix réduit, lesquelles seraient données à qui les demandera. Je vous laisse juges de cette fable. Les départements ont d’énormes soucis budgétaires, et si des mesures seront prises, elles iront dans le sens de l’économie. De plus les contraintes légales européennes
pesant sur la future DSP laissent présager une diminution de l’assiette du service publique. Très probablement le service public sera limité au transport des insulaires et de quelques denrées indispensable à leur survie !
D’après tout ce que j’ai entendu, l’intention du Conseil Général est de diminuer les coûts de transport, chercher des formes de bateaux plus économes, et tenter de remplir les bateaux en pratiquant des tarifs modulés et attractifs auprès des touristes. La politique tarifaire sera donc divisée en deux catégorie dans la future DSP. D’une part les tarifs de service public échappant à la concurrence et fixés par le Département. D’autre part ce qu’on appellera le « service complémentaire » confié à Véolia ou un autre candidat selon les résultats de l’appel d’offre, et où la politique tarifaire se fera à la discrétion du délégataire.
La compétence du transport maritime est celle du Département. La commune doit exposer ses priorités, et elle l’a fait : la vie économique de l’île vient en premier, et cela implique une politique touristique efficace. Il faut défendre pied à pied ce point sinon nous deviendrons une île pour résidents secondaires riches côtoyant des îliens de plus en plus pauvres. J’entends peu de discours réalistes, et je crains qu’en campagne certains surenchérissent dans la démagogie.
Médecine:A Groix comme ailleurs, nous subissons les conséquences d’une politique très ancienne de frein à la formation des médecins, de dissuasion envers la médecine libérale de base et de restriction des dépenses de santé sur le mode basique :
« moins de prescripteurs donc moins de dépenses ». Le résultat est là :
désertification des zones rurales, hôpitaux et urgences débordés, la « 
meilleure médecine du monde » devenue démunie et dévalorisée. Je sais qu’il y a des marges de progrès en matière d’économie de santé, mais le généraliste de campagne en disparaissant participe d’une façon majeure à la dissolution du tissu économique rural. Nous ne sommes plus que deux médecins sur l’île depuis le départ mérité de Pierre Lesage à la retraite, j’ai l’espoir sérieux de ne pas me retrouver seul, ce qui serait intenable. Je sais qu’on peut encore trouver des
vocations et des profils de médecins qui trouveront ici ce que nous avions trouvé.
Après la mésaventure de septembre dernier, vous comprendrez que je reste discret sur cet espoir. Mais je suis confiant.
Bientôt nous organiserons des élections municipales à Groix. Je réalise que depuis mon arrivée à Groix en 1985, il y a 29 ans, je n’en ai manqué aucune.J’ai participé à chacune avec plus ou moins de succès et connu beaucoup de compagnons dans ses aventures, dont certains ne sont plus là. Parmi les élus, je pense avec émotion à Alain Stéphant, Joël Yvon, Xavier Tonnerre et Dominique Cany. Ensemble nous
avons fait avancer des projets, réalisé ce que nous pensions être bien pour l’île.
Notre engagement a souvent ressemblé à un combat. En politique il semble que ce soit inévitable. Toutes les armes semblent autorisées : les promesses que l’on sait irréalisables sont les plus vénielles, et les plus usitées. D’autres moyens moins glorieux entrent trop souvent en lice : la calomnie, l’attaque personnelle, la menace.
Nous en avons été largement victimes au cours de ces presque 30 années, c’est une arme qui dissuade le citoyen de s’engager car il faut un cuir solide pour les endurer. Nos familles et nos enfants en pâtissent aussi et je comprends que beaucoup hésitent à s’engager, les femmes en particulier dont la sensibilité mais aussi la compassion et l’humanité sont supérieures à celles des hommes.
Cette façon de faire campagne, puis de vivre le débat politique laisse des cicatrices à long terme dans la vie même de l’île : division, méfiance, rancœurs, sont les fleurs vénéneuses qui poussent sur ce terreau malodorant.
L’émergence d’Internet et de ses réseaux, prenant à témoin diaspora, amoureux de l’île, ou simples curieux, expose de façon parfois écœurante des rumeurs et autres ragots alimentés avec une certaine délectation morbide ou manipulés dans un but précis.
Il y a quelques années, on distinguait les paroles et les écrits, une troisième race d’expression est apparue : l’email, le chat et enfin le tweet : l’écrit qui apparaît puis disparaît, qui n’a pas le poids ni les conséquences de l’écrit mais qui, dans sa violence souvent anonyme, crache des mots sans avoir besoin du courage d’affronter face à face la personne concernée, la dévastant publiquement.
Internet nous apporte la communication et la connaissance universelle, des liens dont nous n’aurions jamais rêvés. Il révèle aussi une violence des esprits que nous n’aurions jamais imaginée. A la veille des prochaines élections, j’en frissonne d’avance.
Face à ce constat, j’ai très envie de devenir un « bisounours
 » (j’en suis probablement déjà un) et de dire à l’ensemble des candidats et candidates :
mesdames et messieurs, avant toute campagne, signez un engagement commun : celui de rester sur le terrain politique au sens noble, celui de notre vision du bien commun. Il y a là bien assez pour ferrailler à loisir sans sombrer dans le déshonneur des attaques « 
ad hominem ». Le mensonge, lui, a droit de cité dans
tout débat, car il peut être analysé et contré.

Hommage à J.L. Blain

Au lieu de féliciter, comme il le fait chaque année, quelques associations particulièrement actives, le maire a choisi de rappeler, avec une émotion très visible, la lumineuse personnalité de Jean-Luc. Nous l’en remercions.

"Dans la constellation d’associations, une étoile a brillé plus fort et renforcé les énergies des autres, cette étoile était Jean-Luc Blain. Nous sommes encore, je suis encore, lourds du chagrin que son départ a ancré au plus profond de moi, au plus profond de nous. Jean-Luc étant un être solaire, il n’a pu laisser en nous ni poids ni obscurité et bientôt, quand nous aurons fait notre deuil, il ne restera dans nos coeurs que la lumière qu’il y a semée. Il nous aidera sur notre chemin comme il a toujours su le faire."

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