"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

CARNET NOIR

Publié le 26 avril 2019 à 18:53

Julien Lauprêtre est décédé.

Infatigable, il a poursuivi jour après jour, jusqu’à la fin sa tâche.
A 93 ans depuis janvier, il se rendait chaque matin à son bureau parisien pour poursuivre l’oeuvre de sa vie ; défendre les plus faibles, ceux qui en ont besoin, où qu’ils soient, qui ils soient. Il impulsait et inventait des façons nouvelles, modernes de combattre la pauvreté.
Militant communiste comme son père, il a construit et développé Le Secours populaire français, une association indépendante de toute obédience politique, philosophique ou cultuelle, qui puisse accueillir toutes les bonnes volontés d’où qu’elles viennent.
L’une de ses obsessions : élargir encore le cercle des participants à la solidarité active, aux initiatives du Secours populaire, dans le sens d’un échange d’égal à égal de celui qui donne à celui qui reçoit.
Inlassable militant au chevet des populations victimes de catastrophe, Julien a parcouru la planète, allant constater et vérifier l’avancée des aides apportées par le SPF ou ses partenaires locaux.
Son autre action acharnée visait à améliorer toutes les politiques en faveur de l’Enfant. Les droits élémentaires à bien se nourrir et à apprendre, mais aussi l’accès à la culture, à la lecture, aux sports, à défendre ses droits, et aux vacances.
Jamais, il n’avait oublié, enfant, sa joie immense de découvrir la mer sur l’île de Ré, en 36 grâce au Secours ouvrier international.
Julien Lauprêtre a inventé la Journées des Oubliés-des-Vacances. Offrir aux gosses qui ne partent pas au moins une journée de dépaysement , de voyage, de rencontre de découverte.

Depuis les années 60, Julien revenait chaque année sur l’île de Groix. Il y a loué avec Jeannette et ses quatre enfants une grande maison à Locmaria derriére la boucherie et par la suite derrière l’arrêt du bus de Locmaria, une petite maison à eux deux. Julien avait ses habitudes sur le caillou ; ses amis : les Boterf, les Provignon, les Respringer, ... ses commerçants fidèles, la maison de la presse où il réservait son Huma, et aussi ses lieux de pêche sous-marine. Il adorait la mer et nager.

Plusieurs Groisillons se souviendront de sa dernière venue à Groix pour la journée des petits bretons oubliés-des-vacances en août 2016. Au milieu de 400 petits pirates venus à l’assaut du caillou de Groix pour une chasse au trésor. De sa montée sur scène entouré des gosses avec Corinne au micro.

Je sais quelle fierté il avait eue en recevant la médaille de la ville de Groix de la main d’Eric Regenermel.

Son contentement lorsque je lui annonçais après chaque braderie le bon résultat et le nombre important de groisillonnes et groisillons acteurs de l’évènement.
Je l’ai appelé mardi pour lui dire comme ce samedi avait été encore un succès, j’ai laissé un message et trouvé bizarre qu’il ne rappelle pas ...

Je suis triste. Nous sommes beaucoup à partager cette peine aujourd’hui à Groix et ailleurs.
Julien est un exemple de vie.
Aussi longtemps qu’il le faudra, le Secours populaire français, ses 200 000 bénévoles vont continuer son travail.

Françoise Py

Commentaires :

  • Merci Françoise pour ce bel hommage, il m’est arrivé de le rencontrer avec Albert, j’avoue que ce qu’il a fait pour les plus démunis est immense et qu’aujourd’hui il sera difficile de lui trouver un remplaçant ayant autant de pugnacité.

  • c’était (c’est) le genre d’homme qui permet de croire encore en l’espèce humaine ...malgré tout .il faudra lui faire une grande place dans notre mémoire ,d’une façon ou d’une autre !

  • Merci Françoise pour ce bel hommage .... Que de souvenirs avec Julien ,pas toujours drôle , mais jamais triste , encore un personne que j’ai admiré et, qui, quelque part dans le fond de mon coeur , va me manquer !!!!

  • Merci Françoise,
    Cette triste nouvelle, nous renvoie à des souvenirs d’enfance pour moi (première rencontre dans les années soixante). Des moments plus récents d’amitiés, de camaraderies, de complicités…Comme aux 80 ans de Lulu.
    Mais le plus important, ce qu’il faut retenir avant tout, c’est l’engagement de l’homme sans réserve pour les autres. Un exemple à prendre en modèle, dans ce monde d’individualisme.
    La pensée à retenir de sa philosophie de vie, c’est "l’humain d’abord avant la finance"

    Maurice Provignon

  • Sa générosité de cÅ“ur nous a énormément touchée sur Groix. On sait, que c’est sans ménagement, qu’il a Å“uvré pour la dispenser envers les plus démunis. Souhaitons que nous soyons nombreux à hériter de cette belle qualité.
    Mes condoléances à sa Famille et au Secours Populaires.

  • Anne Roumanoff "Au revoir, Monsieur Lauprêtre"

    ""Juste dire à ses enfants, ses petits-enfants, à ces 80.000 bénévoles orphelins de leur grand-père de cÅ“ur, qu’on a tous eu drôlement de la chance de croiser le chemin d’un homme si bienveillant. Et vous dire à vous, Monsieur Lauprêtre, de ne pas vous inquiéter : les bénévoles du Secours populaire vont continuer votre Å“uvre ; les hommes exceptionnels ont un souffle qui se prolonge longtemps après qu’ils ne sont plus là .""

    Il tutoyait tout le monde. "Comment tu vas, toi ?" C’est tellement rare les gens qui te demandent comment tu vas et qui écoutent la réponse. Monsieur Lauprêtre, rien qu’en te regardant dans les yeux, il scrutait le fond de ton cÅ“ur.

    La première fois que je l’ai rencontré, c’était lors d’une remise de cadeaux des Pères Noêl verts sur le parvis de l’Hôtel de ville. Tiberi était encore maire de Paris, il y avait Alain Delon, des photographes, des enfants, une camionnette de cadeaux et Monsieur Lauprêtre, président du Secours populaire depuis 1955.
    Pas une once de vanité chez lui, il était simple, toujours. CÅ“ur ouvert, générosité gouailleuse, ventre de bon vivant, voix de titi parisien. Concentré sur sa tâche. Tellement aimé et respecté par ses équipes. Un guide qui éclaire, un patron qui entraÎne. Un homme qui vous redonne foi en la nature humaine. Quand il racontait le visage des gamins qui s’illuminait en voyant la mer, il resplendissait : "Pour sa première rédaction, quand le gosse rentre à l’école, s’il n’a rien fait du tout, il sèche devant sa copie. Mais s’il a vu la mer, c’est comme s’il était parti trois semaines à Saint-Tropez."

    Il avait compris, Monsieur Lauprêtre, que le plus important, c’est que les gens retrouvent une dignité, relèvent la tête.

    Il ne lâchait jamais rien, Monsieur Lauprêtre. Une énergie incommensurable. Il savait tout ce qui se passait dans les fédérations locales, il appelait les bénévoles par leur prénom. Toujours des idées nouvelles, de l’enthousiasme pour galvaniser ses équipes. Une action en suivait une autre : les 60 ans du Secours populaire, les Journées des oubliés des vacances, les Pères Noêl verts, Copain du monde, le Don’actions… Ne croyez pas que c’était un idéaliste, Monsieur Lauprêtre. Il connaissait très bien la nature humaine et ses faiblesses, mais il ne jugeait pas. Il voulait juste allumer une étincelle, entraÎner, convaincre. Une conscience aiguê de l’ampleur de la tâche. Sa grande idée, que les aidés deviennent à leur tour des aidants. Beaucoup d’anciens bénéficiaires parmi les bénévoles du Secours populaire. Il avait compris, Monsieur Lauprêtre, que le plus important, c’est que les gens retrouvent une dignité, relèvent la tête, pas juste qu’ils viennent chercher une aide pour manger et s’habiller et qu’ils repartent la tête basse sans parler à personne.

    Les bénévoles du Secours populaire vont continuer votre Å“uvre.

    La misère n’a pas de compte Instagram mais elle a des millions de followers. À l’époque des plaisirs individuels, des portions individuelles, où la générosité consiste à liker une citation inspirante planqué derrière son écran, à l’époque du "moi je", Monsieur Lauprêtre disait toujours "nous", il pensait à "vous" et se préoccupait d’"eux", tout le temps.
    Il m’avait envoyé un petit mot à la mort de mon père, et ça m’avait touchée qu’il ait pris le temps.
    Juste dire à ses enfants, ses petits-enfants, à ces 80.000 bénévoles orphelins de leur grand-père de cÅ“ur, qu’on a tous eu drôlement de la chance de croiser le chemin d’un homme si bienveillant. Et vous dire à vous, Monsieur Lauprêtre, de ne pas vous inquiéter : les bénévoles du Secours populaire vont continuer votre Å“uvre ; les hommes exceptionnels ont un souffle qui se prolonge longtemps après qu’ils ne sont plus là .

    Anne Roumanoff le JDD 28/04/19

  • Cette année 600 enfants de la ville de Colombes ne viendront pas a Groix/Saint-Trop !

    (Pour sa première rédaction, quand le gosse rentre à l’école, s’il n’a rien fait du tout, il sèche devant sa copie. Mais s’il a vu la mer, c’est comme s’il était parti trois semaines à Saint-Tropez."

    Dommage
    Bigflo et Oli (Paroliers : Florian Ordonez / Olivio Ordonez /STROMAE)
    On a tous dit : "Ah c’est dommage, ah c’est dommage,
    ah c’est dommage, ah c’est dommage"
    C’est p’t’être la dernière fois"
    Vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets

  • Les quatre enfants de Julien qui ont usé leurs fonds de maillot aux Chats, à Port Coustic, Locmaria et autres grands sables
    Vous remercient du fond du cœur,
    Denise, Francoise, Josette et Jean-Claude

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