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2 commentairesEtre journaliste au Monde ne garantit pas contre les à-peu-près :-(
Cette année, les problèmes d’organisation du Fifig ont commencé avec les musiciens de l’île de Pâques. Ces derniers avaient prévu de faire une sculpture en guise de remerciement pour l’invitation que l’événement annuel leur avait envoyée. Et pour cela, il leur fallait un tronc de pin de 2 mètres de long sur 80 centimètres de diamètre. Non, pas un pin qui pousse sur l’île de Groix, un autre justement, un qui pesait près d’une demi-tonne » et qu’il fallait trouver le moyen d’acheminer. Vivre sur une île aiguise la débrouillardise. Sarah Farjot, la programmatrice du festival, l’a remarqué. Sur une île, tu dois faire avec ce que tu trouves sur place... - Il faut composer avec, matériellement et humainement. C’est finalement sur une barge à moules que le tronc a été transporté jusqu’à Groix.
Sur le port de Port-Lay, une grande maison blanche a appartenu à Ménie Grégoire, la conseillère sentimentale de RTL. A présent, on habille ses volets d’immenses chaussettes blanches. Une fois fermés, cela permet à la façade de tenir lieu de grand écran pour les projections.
Cette année, les îles chiliennes sont à l’honneur. Le festival de Groix a déjà reçu des représentants de Madagascar, de Cuba ou des îles siciliennes. Chacun s’imagine l’autre un peu plus insulaire que soi. Vous avez l’électricité à Groix ? -, a demandé un participant de Nouvelle-Calédonie à Marie-Pia qui gère les logements. • Non, a-t-elle répondu. on pédale en hiver... • TanyaTagaq Gillis, chanteuse de gorge inuite du Nunavut, avait peur d’avoir trop chaud. L’année de sa venue, elle avait expressément demandé qu’il y ait un climatiseur dans sa chambre... En Bretagne, un climatiseur ! On en rit encore. Même à la maison de retraite on n’en a pas trouvé (« et c’était après 2003 Le pharmacien a cru en dégotter un dans ses cartons. C’était un humidificateur. À sa décharge, sur l’île bretonne, il avait eu aussi peu l’occasion de s’en servir qu’un climatiseur.
Cette exigence ne valait pas celle de ce photographe irlandais qui spécifia que, vu son grand âge, il ne pourrait pas venir en avion pour quatre jours : il lui fallait se déplacer en bateau et passer au moins deux semaines sur place pour ménager ses vieux os. On le crut. Jusqu’à découvrir un fringant sexagénaire qui. en fin de séjour, repartit chez lui avec une femme du tiers de son âge rencontrée sur l’île. Le Festival international du film insulaire de Groix est parfois l’occasion pour les bénévoles de s’apercevoir que des réalisateurs invités peuvent suivre leur héros jusqu’à Trinité-et-Tobago mais se révéler incapables de traverser la gare de Lorient pour trouver la sortie.
Entre insulaires, on se trouve des points communs. Une année, des Groisillons ont emmené un groupe des Marquises voir le menhir de Kermario : émotion, eux aussi parlaient aux pierres. Une bénévole a voulu faire manger des radis à un membre du groupe, - puisque vous n’en avez jamais mangé.. « Je peux aussi manger ton chien puisque je n’en ai jamais mangé a-t-il répondu. il blaguait. Sur une île, vous êtes obligé d’être sympathique, puisque vous êtes amené à recroiser les gens. D’accord, c’est une généralité, mais être exposé au monde entier ne met pas à l’abri des généralisations : • Les gens des îles d’Europe du Nord, il faut attendre qu’ils aient passé une nuit sur place pour les voir détendus.... En en apprenant plus sur d’autres îles, on peut se convaincre que la sienne est pile de la bonne taille. Groix, par exemple, n’est pas trop grande comme Belle-île ( - Ils ont des trottoirs ! .) ni trop perdue comme Sein ou Molène ( - Nous, on arrive sur le continent à Lorient, pas au milieu de nulle part
Au loin, un groupe de Chiliens est parti explorer le chemin côtier de Groix. Marie-Pia les regarde : • Le monde vient à nous, c’est vachement sympa ! • Le festival mobilise 160 bénévoles, parmi lesquels, l’an dernier, Dominique Voynet, qui travaillait en cuisine. On reconnaît les vrais Groisillons à ce qu’ils sont trop occupés pendant le festival pour voir les films. - On se les regardera cet hiver... Enfin, si on a le temps. Thierry, qui travaille à la technique. s’occupe aussi de Musique à Croix, le festival de musique qui se terminait deux jours plus tôt, Marie-Pia est membre d’une association de nettoyage des fontaines et lavoirs, quand elle ne tient pas la caisse du cinéma. Les locaux du festival s’engageront dans quelques semaines pour Regards vers l’autre, un cycle de formations aux techniques audiovisuelles qui reprend le mois prochain. auprès de jeunes en difficulté.
Il y a, dit-on sur Groix, une soixantaine d’associations pour 2300 habitants. C’est là aussi un effet de l’insularité. Un Groisillon résume : "Sur une île, si tu veux que quelque chose existe, c’est à toi de t’en charger" - •
GUILLEMETTE FAURE M Le magazine du Monde —24/08/19
Vos commentaires
# Le 26 août 2019 à 15:07, par Franck Le Gurun
Mai ki hÄ pÄ« tÄ tou i te tai’o ’e i te pÄ pa’i
I to tÄ tou ’ areno Rapa Nui
# Le 26 août 2019 à 21:12, par Franck Le Gurun
Cela s’écrit aneno.