"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

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20 ans, déjà :-(

2 commentaires

Ile de groix : de l’ethnologie à ciel ouvert qui reste sans écho...musée.

Depuis mon arrivée sur l’lle de Groix, il y a tout juste un an, j’ai été naturellement immergée dans une culture locale étonnamment vivante. En croisant les gens, simplement au gré des événements rythmant le quotidien de ses habitants je suis étonnée à chaque fois de la force de chacune de ces rencontres. Une simple conversation " de trottoir " et c’est tout un univers qui s’ouvre. Un arrêt de quelques minutes dans mon quotidien et c’est tout un passé encore vivant, des vécus d’ouvrières dès l’âge de 13 ou 15 ans, de mousses embarqués certains ayant eu la chance d’avoir eu le temps de passer le » certif », d’autres pas-, des histoires de courses de vélos féminines, et tant d’autres.
Si on a plus le temps, on se fait inviter pour un apéro et soudain on plonge dans des univers peuplés d’objets fabriqués dans les temps de pauses, - mais au fait comment faisaient-ils pour avoir des pauses ? -, lors des grandes pêches, objets de fortunes devenus objets d’art qui feraient pâlir d’envie les musées d’aujourd’hui. Un jour j’ai vu des personnages haut de 50 centimètres entièrement créés en coquillage... je ne sais pas comment réagirait le conservateur du musée de l’Art Brut de Lausanne pour simplement voir cet objet.. ou celui du quai Branly , bien que ceux-ci ne s’occupent pas de l’Europe, afin de posséder un tel objet culturel...(ça , je ne compte pas).
Je rigole car nul n’est besoin de mettre ces raretés sous vitrine, il suffirait juste de leur laisser une chance de laisser une trace dans l’histoire. Collecter les histoires de ces objets, des gens, inventorier sans déranger les objets. Il y a des jeux de cartes propres aux grecks, grecks étant le surnom des groisillons, des recettes de cuisines, des pêches à pieds typiques, des manières de monter des crochets pour la pêche au thon que certains savent encore faire, le plus étonnant c’est que la plupart des groisillons savent que leur culture est riche et en sont rudement fiers sans en tirer aucune arrogance , cela les rend simplement heureux.

Ce qui m’étonne le plus c’est qu’à chaque fois qu’un événement est créé à l’ initiative de personnes lucides, tentant à leur manière et par tout les moyens dont ils disposent de faire une réunion afin que ces histoires puissent être entendues de tous et en éveiller d’autres, la personne en charge de préserver collecter, noter, étudier, mettre à dispositions ce précieux savoir, à chaque fois, cette personne en est absente.
De tout ceux que je croise, je ne l’ai vue ni au foyer des personnes âgées à collecter histoires, recettes, règles de jeu de cartes ou vécus alors que son directeur est lui-même un fan d’histoire avec un grand H ; ni aux pauses-café dont un des responsables à les capacités (encore un historien ), filme et enregistre ; ni aux expositions mettant en scène les anciens ce qui toujours stimule le public à se raconter pour le bonheur de tous, des plus jeunes ou des nouveaux. Elle est encore absente aux réunions de contes où les conteurs font un formidable travail de collectage qui feront d’eux des personnes respectées pour de nombreuses générations, ni encore auprès des personnes qui sont les mémoires de Me.

Ces personnes-là, soit dit en passant, en Chine, auraient déjà reçu le titre de trésors vivants pour la vastitude (c’est une référence à la bravitude de Ségolène, puisqu’on est en Chine ?) de leur connaissance et la préciosité des mots et histoires qu’ils ont dans leur coeur.
La conservatrice de l’écomusée en charge d’être la mémoire des mémoires de Groix, clé de la richesse qui est celle de l’île à l’aube de temps nouveaux, n’est pas au service de ce qui dans 5 ans, dix au mieux aura disparu au profit d’autres histoires, celles du tourisme ou des maisons secondaires. Plus grave encore, force est de constater que de par sa totale déconnexion d’avec la culture locale, par son ignorance des choses et la négligence de son travail de base elle contraint donc certains à thésauriser du matériel, des documents, qui auraient pu et du être généreusement offerts à la collectivité, et créer d’ailleurs du travail d’inventaire ou des émules pour d’autres événements, recherches ou publications.

La responsable du musée de la mémoire vivante fait la morte et laisse simplement les paroles s’envoler sans doute pour en faire de l’or, en regardant les bateaux passer de sa fenêtre me direz- vous. et bien même pas, car sa chaise est dos à une des plus belles vues du monde, au port d’attache.

V. (2004)


Vos commentaires

  • Le 31 mars à 08:39, par Anita

    Quel plaisir de relire un texte si fidèle aux charmes de notre île et si intelligent dans l’analyse d’un de ses manques !
    Il faut dire que l’art du portrait ne manquait pas à V. Elle avait ainsi fait à la même époque celui de son N+1 dont la férocité n’avait d’égale que la lucidité. Ses qualités mises au service de la vie communautaire nous avaient souvent permis d’avaler quelques désillusions.
    Je m’enorgueillis d’avoir bénéficié de son affection et même si mon Parthénon féminin est très réduit, elle y tient sa place auprès notamment de Françoise Coupeau.
    Regrets.

  • Le 31 mars à 13:22, par Torcheur

    Aïku de sarcasme

    Que la nymphe grecque des forets perpétue sa tâche de mémoire !!!

    Et ainsi mémorise cette précise et lucide analyse !!!

    Amen

    Torcheur

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