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Mois du Documentaire à l’Ecume des Jours

lundi 20 novembre 2006, par Admin

Martine Netter, spectatrice assidue des projections de documentaires à l’Ecume des Jours, nous adresse un texte dont nous avons extrait quelques lignes.

Ce texte a été rédigé par Brigitte une des soeurs de Martine, qui, membre des mêmes associations algériennes, était amie avec Nabila et l’est toujours de sa soeur Habiba, la réalisatrice présente à Groix ce week-end pour présenter son film.

Lire ci-après un extrait de texte écrit pour la commémoration du Xe anniversaire de l’assassinat de Nabila.

Le film " Lettre à ma soeur " de Habiba Djahnine sortira prochainement dans les salles.

Nabila Djahnine a été assassinée par un groupe armé le 15 février 1995, à Tizi-Ouzou, en Algérie. Elle avait trente ans. Les balles des assassins ont voulu faire taire la voix d’une femme qui s’était élevée contre l’arbitraire et l’injustice dont sont victimes tous les opprimés et en particulier les femmes algériennes. A Tizi-Ouzou, où elle obtint son diplôme d’architecte et y exerça son métier, Nabila bénéficiait d’une grande popularité, aimée et respectée par tous ceux qui partageaient son combat, à commencer par ses frères et soeurs, ses amis, ses camarades.
Ralliant très tôt le mouvement associatif féminin, Nabila a pris part aux mobilisations contre le code de la famille qui institutionnalise depuis 1984 l’infériorisation des femmes algériennes, leurs déniant les droits les plus élémentaires, et dont elle réclamait l’abrogation pure et simple. Elle se battait pour un statut juridique et social égalitaire garantissant à la femme ses droits, ses libertés et ses aspirations légitimes.

Depuis les premiers cinés-clubs féminins qu’elle rejoint adolescente, dans sa ville natale, Béjaïa, où elle dénonçait déjà le sort qui était fait aux femmes, violentées au foyer, dans la rue ou dans leur travail avec le complicité des institutions d’Etat, jusqu’au Collectif des étudiantes qu’elle créa en 1988, à Tizi-Ouzou, Nabila n’a pas ménagé ses efforts pour rassembler, organiser et mener de l’avant, avec ses camarades, un combat long et difficile. Contribuant à la prise de conscience de nombreuses étudiantes, le Collectif a vite été rejoint par des femmes de tous les horizons sociaux (enseignantes, femmes rurales, femmes de ménage...) dans ce qui allait devenir, en 1990, l’association Tighri n’Tmettuth (Cri de femme)..../...

Au cours de sa vie de féministe, de syndicaliste et de militante, Nabila s’est heurtée à l’idéologie répressive du régime, aux visées obscurantistes des islamistes et aux mentalités rétrogrades de la société. Cela n’avait pas entamé sa volonté de continuer la lutte. En cela, elle est de cette lignée de femmes qui ont jalonné l’histoire de l’Algérie, marchant la tête haute contre vents et marées. Ceux qui ont commis cet ignoble crime n’ont pas réussi à tuer l’idéal de Nabila. Elle vit à chaque fois qu’en Algérie et partout où règne l’oppression, une femme relève la tête et crie : Non !