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Lettre de la Réserve Naturelle - N° 16 - 2005

lundi 24 janvier 2005, par Admin

EDITORIAL

Si les Réserves Naturelles ont comme vocation première de protéger des
espaces et espèces menacés, il ne faut pas négliger le volet Education à l’environnement. La Réserve Naturelle de Groix, à travers ses animations pour les scolaires et le tout public, participe complètement à cette sensibilisation au milieu naturel.
Cependant, après l’épuisement de la revue Penn ar Bed, de 1986 consacrée à Groix, il manquait cruellement un support présentant la Réserve et plus globalement l’île dans son ensemble. Ce manque va être comblé avec la parution, en 2005. d’un nouveau numéro de la revue Penn ar Bed, revue de Bretagne vivante SEPNB. présentant la nature groisillonne. On pourra y lire nombre d’articles sur la géologie si particulière de Groix, mais aussi sur les oiseaux, la botanique, les insectes, les araignées, les algues, les échouages de mammifères marins, les opilions... Cet ouvrage verra le jour grâce à la collaboration de nombreux scientifiques que la Réserve a su
mobiliser pour la rédaction des articles. Nous les remercions vivement.
Nous espérons que ce volume satisfera les amoureux de nature et suscitera la curiosité des autres.
Bonne lecture donc à tous et bonne année 2005.

Géologie : Synthèse des derniers travaux

Les recherches géologiques sur l’évolution de la chaîne hercynienne et de Groix en particulier, se poursuivent à l’initiative de chercheurs étrangers qui sont les bienvenus. Suzanne Schmidt, professeur à l’université de Genève (Suisse) et son étudiante en DEA, Afifé El-Korh, sont venues en septembre 2003 puis en août 2004 afin de prélever 80 échantillons sur toute l’île.
Elles vont procéder sur ce matériel prélevé, à une analyse chimique des minéraux à la microsonde électronique afin de déterminer leur composition et leur zonation. Leur étude devrait permettre de confirmer ou non l’existence de deux zones métamorphiques différentes sur l’île, l’une comprise à l’ouest d’une ligne reliant les Saisies à Port Melin, l’autre à l’est de cette ligne.

Domingo Aerden, professeur à l’Université de Granada (Espagne), est venu sur l’île du 21 au 23 septembre 2004. Il a prélevé 23 échantillons dans les falaises groisillonnes. Il étudie la géométrie des inclusions dans les porphyroblastes (grenat et albite) pour mieux connaître :
- La cinématique, c’est-à-dire les mouvements des roches lors de la
subduction il y a environ moins 370 millions d’années. Ses travaux
permettront de mieux connaître la formation de la chaîne hercynienne.
- Il veut aussi faire des comparaisons entre les roches de Groix et celles de Galice, afin de mieux connaître la grande structure de l’arc
ibéro-armoricain, avant l’ouverture du Golfe de Gascogne, il y a environ 130 millions d’années.

Suivi ornithologique

Deux nouvelles espèces semblent vouloir s’installer sur l’île : il s’agit du crave à bec rouge et du hibou moyen-duc. Nous reparlerons du crave dans le dossier de cette Lettre de la Réserve n’16. En ce qui concerne le hibou moyen-duc, nous avons noté la présence régulière d’un individu dans le vallon du Storang à partir de la mi-octobre 2003. Il a été retrouvé mort le 24 novembre 2003. Par contre, un couple s’est installé vers Kervedan et a mené deux jeunes à l’envol (S. Weber / F.Le Cornoux). Ce cas de reproduction de hibou moyen-duc est le premier constaté sur Groix. Bienvenu donc à ces nouveaux résidents insulaires !

Oiseaux marins

Les 13 et 14 mai 2004, nous avons effectué un comptage des oiseaux marins nicheurs sur tout le littoral groisillon. Cela fut possible grâce au concours de Mr Guy Malavoy qui nous a aimablement convoyé avec son voilier pour cette opération ; qu’il soit ici remercié.
Ce comptage nous permet, en comparaison avec les comptages de 1997 et 2000, de mieux saisir les évolutions des effectifs sur notre île. Voici un tableau récapitulatif présentant les comptages de 1997, 2000 et 2004.

Nombre de couples d’oiseaux marins à Groix de 1997 à 2004
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Goéland marin 15 17 34
Goéland brun 228 105 66
Goéland argenté 1198 963 913
Cormoran huppé 44 56 53
Fulmar boréal 26 ind. 32 ind. 30 ind.
Mouette tridactyle 77 36 46 52 20 23 22 22

Si la population de goéland marin a augmenté que ce soit sur la Réserve
comme sur toute l’île (on le constate aussi à l’échelle de la Bretagne et de la France), ce n’est pas le cas des effectifs de goéland brun. En effet cette espèce connaît une diminution importante sur la Réserve et sur toute l’île.
En ce qui concerne la population de goéland argenté, elle perd la moitié de son effectif sur la Réserve entre 1997 et 2004 alors que sur l’île la diminution n’est que de 20%. La fermeture des décharges au profit de la déchetterie en 1997 explique la baisse globale ; cependant, sur la Réserve, la forte baisse ne s’explique certainement pas une importante fréquentation humaine du site en période de reproduction, entraînant un dérangement. Les oiseaux quittent alors le territoire de la Réserve Naturelle pour se réfugier dans des zones plus attractives et nouvellement accessibles comme les falaises effondrées sous le Fort Surville.

Les effectifs de cormoran huppé sont stables.

Aucun fulmar boréal ne s’est reproduit cette année.

Chez les mouettes tridactyles, il y a eu 11 poussins à l’envoi cette année.
Depuis deux ans, certaines des mouettes se reproduisant sur nos falaises, ont été baguées à leur naissance par l’équipe de J.Y Monnat de l’université de Brest avec un système de bagues couleurs : il s’agit de deux mâles bagués à la Pointe du Rai, l’un en 1998, l’autre en 2000 et enfin d’une femelle baguée en 1999 dans la Réserve de Goulien- Cap Sizun.

Le gravelot à collier interrompu, sujet du dossier de la Lettre de la
Réserve de l’an dernier, a niché sur la plage des Grands Sables comme les années précédentes. Nous y avons observé jusqu’à 6 couples. II n’y a malheureusement pas eu de reproduction sur la Réserve vers la Pointe des Chats. La bonne nouvelle pour cette espèce est la découverte de 4 couples sur les pelouses littorales de la côte sauvage et de 2 jeunes à l’envol. Le site étant moins fréquenté que les plages, cela permet d’espérer une pérennisation de la nidification de ce gravelot sur Groix.

Données remarquables :
Un pinson du Nord à Er Fons le 01/04/04 (F. Le Cornoux), un loriot femelle à Port Melin le 25/06/04 (C. Pouzoulic), un loriot mâle à Locmaria le 25/06/04
(R. Pichot)

Echouages d’oiseaux et de mammifères marins

Le 6 août, un pêcheur nous a apporté un cormoran huppé bagué. Ce cormoran a été bagué le 24 mai sur l’île de Valhueg (Nord archipel de Houat). Des cormorans bagués à Houat en 2004, c’est le troisième individu retrouvé, les deux autres l’ayant été à l’Ile aux Moines et à Noirmoutier. Nous avons reçu des renseignements concernant un Fou de Bassan trouvé mort à Groix en février 1997 à la pointe Saint Nicolas à l’âge de trois ans sept mois et vingt-huit jours. Cet oiseau a été bagué aux Sept-Îles (Côtes d’Armor), seul site de reproduction de l’espèce en Bretagne.

Cet hiver il y a eu deux échouages peu courants de marsouin le 10/02/04 à Porh Gighéou et à la Pointe des Chats. Un jeune phoque gris s’est échoué le 21/01/04 à Posquedoul et un dauphin commun a été trouvé aux Grands Sables le 23/02/04. Tous ces animaux arrivés morts ont été mesurés et ces données ont été transmises à Océanopolis et au CRMM de La Rochelle.

Inventaires des invertébrés terrestres

Nous avons commencé l’inventaire des papillons hétérocères ou papillons de nuit, les 23, 24 et 25 mai 2004, grâce au concours et au matériel de Pierre Le Floc’h, garde animateur de la Réserve de Goulien - Cap Sizun et de Gérard Tiberghien, entomologiste. Un piège a été installé sur la Réserve Naturelle à Pen Men, deux nuits durant et relevé le matin. Deux autres sites ont fait l’objet de piégeages : Kermouzouet et Kerbéthanie. Des chasses à l’aide d’une lumière fixe ont été également effectuées dans les landes vers le phare de Pen Men et à Kermouzouet. Le dépouillement et l’analyse de ces pièges sont en cours. Signalons qu’au mois de mars 2004, les feuilles des bruyères, en particulier la bruyère vagabonde vers Pen Men, ont été dévorées par des chenilles d’un papillon de nuit.
Une première liste de libellules est disponible à la maison de la réserve.
Elle comprend 10 espèces certaines et 3 autres restent à confirmer.

Amphibiens et reptiles

Dans le lavoir de Kermouzouet, nous avons trouvé au printemps dernier deux grenouilles vertes. Cette espèce n’ayant pas été signalée auparavant, nous pouvons penser qu’elle fut introduite récemment. Par contre, il existe sans doute une petite population de couleuvre à collier sur Groix. En effet J.
Breton nous a signalé la présence d’un individu à Kerlard le 6 juin et E.Tonnerre d’un autre dans le vallon de Port Melin. Nous n’avions pas de données depuis 1992 ( Kerampoulo - F. Le Cornoux).

Fougères et plantes alliées

Du 20 au 23 mai, Rémy Prelli, spécialiste des fougères, nous a fait le
plaisir de venir sur Groix afin de parfaire l’inventaire des fougères et plantes alliées. Sur 37 espèces que compte le Morbihan, 19 ont été
répertoriées de façon certaine à Groix. Trois espèces inconnues sur l’île ont été trouvées : Cétérach officinal à Kerlard (F. Le Cornoux), la Doradille obovale au Trou de l’Enfer (1ère donnée morbihannaise) et le Dryoptéris écailleux à Kerlard. Ce travail d’inventaire a servi de base à C. Robert pour la réalisation de l’exposition de l’été.

Plantes à fleurs

Une belle station de Linaire des sables est réapparue sur la plage des
Grands Sables. Cette plante fait partie de la liste régionale des plantes protégées en Bretagne. A la Pointe des Chats, le 6 juin 04, nous avons compté 46 pieds d’Ophrys abeille et 58 d’Orchis à fleurs lâches.

Suivi de la régénération de la pelouse de la Pointe des Chats
Les relevés de cette année nous permettent de constater que la pelouse est dans un bon état général avec un pourcentage de recouvrement de la zone étudiée de 85%. Par contre le nombre d’espèces n’évolue plus. Embruns, piétinement et ... lapins sont les facteurs limitant la régénération de la pelouse.

Suivi de la régénération de la pelouse de Pen Men

A Pen Men, on observe toujours une stagnation dans l’évolution globale de la pelouse, même si le nombre d’espèces différentes augmente, notamment chez les graminées. On observe donc une diversification de la végétation sans que le recouvrement total n’augmente. La dynamique naturelle des pelouses littorales, exposées à des contraintes écologiques fortes comme le vent, la faible épaisseur du sol et les embruns est très lente. A Groix la pression humaine... et les lapins accentuent certainement ce phénomène.

Gestion de la lande de Pen Men

Depuis 1989, la Réserve Naturelle a mis en place un programme de gestion des landes à Bruyère vagabonde. Conformément au document d’objectifs (DOCOB) réalisé par Céline Lelièvre, chargée de mission Natura 2000 à la mairie de Groix. et conformément au plan de gestion de la Réserve Naturelle, un contrat Natura 2000 sera signé entre la commune de Groix, propriétaire des parcelles concernées et l’Etat d’ici la fin de l’année 2004 pour mener à bien les travaux suivants :
- Zone 1 : cette zone a été gyrobroyée en 1989, un gyrobroyage est prévu pour 2005, suivi d’un fauchage en 2009. Une "zone témoin" de 200 m2 sera gardée intacte (emplacement : à l’est de la zone, au bout du "L").
- Zone 2 : sur cette zone gyrobroyée en 1997, un gyrobroyage est programmé pour 2007. Un fauchage devra avoir lieu 6-7 ans plus tard.
- Zones 3 et 4 : la zone 3 correspond à de la lande moyenne à bruyère
cendrée et bruyère vagabonde, la zone 4 a été gyrobroyée en 97. sur ces deux zones, un fauchage est prévu en 2005.
Ces opérations de gyrobroyage vont transformer le paysage de façon
spectaculaire dans un premier temps mais très vite la végétation va
reprendre et la cicatrice des débuts va laisser place à une lande plus
diversifiée et plus belle.

Animation

Nous avons accueilli 2884 personnes à la Maison de la réserve qui proposait cet été une exposition sur les "Fougères et plantes alliées" réalisée par C. Robert. Nous remercions ici toutes les personnes qui nous ont, de près ou de loin, aidé à la réalisation de cette exposition. 3755 personnes ont participé à nos animations de terrain tout au long de l’année.
Pour la seconde année, la Réserve a participé à l’opération "SeauS littoral" mise en place par Cap l’Orient. Ce fut au tour des CM de l’Ecole St Tudy de bénéficier de 4 animations.
Nous avons effectué 34 animations pour les classes de la ville de Colombes.

La Réserve Naturelle au sein du réseau Natura 2000

En plus de sa participation aux 14 groupes de travail Natura 2000, l’équipe de la Réserve a mis en place un suivi de la revégétalisation de la pointe au-dessus de la crique des Sableg ru. Ce travail s’inscrit dans les travaux urgents décidés lors du comité de pilotage de juin 2004 dont la fermeture du site aux voitures. Plusieurs plantes rares (plantain caréné, cuscute de Godron) poussent sur ces pelouses d’un grand intérêt patrimonial pour Groix.

Dossier sur le crave à bec rouge

Il est des jours dont on se souvient plus facilement que d’autres car un fait marquant le grave dans notre mémoire. Le 2 août 2004 est l’un de ces jours. Lors de l’animation à Pen Men, une surprise de taille pour les visiteurs que j’accompagnais, allait se faire entendre et enfin se montrer sous nos yeux. Des cris caractéristiques résonnèrent dans les falaises puis, nous vîmes se poser devant nous deux oiseaux noirs aux becs et aux pattes rouges : c’était la première fois que je voyais des Craves à bec rouge Pyrrhocorax pyrrhocorax sur Groix. Très vite, ce ne sont plus deux mais quatre oiseaux qui prirent leur quartier d’hiver sur l’île.

Identification

Cet oiseau (longueur 35/38 cm ; envergure 76/80 cm : poids 293g/( à 350g/() au plumage entièrement noir, aux pattes et bec arque rouges, est de la famille des corvidés.

Distribution

Cette espèce atteint en Europe sa limite nord de répartition en Grande
Bretagne et en Irlande. Au sud la chaîne de montagnes marocaine et l’Espagne représente son aire privilégiée. En France, Pyrénées, Alpes, Causses, Corbières et Bretagne sont les cinq foyers de peuplement du crave. En Bretagne, c’est un oiseau rare que l’on ne trouve nicheur que sur Ouessant (15 couples), Belle-Ile (20 couples), au Cap Sizun (9 couples), en presqu’île de Crozon (7/8 couples) et dans le Léon (4 couples). A Groix, les dernières nidifications datent du XVIlème siècle et les dernières observations, du milieu des années 70.

Habitat

Le crave à bec rouge est exclusivement inféodé aux falaises de montagne et littorales. Le crave à bec rouge breton habite les falaises littorales dans lesquelles il trouve des grottes pour y construire son nid. Sa distribution est en grande partie conditionnée par la présence de pelouses rases qui servent de lieux de nourrissage.

Sur l’île, depuis 6 mois, les quatre individus visibles fréquentent les
pelouses et falaises, des Saisies à Inévéli. Nous sommes actuellement à la recherche de leur gîte nocturne afin de localiser leur futur nid s’ils restent sur l’île jusqu’au printemps.

Activité et alimentation

Le crave est un excellent voilier. Il se reconnaît aisément en vol, par sa silhouette, à la queue plutôt courte. ses rémiges (plumes du bout des ailes) très digitées et par l’alternance entre ses battements d’ailes, ses courtes planées, mais surtout ses piqués vertigineux dont il est coutumier. Les ailes plus ou moins fermées, il se laisse tomber comme une pierre le long des falaises jusqu’au ras de la mer ou sur les pelouses pour se nourrir. Là, il va se nourrir à terre en piochant le sol. Son alimentation se compose d’invertébrés divers (insectes, vers, araignées, mollusques), mais il peut aussi avaler quelques baies ou graines. C’est un oiseau très sociable. En dehors de la période des nids, les bandes vont passer la nuit dans un dortoir commun (caverne) qu’ils regagnent aux derniers rayons du soleil. Au matin, ils sortent en silence, font leur toilette sur les rochers avant de s’envoler.
Leur cri, rappelant celui du choucas, est caractéristique. transcrire
"tchior" ou "tjior"...

Reproduction

Les couples sont unis pour la vie et le restent même en hiver Ils se
cantonnent et s’isolent du reste de la bande dès le mois de février. A la fin du mois de mars et début avril, la construction du nid débute. Mâle et femelle transportent le matériel constitué de brindilles, d’herbes, de laine, poils et crins. Le nid est installé sur une corniche ou dans une cavité de la voûte d’une caverne spacieuse. mais il peut également être construit dans les ruines d’un bâtiment. La femelle y dépose entre 3 et 5 oufs. Elle est la seule à assurer l’incubation qui dure de 17 à 21 jours, le mâle la ravitaillant toutes les 30 à 45 minutes hors du nid.

Les jeunes, nidicoles, sont nourris par les deux adultes, 20 à 28 fois par jour. La femelle soigne beaucoup le plumage des jeunes avant qu’ils ne s’en occupent eux-mêmes. Ils sortent du nid vers le 36ème jour et s’envolent à 40 jours, fin juin. Les juvéniles se distinguent par un bec jaune brunâtre légèrement plus court que celui des adultes.

Migration

Le crave à bec rouge est un oiseau plutôt sédentaire, les juvéniles étant capable d’erratisme.

Statut

Le crave à bec rouge est inscrit à l’annexe I de la Directive Oiseaux de Natura 2000, à l’annexe Il des conventions de Berne et de Bonn. En France, il est intégralement protégé et inscrit dans le Livre Rouge des espèces menacées. Même si ses colonies ibériques et nord-africaines sont en pleine santé ; au nord, les conditions difficiles qu’il rencontre, engendrent une diminution globale et une lente disparition. En Bretagne ses effectifs sont restreints et sa population est très précaire. L’abandon du pâturage traditionnel des landes littorales a entraîné une contraction de l’aire de reproduction, une baisse du nombre de couples nicheurs et une nette diminution du réservoir d’immatures.

Population groisillonne

L’histoire du crave à bec rouge à Groix débute il y a bien longtemps
puisqu’il est signalé dès 1555 (Belon). Il y était encore bien représenté en 1636 mais ne fut plus revu ensuite. Les seules données que nous possédons depuis ces temps reculés concernent des individus observés en 1971, 1972 et 1976, notamment, en vol aux Grands Sables.

Nous pouvons penser que les quatre individus actuellement sur l’île viennent de Belle-Ile.

C’est en effet le lieu le plus proche où existe une population relativement importante de craves. L’importance de cette population pourrait expliquer le départ de certains oiseaux pour de nouveaux territoires. De plus leur comportement peu farouche, particulièrement remarquable en août, peut indiquer une certaine familiarité vis-à-vis des humains, et donc une provenance d’un site fréquenté comme l’est Belle-Ile. Même s’il est encore bien tôt pour parler réellement de population groisillonne pour le crave à bec rouge, nous pouvons cependant espérer voir un ou deux couples s’installer durablement sur notre île. Les conditions pour leur reproduction sont en effet réunies sur Groix : falaises abruptes, grottes et pelouses littorales rases existent bel et bien ici.

Cependant il est indispensable qu’une mosaïque de milieux différents soit maintenue pour permettre à cette espèce de trouver des sites d’alimentation favorables toute l’année.

Les travaux de gestion des landes dans le cadre de Natura 2000, gyrobroyage et fauche, ne seront que bénéfiques : nous devrions aboutir ainsi à recréer cette mosaïque de milieux indispensable à l’alimentation et à l’installation de cet oiseau à Groix.

Bibliographie :

P. Géroudet 1980 : Les passereaux, tome 1 - Du coucou aux corvidés -
Delachaux et Niestlé p 224-228.
C. Kerbiriou & I. Le Viol 1999 : le Crave à bec rouge en Bretagne - Ar Vran
vol 10 n°1, p2-18.
C Kerbiriou 2001 : Originalité de la population bretonne de Crave à bec rouge dans un contexte européen

Projets

Un projet devrait aboutir cette année avec la rédaction de différentes
plaquettes concernant l’environnement groisillon : nous allons éditer des livrets sur la géologie, les oiseaux de l’île, les plantes, mais aussi les papillons de jour et les fougères. Elles seront à destination du grand public.

Nous allons travailler cet hiver sur l’élaboration d’un document pédagogique sur la géologie de Groix destiné aux lycéens de première et de Terminale S.

Nous espérons pouvoir vous présenter cet été une exposition sur l’histoire du massif armoricain.

Fin 2005, nous devrons réviser le plan de gestion de la Réserve Naturelle pour les cinq années suivantes. Il faudra alors redéfinir les objectifs de la Réserve et établir un plan de travail pour réaliser ces objectifs.

Enfin, nous allons construire sous l’escalier extérieur de la Maison de la Réserve, un petit cabanon en bois afin d’y ranger notre matériel encombrant (poteaux, tablettes métal planches etc...). Cela permettra de dégager la corne de brume.

L’équipe de la réserve vous souhaite une bonne année 2005

Michel BALLEVRE : conservateur (Professeur de géologie à l’université de Rennes 1) Annie RIO : adjointe du conservateur (administratrice de Bretagne vivante SEPNB) Catherine ROBERT : garde animatrice
Frédéric LE CORNOUX : animateur garde technicien

Cet été, des bénévoles nous ont aidés à mener à bien nos missions :
Ernest LE BOUENEC : animateur en juillet
David LAZIN : animateur en août
Nous les remercions ainsi que tous les groisillons qui nous aident
ponctuellement ou qui nous témoignent leur sympathie.

E-Mail : reserve-naturelle-groix@bretagne-vivante.asso.fr
Adresse : BP 18 56590 Ile de Groix Tel/fax : 02 97 86 55 97

Mise en page et rédaction de la Lettre de la Réserve : Frédéric Le Cornoux
Relecture : C. Robert, A. Rio, M. Ballévre, A. Thomas

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