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EN AOUT, L’ILE DE GROIX S’OUVRE SUR CUBA

mardi 7 août 2007, par Admin

Le portrait de la saison

JEAN-LUC BLAIN, DIRECTEUR DU FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM INSULAIRE DE GROIX

"Parfois, certains débarquant sur une île, se sentent rapidement prisonniers et n’ont qu’une envie, repartir au plus vite ; pour moi, c’est exactement l’inverse". C’est ainsi que Jean-Luc Blain définit son choix de vie. Bien ancré à son île, les cheveux chargés de sel et en bataille, la voix rauque et majestueuse, l’un des initiateurs et Directeur du FIFIG ou Festival International du Film Insulaire de Groix nous accueille souriant au café "Chez Soaz" devant l’embarcadère à Port Tudy.

Enfant, ce Breton, originaire de Ploërmel, apprend vite les joies de la navigation grâce à Jeunesse et Marine. C’est ainsi qu’il échoue à Groix, son "point fixe depuis 35 ans" par affection : "J’aime cette île, je me sens îlien. Aller en face, ça me coûte". Les îles sont sa passion : sur le globe, son navire a accosté sur plusieurs d’entre elles : les Marquises, Bornéo, Sri Lanka, les Antilles, Cuba…

Tout commence en 1974. Alors producteur de radio, entré à France Inter aux côtés de José Arthur, il crée "Radio Djembo" aux Antilles, puis Radio Mayenne en 1980, enchaîne avec une émission sur les droits de l’Homme "Passerelles" pour laquelle il parcourt le monde et ses points chauds : Afghanistan, Irlande, Ouvéa… Puis, dès la fin des années 80, il bascule vers la télévision : réalisateur pour l’émission "52 sur la Une", il s’agrippe au grand reportage et devient professeur au CFJ, Centre de Formation des Journalistes à Paris. Mais la vie de bourlingueur lui manque vite : il part sur son bateau "un deux mâts de 15 mètres" avec femme et enfant pendant 5 ans.

Il court, il court le Captain…

Son escale aux Marquises marquera son itinéraire : créateur de "Radio Marquises", il y forme animateurs et journalistes locaux, fidèle à son besoin de transmettre son goût pour l’information. A la barre du Festival International du Film Insulaire depuis sa création, Jean-Luc, le "Captain" comme on le surnomme souvent sur Groix, a la moustache qui frémit de plaisir quand il s’en souvient :
"En 2002 et 2003, on a mis en place autour du festival, "la Radio des Iles", afin que Groix soit vraiment l’ambassade des îles… Radio France nous avait prêté du matériel. On organisait huit heures de direct chaque jour. En plein air. Un travail de titan." Là, réside le mystère radiophonique : "Tu peux créer des images bien plus fortes avec la radio qu’avec l’image elle-même. Imaginer le son, c’est un métier fascinant !"

Halte à "L’ancre de marine"

Au comptoir : des loups de mers, des vieux copains. Ici, on se retrouve pour discuter du temps, des nouvelles de la pêche, de l’île… "Jean-Luc ? un vieil ami, ici tout le monde le connaît. C’est un fou. Son esprit d’initiative, son contact avec les gens ont fait que le projet de festival a abouti. Au départ, ce n’était pas du tout gagné. On lui a mis de nombreux bâtons dans les roues. Aujourd’hui, les groisillons s’impliquent" nous confie Jo Le Port, surnommé "la Mémoire de l’île". Ce marin reconverti en bistrotier tient l’un des plus anciens troquets de Port Tudy, le "Ti-beudeff" où rescapés des plus grosses tempêtes et badauds aguerris se retrouvent l’hiver. Il fut l’un des responsables du jury du festival pendant plusieurs années : "Désormais, au mois d’août, un vent différent souffle dans les voiles…"

Le tiki, divinité polynésienne à Groix

En effet, c’est en revenant au port de Groix dans les années 2000, que Jean-Luc Blain embarque dans l’aventure du FIFIG, "unique festival qui parle des habitants des îles", dont l’idée venait d’être lancée. Pour lui, "l’objectif, c’est de naviguer vers d’autres îles, ouvrir nos écoutilles sur de nouveaux horizons et ce, à travers les images". En 2001, Cap sur les Marquises. Jean-Luc Blain y marque l’île d’un sceau particulier en faisant venir Lucien Kinitété, député maire à l’Assemblée Nationale de Polynésie ainsi que deux sculpteurs locaux : le plus grand Tiki en bois au monde prend ainsi racine à Port Lay. Puis s’enchaînent les destinations : Terre Neuve et Miquelon, la Réunion, Maurice, Haïti, le Cap Vert, Madagascar… A Groix, en août, on voyage…

Reste que le "captain" n’est pas seul sur le ponton : "Rien ne se ferait, s’il n’y avait le sacré équipage du festival…" : un pilier soutenu de 4 à 5 personnes présentes depuis le début et près de 130 bénévoles qui "font le festival" et pour qui Jean-Luc éprouve une grande admiration.

Ecolo avant l’heure

Militant pour les grandes causes, Jean-Luc croit en l’Homme, en sa conscience, sa sagesse : "Lors du festival, au moment de la compétition, c’est le critère humain qui nous intéresse. Je n’ai jamais été encarté politique. Je porte un regard sur l’évolution du monde et je me rends compte combien il change… C’est pourquoi, c’est passionnant de pouvoir montrer au festival des documentaires venus des quatre coins du monde. Oui, nous avons besoin d’évasion, de rêves…" précise-t-il. "La voie du Festival ? voler vers d’autres bouts d’histoires d’îles." Cette année, cap sur Cuba : "Parce qu’il existe une richesse cinématographique méconnue invraisemblable !" ; Dix-huit films en compétition, plus de soixante autres projets dans trois salles différentes mais aussi installations sur rideaux d’eau, débats, spectacles, projections sur écran géant… Un programme bien amarré pour Port Lay, le plus petit port de Bretagne…

CHRISTEL AMBROSELLI dans "Lichen" Ecologie et social en Bretagne
 http://lesvertsbretagne.org/article...