Accueil > ARTS, CULTURE & SPECTACLES > Le Biche > Bulletin d’information Janvier 2007

Bulletin d’information Janvier 2007

samedi 20 janvier 2007, par Admin

2006, troisième année d’existence de notre association, s’achève sur un bilan positif. Biche est à Lorient, les travaux doivent commencer dans l’année à venir, pour peu que nous sachions convaincre quelques généreux donateurs.

Pour tous nos supporters et adhérents fidèles, mais aussi pour ceux qui suivent le projet d’un peu loin en attendant de "voir ce que cela donne", nous gardons le cap, envers et contre l’avis de ceux qui pensent que "c’est trop tard", que "c’est le passé", que "ce n’est plus à la mode".
Nous gardons le cap parce que notre intime conviction sur la nécessité de la renaissance de Biche est partagée par de nombreuses personnalités du monde professionnel maritime. Non, les Amis du Biche ne sont pas de doux rêveurs nostalgiques. Si c’était le cas, nous aurions depuis longtemps baissé les bras devant la complexité du nœud gordien administratif qui ’il a fallu dénouer pour libérer Biche de ces funestes entraves.

En ce début d’année 2007, il ne me paraît pas inutile de vous proposer une nouvelle justification de notre projet. Les arguments positifs sont nombreux ; Biche est unique, un concentré de savoir faire et d’histoire maritime qui symbolise un age d’or économique né d’une dynamique sociale originale.Sa reconstruction pérennise l’art des charpentiers de marine, et représente localement un chantier non négligeable en termes d’emploi, de retombées économiques et touristiques. L’argument négatif majeur avancé par ses détracteurs est le coût de sa reconstruction.

Il faut dépasser l’aspect factuel, par nature superficiel et anecdotique, pour comprendre ce qui peut motiver les Amis du Biche. Une tentative d’explication se trouve paradoxalement dans notre vie au quotidien ; A l’orée du siècle le plus virtuel que l’humanité ait jamais connu, le concret revêt une nécessité teintée d’urgence ; Un photographie, une thèse, un enregistrement ne révèleront jamais comme l’objet original le grain du bois, la courbe du livet et la fuite de l’eau du pont vers les dalots.
Parce que l’avenir inquiète par sa dimension d’inconnu, le passé rassure pour ce qu’il a de tangible. Il y a dans l’oubli du passé comme une menace dont on pressent le danger. Sans verser dans la nostalgie, savoir d’où on vient est un tremplin pour l’avenir. Sans vouloir jouer les cassandre non plus, on peut se demander s’il est bon que les métiers de la mer soient aujourd’hui tellement assistés par des aides à la navigation que des marins professionnels en perdent… le sens marin. Il ne s’agit pas d’une accusation sélective, on constate aussi que beaucoup de paysans ont perdu le sens de la terre en empoisonnant les bassins versant et le littoral au nom de la productivité à cour terme.

Quel que soit notre environnement quotidien, notre qualité de vie souffre de l’absence du contact direct avec les éléments. C’est face à eux que l’homme prend la mesure de ses dimensions. Naviguer un jour à bord de Biche, c’est une occasion inespérée de trouver des réponses aux questions d’avenir ; Comprendre ce que vivaient nos aïeux, saisir une part de leur immense savoir, réaliser de quelle manière leur parfaite connaissance du milieu leur a fait construire des outils parfaits, mais aussi s’apercevoir que l’accélération des progrès techniques les a fait dévier d’un mode de vie qu’on nommerai aujourd’hui "développement durable". Les derniers thoniers mixtes à voile et moteur conçus à l’époque des premiers krachs pétroliers ont cruellement prouvé qu’on ne crée pas de bons outils sans la connaissance des anciens.

Voilà ce que recèle la silhouette d’oiseau fatigué de notre fier thonier ; Un formidable outil de compréhension du monde moderne. S’investir dans la restauration de Biche, c’est prendre le temps de créer sans répéter les erreurs du passé, et se projeter dans un avenir ou le long terme reprend ses droits.

Que 2007 soit une année bénéfique pour chacun d’entre vous, bon vent à tous, et à bientôt…

AR