La Passagère, Blanche-Neige et les 7 nains

C’était un jour de Malardig sur l’île de Groix (Malardig ? : Le fameux carnaval grek au mois de février !).
Une troupe joyeuse venue du continent avait investi la Passagère afin de fêter dignement l’évènement. Ils étaient huit : un grand barbu costaud d’une cinquantaine d’années (non,non, pas celui du canapé), sa compagne et six gars plus jeunes (environ la trentaine). Pressés de s’habiller pour aller faire la fête, ils avaient grimpé jusqu’à leurs chambres. Lorsqu’ils redescendirent, ils étaient méconnaissables... Enfin presque... Le grand costaud était devenu une superbe Blanche-Neige barbue. Les sept autres, grimés en nains, avaient également fière allure. Et les voilà partis pour le défilé.
Tard dans la nuit (ou très tôt le matin), ils commencèrent à rentrer les uns après les autres, avec le pas un peu lourd du nain qui a trimé toute la nuit dans la mine. Plus tard encore, dans un demi-sommeil, j’entendis siffler. C’était l’air joyeux que chantaient les nains en partant travailler : "Siffler en travaillant..." (vous le connaissez je pense). Je me levai pour aller voir à la fenêtre : éclairé par un réverbère, un nain arpentait à grands pas le jardin tout en sifflant comme un furieux. J’étais un peu perplexe : comptait-il siffler ainsi jusqu’au matin ?
-" Qu’est-ce qu’il se passe ?" marmonna Guéna d’une voix ensommeillée.
-" Il y a un nain qui siffle dans le jardin."
-" Un nain ? Mais quel nain ?" grommela-t-il avant de se rendormir.
-" Simplet je pense..."
A présent, Simplet déchaîné bombardait les volets avec des petits cailloux. Puis il se mit à gémir d’une voix pâteuse :" c’est moi Franck... Je suis enfermé dehors..."
C’était donc ça ! On descendit ouvrir à Franck Simplet frigorifié. Il nous expliqua plus tard au petit déjeuner que siffler l’air des nains partant travailler à la mine lui avait semblé une évidence pour réveiller ses compagnons rentrés avec les clefs. Ainsi ceux-ci comprendraient qu’un des leurs était resté dehors. Hélas ! Le rude labeur de la mine les avait épuisés et rendus sourds aux subtilités de leur compagnon d’armes.
Elizabeth Mahé