La colère gronde
contre « les folies démesurées » du surtourisme
extraits d’un article du jour paru dans Libération. On s’y croirait !!
Le mouvement contre le tourisme de masse s’amplifie ; la colère est nourrie par la pénurie de logements, les bas salaires et les menaces sur l’environnement.
« Ce n’est pas du tourisme, c’est une colonisation », « Et nous, où allons-nous partir ? » Les slogans visent tous les problèmes : le logement de plus en plus cher, les espaces naturels envahis, les infrastructures qui craquent, les ressources naturelles qui s’épuisent… « Cette mobilisation est historique, elle sonne le réveil des consciences longtemps amorphes. Les gens n’en peuvent plus car tout est désormais rentabilisable, au plus offrant. Comme s’il fallait se prosterner devant le dieu Tourisme »
Nous les jeunes, aujourd’hui, on doit choisir entre émigrer ou se contenter de jobs sans qualification et mal payés dans un hôtel ou un restaurant. On n’a pas cessé de porter des plateaux pour les puissants. On n’a pas cessé d’être des esclaves. Va-t-on rompre avec cette fatalité ? C’est ça qui en est jeu aujourd’hui ».
Dans ce contexte déjà surchargé, chaque nouvelle vague de touristes – ou, plus récemment, de « digital nomads » venus télétravailler au soleil – accentue les ravages sur le marché résidentiel. Si la crise du tourisme explose aujourd’hui, c’est précisément parce que les logements à destination des vacanciers se multiplient comme des petits pains, de manière visiblement incontrôlée.
Poser des limites : le diagnostic est désormais largement partagé. « Continuer à mesurer le succès du tourisme en termes quantitatifs est une irresponsabilité ». Si les concentrations de visiteurs sont telles que les Canariens n’ont plus droit de cité, dites-moi quel est l’intérêt de venir ici, sans gastronomie, sans artisanat, sans art de vivre local ? » Une liste à laquelle le documentariste Felipe Ravina ajoute la préservation du patrimoine naturel, lui aussi sous pression.
Les autorités politiques semblent, elles aussi, avoir pris conscience du péril que constitue le sentiment généralisé de mal-être et de colère. Le gouvernement prépare ainsi un projet de loi pour limiter les usages touristiques. « La difficulté, c’est que ce type d’appartements s’infiltre partout, parfois en marge de la légalité". Les mairies doivent exercer ce rôle de contrôle.
« Pendant longtemps, on nous disait « Soyez aimables avec les touristes », et on n’a rien contre eux ! Mais sur mon île, je ne suis plus chez moi. Un logement touristique m’a viré de mon appart. »
F. Musseau, Libération 9/07.24